AgroNuts : lancement d’une filière noisette en Wallonie
Originaire d’Asie mineure, le noisetier se retrouve couramment dans nos jardins et nos campagnes. Il pousse spontanément sans nécessiter une intervention de l’homme. En Belgique, il est nettement plus rare de le voir cultivé sous forme de verger… C’est pourtant le projet de Benoît et Mélanie Genin de Sart-Saint Laurent (Namur) qui ont décidé depuis peu de lancer une filière belge de la noisette.
Il y a très peu de plantations de noisetiers en région wallonne (1,93 ha répertorié en 2019). Les propriétaires de ces parcelles arrivent pourtant à obtenir un rendement régulier. Leurs productions sont principalement orientées vers la vente directe (fruits en coque).
La noisette, un produit exceptionnel
La noisette est pourtant bien présente dans nos habitudes alimentaires : pâtes à tartiner, pralines, tablettes énergisantes, barre de chocolats… Mais on le trouve aussi en vrac au plus grand plaisir des grignoteurs et grignoteuses, un excellent en-cas ! Outre le plaisir gustatif, c’est un fruit qui présente aussi de nombreux bienfaits sur notre santé. L’amandon de la noisette (graine débarrassée de son écale et de sa coque) a un haut pouvoir énergétique et une forte teneur en huile.
La noisette est également riche en fibres, minéraux et vitamines B6, C et E. Avec un bon taux de protéines, les noisettes sont aussi un atout dans un contexte de consommation raisonnée de viande. Son huile est de très bonne qualité avec 90 % de ses acides gras qui sont insaturés (principalement des acides oléiques et linoléiques). Pas étonnant donc que sa consommation augmente !
Le début d’une filière
La plupart des noisettes que nous consommons sont importées de Turquie, d’Italie et d’Espagne.
Si l’idée initiale de Benoît et de Mélanie était d’offrir un parcours agrémenté aux poulets Bio en engraissement en plantant des noisetiers, très vite ils se sont pris de passion pour la culture et pourquoi pas fournir le marché local.
« Après de nombreuses rencontres et visites sur le terrain (Turquie, France et Italie), on s’est aperçu qu’avec 4 ha de noisetiers pour le parcours des volailles, nous ne pouvions en assurer la rentabilité dans le cas où nous souhaitions faire de la transformation. Nous sommes arrivés à la conclusion que nous devions planter 20 ha ! » indique Benoît Génin.
Ce qui fut fait durant l’automne 2021 grâce aussi à l’accompagnement et les conseils de Pierre-Olivier Bonhomme, bio-ingénieur, spécialisé dans la plantation d’arbres et arbustes. Un sacré pari mais rassuré par la littérature et les agronomes français et italien qu’ils ont rencontrés et qui ont confirmé que des vergers de noisetiers seraient productifs en Wallonie.
AgroNuts, un service en plusieurs étapes
Pas question cependant de lancer les investisseurs sans un encadrement de qualité. Chaque demande de projet sera étudiée et analysée tant sur l’aspect économique que sur l’aspect agronomique.
Car le noisetier a besoin d’un sol profond et sain pour se développer. Il faut éviter les sols mal drainés ou trop lourds ou les sols à mauvaise réserve en eau (sols superficiels ou trop drainant). Bien que le noisetier résiste bien au froid, des gelées tardives sous les -4ºc diminuent la production de fruits.
Pour les parcelles exposées, il convient par exemple de protéger le verger des vents du nord en implantant une haie.
Benoît Génin : « Nous pouvons réaliser une visite pour analyser la situation des parcelles et effectuer un sondage pédologique du sol qui permettra de déterminer si des noisetiers pourront se développer et produire des fruits. Nous fournirons par la suite une analyse financière personnalisée pour une meilleure idée de la rentabilité du projet du demandeur. En créant AgroNuts, je souhaitais renforcer ce service. »
La deuxième étape consistera à choisir les variétés, d’autant plus important que le noisetier est auto-incompatible. Il faut donc associer à la variété principale deux ou trois variétés pour la polliniser. L’orientation des lignes et les écartements sont à réfléchir au cas par cas pour faciliter le travail d’entretien et de récolte.
Tous les plants importés et fournis proviennent de pépiniéristes spécialisés dans la production de noisetiers et disposent tous d’un passeport phytosanitaire. Chaque variété est certifiée conforme. » précise Pierre-Olivier.
Une fois les plants choisis, il faudra travailler sur la préparation du sol de la – ou des – parcelle(s) afin de favoriser l’enracinement et éventuellement installer un système d’irrigation ou de drainage. Les noisetiers n’aiment pas l’excès ou le trop peu d’eau !
Grâce à un GPS de précision et à une planteuse tractée achetée pour l’occasion, Benoît et Pierre-Olivier peuvent réaliser des chantiers de plantations précis et rapides. La période de plantation idéale s’étend de début novembre à mi-mars.
Par la suite, l’équipe propose plusieurs opérations d’entretien (traitements éventuels, tailles, désherbage…) pour garantir une bonne production.
Et pour la suite ?
Le volume de noisettes produit devient récoltable environ 4 à 5 ans après la plantation. La récolte se réalise à l’aide de machines spécialisées. Les noisettes doivent ensuite être nettoyées puis séchées avant d’être éventuellement transformées.
« Nous pourrons réaliser la récolte grâce à nos machines. Nous proposerons également un service de traitement des noisettes (nettoyage, calibrage, décorticage, torréfaction, broyage, etc.) selon les souhaits de chacun. Le produit fini pourra donc être restitué ou nous pourrons également le racheter. Au choix du producteur » précise Benoît. Il est à noter que le projet a été Lauréat d’Agri-Innovation en 2021 et qu’il fait depuis l’objet de différents soutiens ou appuis.
Agri-Innovation (Acw)
