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Fairebel Viande fait son entrée dans le sillage de la voie lactée!

Dix ans après la création de la coopérative Faircoop, la gamme des produits laitiers vendus sous la marque Fairebel s’est fait un nom tout en innovant constamment. Le train de l’équitable belge est lancé et fait aujourd’hui partie du paysage. Le moment est venu d’y atteler le wagon Fairebel Viande. Nous avons rencontré Yves-Marie Desbruyères et Thibaut Desmet. Ils nous éclairent sur cet ambitieux projet ouvert à tous les éleveurs dans une dynamique solidaire pour l’avenir du secteur !

Temps de lecture : 11 min

Fondée en 2009, dans le sillage de la crise et de la grève du lait qui ont marqué fortement les esprits, la société coopérative Faircoop, gestionnaire de la marque équitable Fairebel avec sa gamme toujours plus variés de produits laitiers, engage une nouvelle étape dans son histoire et sa lutte pour une rémunération équitable des exploitants agricoles via la reprise en mains de la destinée de leurs productions !

Cette nouvelle étape, initiée par le conseil d’administration de Faircoop, consiste en une ouverture de Fairebel à d’autres secteurs majeurs fragilisés de notre agriculture, à savoir ceux de la viande bovine (et aussi des fruits), avec une commercialisation directe dans la grande distribution.

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« Pour les éleveurs de bétail viandeux, cette main tendue est une vraie opportunité. Elle permet de s’appuyer d’emblée sur une marque qui a essuyé tous les plâtres et jouit après 10 ans d’une notoriété forte et s’est imposée dans la grande distribution. Pour Faircoop, l’ouverture à la viande et aux fruits de qualité produits localement constitue aussi un atout, car elle permet d’imprimer davantage encore la marque équitable des agriculteurs sur l’étal des grandes surfaces et sous les yeux des consommateurs », assure Yves-Marie Desbruyères, éleveur de BBB à Melles.

Thibaut Desmet, éleveur à Thorembais-St-Trond, renchérit : « Fairebel est une locomotive qui à force de ténacité a mis les produits laitiers sur de bons rails. La viande est un nouveau wagon qui reçoit la chance de venir s’y atteler. Cette synergie va donner pour la première fois à la viande, toutes races bovines confondues, une marque Fairebel Viande (pas un label !) que le consommateur pourra identifier comme celle qui garantit une rémunération équitable à l’éleveur belge. »

Une vraie source d’espoir !

L’initiative dont il est question ici résulte d’un constat alarmant. Yves-Marie Desbruyères s’est penché sur l’évolution des prix de vente de la viande au cours des 30 dernières années : « Si la monnaie a changé, les prix de vente de la viande n’ont pas évolué : 210 Fb/kg de carcasse en 1990 pour les taureaux, contre 5,40 € par kg de carcasse en 2020, cherchez la différence ! Par contre, nos coûts de production ont augmenté de 30 %. »

Et encore, poursuit Yves-Marie, « les prix de vente ont souvent été beaucoup plus bas pendant toute cette période en raison des multiples crises qu’à traversées le secteur (hormones, dioxine, ESB…). À l’origine de chaque crise, on retrouve l’industrie et ce sont les éleveurs qui subissent ! »

Outre les prix, les effectifs humains et le cheptel de l’élevage en Belgique sont en mode « amaigrissement » depuis 1990 : le nombre d’éleveurs s’est écroulé de 70 % pour ne plus compter que 18.000 unités en 2019 et le cheptel bovin total a régressé de quelque 30 % à 2,37 millions de têtes. Par ailleurs, la moyenne d’âge des éleveurs (58 ans) et la continuité des fermes nourrissent beaucoup d’inquiétudes.

« On condamne beaucoup l’élevage sur le thème du réchauffement climatique, mais outre les idées fausses qui fleurissent en la matière, je note que le secteur s’efface de plus en plus… tandis que les vagues de chaleur suivent la courbe inverse », pointe Yves-Marie en guise de boutade.

