En Italie, le décret du 11 mars, qui renforce les mesures pour contenir la propagation de l’épidémie de coronavirus, ordonne la fermeture, entre autres, de tous les restaurants jusqu’au 25 mars, y compris la livraison de plats à domicile. Ce décret fait suite au décret du 8 mars qui avait instauré un couvre-feu à partir de 18h en Lombardie et dans plusieurs provinces du Veneto, d’Emilie Romagne et du Piémont. Celui-ci avait été étendu à tout le pays par le décret du 9 mars appelé #IoRestoaCasa (#JeResteàlaMaison). Avant cela, le chiffre d’affaires du secteur de la restauration était déjà en baisse de 30 % du fait du coup de frein sur le tourisme et de la mise en quarantaine de certaines communes du nord du pays. Résultat, les commandes de tous les grossistes servant la restauration, qui étaient déjà ralenties depuis la mi-février, sont à l’arrêt total depuis la semaine 11. Pour des raisons réglementaires, il est trop tard pour congeler la viande fraîche polonaise déjà en Italie qui était prête à être commercialisée. Cette viande est donc actuellement bradée dans les autres circuits.
Report de consommation sur les achats des ménages
Les restaurants étant fermés et les familles italiennes devant rester à domicile jusqu’au 3 avril en raison de la fermeture des écoles et des universités, les achats en GMS et en boucherie sont en hausse. Mais les premiers chiffres ne permettent pas de faire la part entre la constitution de stocks de précaution et la consommation réelle. Ce report sur la consommation à domicile devrait bénéficier à la viande issue de broutards français engraissés en Italie qui constitue le gros des volumes en grande distribution ainsi qu’aux viandes françaises et irlandaises qui complètent généralement cette offre. Mais les viandes d’autres origines, comme la viande polonaise commercialisée principalement en RHD, risquent de se retrouver bradées ce qui pourrait provoquer une pression générale sur les prix.
Pas de cotation à Modène
Le pays étant à l’arrêt, cela fait 3 semaines que la bourse de Modène n’a pas publié de cotations. Les dernières en date remontent à la semaine du 11 au 17 février. La baisse saisonnière sur les mâles de races françaises était alors bien amorcée, mais les cotations restaient à de bons niveaux : 2,69 €/kg vif pour les mâles charolais de 700-750 kg (+1 % par rapport à 2019 ; -1 % vis-à-vis de 2018) et 2,83 pour le JB limousin (+1 % par rapport à 2019 et 2018). Les cotations des mâles croisés italiens restaient très en dessous des niveaux atteints les années précédentes, à 2,39 €/kg vif pour le croisé national de 1ère catégorie (-5 % vis-à-vis de 2019 et -8 % comparé à 2018). Celles des femelles étaient stables à des niveaux également plus bas que l’an dernier : 2,59 €/kg (-2 % par rapport à 2019 et 2018) pour la Charolaise et 2,89 €/kg pour la Limousine.
La Pologne privée du débouché italien
La Pologne exporte près de 85 % de la viande bovine qu’elle produit et l’Italie constitue la première destination de cette viande, avec 21 % des volumes exportés. La viande polonaise sur le marché italien est avant tout destinée au marché de la restauration hors domicile et secondairement à celui de la transformation. Quelques bouchers low cost s’approvisionnent en viande polonaise ainsi que de rares petites chaînes de supermarchés dans le sud du pays. La fermeture des restaurants en Italie du 10 mars au 25 mars prive donc cette viande de son principal débouché. Il devrait en résulter des retards d’abattages importants et sans doute de la congélation en Pologne.
Les cotations polonaises des JB arrêtées au 8 mars avaient déjà perdu 5 centimes en 2 semaines pour tomber 5 % sous leur niveau de 2019, à 2,94 €/kg pour le JB O et 3,02 €/kg pour le JB R.
Une pression un peu moindre en Allemagne
UE : la consommation affectée à moyen terme