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L’industrie alimentaire est indispensable mais subit aussi la crise sanitaire

L’industrie alimentaire belge est durement touchée par la crise du coronavirus. Les entreprises alimentaires et leurs équipes restent néanmoins à leur poste afin de s’assurer que tout le monde ait tous les jours de quoi manger et boire. Fevia, la fédération de l’industrie alimentaire belge, appelle tout le monde à soutenir et à remercier ces « Food Heroes ». Bart Buysse, CEO de Fevia, donne un aperçu des coulisses de l’industrie alimentaire depuis le début de la crise du coronavirus.

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«  Notre secteur est d’une importance essentielle pour l’approvisionnement alimentaire. Nos entreprises doivent donc être en mesure de rester opérationnelles. Pour cela, nous avons besoin de gens. Nous devons les encourager à continuer à travailler. À côté de la santé et de la sécurité, nous devons veiller ensemble à ce que chacun puisse continuer à bien manger et boire. Qui ne pourrait être reconnaissant pour cela ? », explique Bart Buysse, CEO de Fevia.

Dans ce sens, #FoodHeroes est un vrai succès. « Et nous allons encore booster l’initiative ! De nombreux citoyens et entreprises ont répondu à l’appel et ont massivement partagé des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux. Pas moins de 17 ministres ont exprimé leur soutien à nos héros. Nous sommes très reconnaissants pour le soutien qu’ils reçoivent et nous sommes très fiers de notre secteur et de ses nombreux atouts et talents ».

Problèmes de personnel et de production

Néanmoins, les entreprises et les employés des entreprises alimentaires ressentent également l’impact du virus et les mesures d’urgence renforcées. « Plus de 60 % des entreprises comptent plus d’absents parmi le personnel et, de ce fait, près de quatre sur dix sont confrontées à des problèmes de production. Dans le même temps, elles sont confrontées à une forte augmentation des dépenses, en raison du coût croissant de l’incapacité de travail et de toutes les dépenses supplémentaires. On peut aussi ajouter à cela les défis qu’elles doivent relever pour faire face à la crise du coronavirus, souvent en plus d’une perte de chiffre d’affaires due à la baisse des exportations et à l’arrêt des secteurs de l’horeca et de la restauration ».

Défi majeur : le lien avec les fournisseurs, sous-traitants…

En effet, dans les semaines et mois à venir, la chaîne alimentaire va être confrontée à un défi majeur : « Les entreprises alimentaires doivent veiller à ce que la production continue de tourner et que leurs produits continuent d’arriver dans les rayons des magasins. Mais elles dépendent également de nombreux fournisseurs, sous-traitants et prestataires de services, notamment pour les emballages, le nettoyage, les pièces détachées, le transport et la logistique. En bref, la chaîne ne peut se passer de son personnel et de ses partenaires ».

Elles doivent également pouvoir compter sur suffisamment de matières premières à terme afin de continuer à produire des produits alimentaires. « En attendant, nos entreprises alimentaires continuent de travailler 24/7 ! Cela nous permet de continuer à reconstituer les stocks de nourriture et à fournir suffisamment de nourriture et de boissons pendant la crise du coronavirus. C’est rassurant », précise le CEO.

Malgré le fait que les entreprises alimentaires soient indispensables dans le contexte actuel, le secteur est en grande partie composé de PME et nombreuses sont celles éprouvant des difficultés. « Fevia porte à l’attention du gouvernement les signaux qu’elle reçoit de ses membres, également par le biais de ses 27 secteurs, afin qu’il en tienne compte. Elle participe au groupe de travail qui élabore et ajuste en permanence un plan d’approvisionnement alimentaire. Fevia est également représentée au sein des groupes de travail pareils au niveau régional. De cette manière, nous essayons d’apporter le soutien nécessaire au secteur afin qu’il puisse continuer à tourner et à traverser cette crise le mieux possible ».

Les mesures du Gouvernement

La reconnaissance du secteur agroalimentaire comme un secteur essentiel a été une première étape importante. « De nombreuses mesures ont déjà été prises au niveau fédéral et régional pour soutenir nos entrepreneurs et leurs employés : l’accueil des enfants (également pendant les vacances de Pâques), le report du paiement à l’ONSS, du précompte professionnel et de la TVA, le chômage temporaire, une prime de nuisance pour les entreprises et les commerces qui se voient contraints de fermer et la prime de compensation flamande pour les entreprises qui subissent de lourdes pertes de chiffre d’affaires, la clarification concernant la poursuite des promotions en cours ou prévues dans le commerce, le fait de remédier à la pénurie d’équipements de protection individuelle pour les prestataires de soins et pour les travailleurs des entreprises et institutions des secteurs essentiels, y compris le secteur alimentaire, la prolongation du permis de travail pour les migrants économiques en Flandre… Et nous attendons encore une série de mesures pour aider nos entreprises à trouver des travailleurs supplémentaires et encourager leurs employés à rester en activité ».

Les priorités ? : le personnel et la responsabilité individuelle

Pour le CEO, une priorité majeure reste donc de maintenir un nombre suffisant de personnel disponible et motivé. « Par ailleurs, il est important que chacun, au sein de la chaîne, prenne ses responsabilités et soit conscient que ce que l’on fait en tant que maillon individuel a des conséquences indéniables sur l’ensemble des autres maillons. Pas de tromperie ni de pratiques commerciales déloyales mais l’exécution correcte des contrats et des accords conclus, le paiement correct des factures – voilà le message. Sinon, on provoque un effet domino, avec d’énormes conséquences économiques. De plus, il s’agit de la meilleure garantie pour chacun de traverser cette crise le mieux possible ».

Enfin, la coordination au niveau sectoriel et intersectoriel, mais aussi au niveau de la politique fédérale et régionale reste primordiale. « Si nous collaborons bien, nous pouvons limiter l’impact de cette crise autant que possible. Aujourd’hui, l’accent est mis principalement sur la gestion de la crise, mais dans les jours et les semaines à venir, nous allons devoir nous tourner à nouveau vers l’avenir et jeter les bases de la reprise économique car là aussi, nos entreprises, petites et grandes, vont encore être confrontées à une période difficile ».

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