Nos deux hôtes lancent un cri d’alarme. Le secteur de l’agro-alimentaire doit prendre conscience de toutes ces difficultés en commençant par mettre un terme à l’utilisation de denrées alimentaires comme produits d’appel dans des campagnes de promotion. Les politiques doivent comprendre que les accords commerciaux tels que celui du Mercosur sont un non-sens. Les citoyens, la grande distribution, l’horeca doivent être sensibilisés aux produits locaux et initiatives valorisant les producteurs, l’élevage dans nos régions. « C’est une question de survie des fermes d’élevage dans le pays… et de sécurité alimentaire en cas de crises de tous ordres. »

Un avenir pour les jeunes !

Aujourd’hui, l’éleveur de bétail viandeux obtient un prix moyen de 5,20 euros par kg de carcasse (quelque 5 euros pour les vaches et 5,40 euros pour les taureaux). Or, comme le montre le calcul réalisé par Yves-Marie Desbruyères ( lire au bas de la page 4 ), pour dégager un revenu adapté au travail fourni, le prix moyen par kg de carcasse devrait s’élever à 6,23 €, vaches et taureaux confondus. « Les prix actuels sont trop bas de 20 % et ne permettent pas la reprise des jeunes dans nos campagnes. Une des solutions à cette crise de l’élevage dans nos régions est la viande équitable soutenue par la marque Fairebel Viande », soutiennent nos deux interlocuteurs.

Yves-Marie et sa fille Margot. Une image symbolique à l’heure où l’avenir des fermes d’élevage est en grand danger. «La relève n’est possible que moyennant des prix rémunérateurs! La marque Fairebel Viande fait partie des solutions!»
Yves-Marie et sa fille Margot. Une image symbolique à l’heure où l’avenir des fermes d’élevage est en grand danger. «La relève n’est possible que moyennant des prix rémunérateurs! La marque Fairebel Viande fait partie des solutions!» - M. de N.

Le prix du kg carcasse voulu est de 6,23 €

Établir les coûts de production en spéculation bovine est une gageure, pour maintes raisons : long cycle de production, variabilité selon les régions, les races, les élevages, les modes de valorisation, le montant des investissements, l’évolution des marchés, les aléas sanitaires et réglementaires…

D’où la nécessité d’établir une comptabilité d’une exploitation modèle fictive de naisseur-éleveur-engraisseur de 60 vaches allaitantes (150 animaux par unité de main-d’œuvre) s’articulant comme suit :

– l’exploitant fictif considéré produit 16.254 kg de carcasse par an ;

– ses coûts de production s’élèvent à 71.990,07 €… (/ 16.254 kg) = dépense de 4,43 €/kg de poids carcasse ;

– les aides directes compensatoires pour la vache allaitante s’élèvent à 180 € /vache allaitante (60 vaches allaitantes = 10.800 €)… (/ 16.254 kg) = une recette de 0,66 €/kg poids carcasse ;

– le revenu voulu est de 40.000 € brut, soit 1.900 € net/mois après impôts et lois sociales pour un célibataire… (/ 16.254) = une recette voulue de 2,46 €/kg de poids carcasse  ;

– sur la base de 4,43 € (coûts) – 0,66 € (aides compensatoires) = un coût final de 3,77 €/kg de poids carcasse ;

– en considérant un revenu voulu de 2,46 €/kg de poids carcasse : l e prix du poids carcasse voulu s’élève à 3,77 + 2,46 = 6,23 € (vaches et taureaux confondus).

Une viande locale, de qualité supérieure et un prix décent

La marque Fairebel pour la viande s’inscrit dans le droit fil de la filière lait. Elle réunit des éleveurs viandeux soucieux de gérer la commercialisation de leur production, leur permettant de maîtriser l’évolution du prix de vente – valorisation à un prix rémunérateur – et de favoriser ainsi la reprise de nouvelles générations. Elle ambitionne simultanément de sensibiliser les citoyens aux produits locaux, à l’élevage pratiqué dans notre pays et à une viande « la meilleure au monde, toutes races confondues » et 4 fois équitable : pour l’agriculteur, l’environnement (bovins à l’herbe, maintien des pâturages et protection du climat), le consommateur et le transformateur.

Fairebel Viande est la marque de viande de qualité qui promeut l’élevage viandeux familial belge dans toute la diversité de ses spéculations et races bovines, et ce, dans une démarche solidaire garantissant le revenu équitable des éleveurs pour leur travail!
Fairebel Viande est la marque de viande de qualité qui promeut l’élevage viandeux familial belge dans toute la diversité de ses spéculations et races bovines, et ce, dans une démarche solidaire garantissant le revenu équitable des éleveurs pour leur travail! - M. de N.

Souscrire à Faircoop – Fairebel Viande

« Adhérer au projet, souscrire à la coopérative, s’afficher éleveur viandeux coopérateur Fairbel, ce n’est pas nécessairement commercialiser ses propres animaux, mais c’est soutenir solidairement l’ensemble de la filière viande bovine belge en général, l’avenir de la profession, le prix équitable, la proximité, les conditions de bien-être animal propres à l’exploitation familiale, les valeurs et l’histoire que souligne la marque équitable ! C’est participer, au-delà des frontières communautaires, à la vie et à la promotion de la viande de tous les éleveurs et bénéficier, comme tout coopérateur, d’un bonus compensatoire – revenu supplémentaire – versé chaque année (voir ci-dessous) », soulignent Thibaut Desmet et Yves-Marie Desbruyères.

Qui peut rejoindre la coopérative Faircoop pour la marque Fairebel Viande ? C’est très simple : tous les éleveurs-naisseurs de bétail viandeux, toutes races confondues, à la tête d’une exploitation familiale comptant au moins 50 animaux et au moins 20 % de vêlages par an. Les animaux doivent naître dans l’exploitation et être élevés en prairies. Les entreprises d’engraissement, les intégrateurs n’y ont pas accès, de même que les producteurs qui sont déjà coopérateurs pour la filière Lait, car il n’est pas autorisé de cumuler les bonus compensatoires.

Concrètement, les éleveurs doivent acquérir au minimum 10 parts et peuvent monter jusqu’à un maximum de 50 parts. Chaque part vaut 100 €. Chaque année, le coopérateur peut convertir son bonus compensatoire pour augmenter ses parts, et ce, jusqu’à un maximum de 500 parts (50.000 €).

Un incitant est accordé aux premiers coopérateurs : les éleveurs qui s’inscriront et paieront avant ce 30 septembre auront accès au bonus compensatoire 2020, versé après l’assemblée générale d’avril 2021. L’inscription et paiement entre le 1er octobre et le 31 décembre 2020 donneront droit au bonus compensatoire 2021, payé après l’AG 2022.

À noter également la possibilité d’obtenir une aide de la Région wallonne pour l’acquisition de parts de capital dans une société de transformation et de commercialisation plafonnée à 2.000 €. Infos : questionsdd.dgo3@spw.wallonie.be.

Et ajoutons enfin que la participation du coopérateur au bonus compensatoire suppose en retour qu’il consacre un peu de temps à une activité de promotion-animation de la viande Fairebel en magasin ou lors d’un événement. « C’est minime : 1 jour par an pour 10 parts, jusqu’à 5 jours par an pour 500 parts, et c’est l’occasion d’aller à la rencontre et renouer le dialogue avec les consommateurs.»

Un bonus compensatoire pour les coopérateurs

Le bonus compensatoire est un montant alloué au coopérateur à la suite de la valorisation de la viande par rapport à un revenu que la coopérative juge décent.

Faircoop paie donc un bonus compensatoire à l’agriculteur coopérateur. En effet, sur chaque kg vendu en magasin par la grande distribution, la coopérative perçoit une recette de 1,22 euro qui reviendra aux coopérateurs au titre de bonus compensatoire. En fait, ces 1,22 €/kg sur le produit fini proviennent de 1 € supplémentaire pour la marque Fairebel Viande par kg de carcasse vendue (rendement carcasse : +/- 82 %).

Nos interlocuteurs donnent un exemple : Faircoop a vendu 1.000 tonnes de viande sous la marque Fairebel dans la grande distribution. Cela génère un budget de 1.220.000 € à distribuer aux membres de Faircoop Viande. Et si, par exemple, la coopérative compte 48.800 parts d’éleveurs bovins, chaque action de 100 € rapportera 25 € de bonus compensatoire.

Un exemple pour un éleveur coopérateur qui investit 5.000 euros (50 parts) : un bonus compensatoire de 25 % apporte en 1 an, un revenu de 1.250 euros, soit l’équivalent du bénéfice qu’il retirerait de la vente de 2,5 vaches (carcasse de 500 kg) fictives supplémentaires dans sa ferme à 6,23 euros le kg.

De l’élevage à la vente: un éclairage sur les étapes d’un cercle vertueux

Dans une première étape, la viande de qualité supérieure qui sera commercialisée sous la marque Fairebel Viande provient de quelque 220 éleveurs livrant à deux coopératives – En direct de mon élevage, pour la Wallonie, et Producentenorganisatie Vleesvee (POVV), en Flandre. Elle concerne des vaches, nées, élevées et ayant pâturé dans une seule et même ferme. Chaque animal est engraissé au cours des 120 derniers jours avec une même ration enrichie en lin, oméga 3, établie par le professeur Frédéric Rollin (ULiège), de manière à proposer une viande uniforme en qualité, couleur et saveur.

La viande se différencie expressément du standard (viande maigre de taureaux abattus jeunes) puisqu’elle provient de vaches BBB entre 48 et 84 mois. Cela donne à la viande, une couleur rouge profond, et du persillé pour le goût.

Les animaux sont abattus à Rochefort pour la Wallonie et Zottegem pour la Flandre. Les carcasses sont envoyées vers un atelier à Perwez pour un prédécoupage. C’est ensuite l’entreprise Q-food, basée notamment à Lokeren, qui prend en charge à Perwez les volumes de viande à transformer, selon un calendrier hebdomadaire établi en fonction de la demande des distributeurs.

Q-Food s’occupe également de l’emballage et de la livraison vers les points de distribution à travers le pays.

Huit morceaux de viande

La viande sera commercialisée dans des barquettes avec une conservation sous atmosphère garantissant une date légale de conservation de 12 à 14 jours. L’emballage de celle-ci contient volontairement 70 % de plastique en moins que les contenants classiques, le carton est de qualité « alimentaire ». La marque apposée à l’avant sera Fairebel Viande.

Sous la marque équitable Fairebel, les 8 préparations de viande proposées dans une phase de démarrage seront proposées dans des barquettes au profil environnemental particulièrement favorable avec une date légale de conservation de 12 à 14 jours.
Sous la marque équitable Fairebel, les 8 préparations de viande proposées dans une phase de démarrage seront proposées dans des barquettes au profil environnemental particulièrement favorable avec une date légale de conservation de 12 à 14 jours.

En pratique, les 8 morceaux de viande proposés dans ces barquettes assurent une grande variété : entrecôte, brochette paprika rouge, carbonade (hiver), bifsteak, bifsteak mariné (été), rumpsteak, hamburger premium, haché et encore rosbif cuit tranché. « Le BBB a été choisi parce que c’est la race «belge» (80 % des éleveurs) et pour une question de logistique dans une phase de démarrage, mais cet assortiment est ouvert aux autres types de production et aux autres races bovines, dans un développement futur », assurent nos deux interlocuteurs.

Enfin, Faircoop achète à Q-Food la viande emballée en « barquettes » et la vend aux grandes surfaces pour un prix équitable. Des discussions sont en cours avec Delhaize, Colruyt, Carrefour, Spar, Cora, Aldi...

Faircoop, ses objectifs et sa philosophie

L‘objectif de la coopérative, qui compte aujourd’hui trois conseils de filière – lait, viande et fruits – est de dépasser le stade de la production pour vendre directement aux grandes surfaces des produits laitiers, fruits et la viande sous une marque propre Fairebel (FAIR signifie équitable et BEL signe les racines belges) appartenant au monde agricole, garantissant une rémunération correcte de tous les acteurs de la chaîne.

Concrètement, la coopérative se limite à la gestion de la logistique, du marketing et des négociations avec les acheteurs. La transformation se fait par des acteurs existants.

Fairebel a vu le jour au début 2010 et regroupe déjà un nombre important d’agriculteurs et consommateurs de toute la Belgique. La coopérative est en effet ouverte aux consommateurs depuis octobre 2015. Ceux-ci peuvent acquérir des parts spécifiques leur donnant le droit de participer aux grandes décisions et à un dividende attribué sous la forme de bons d’achat de produits à échanger au magasin.

Plus d’informations

Davantage d’informations sur la marque et le projet Fairebel Viande : desbruyeres.yves-marie@faircoop.be ; Desmet.thibaut@faircoop.be ; timmerman.dries@faircoop.be ; site web Fairebel. Par ailleurs, diverses réunions d’information sont actuellement organisées sur ce thème dans toutes les régions.

M. de N.

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