La plantation de vergers haute tige connaît de plus en plus de succès depuis quelques années. Un spécialiste des vergers a planté l’an dernier 5.000 arbres haute tige déclare notre hôte. L’association de la production fruitière avec le pâturage par le bétail présente pas mal d’avantages, même si elle nécessite la protection des arbres.
Le pâturage du bétail permet de contrôler l’enherbement, ce qui facilite grandement le travail de ramassage des fruits destinés à la production de jus. La présence du bétail permet aussi de lutter contre les campagnols. Le piétinement du sol par des bovins ou des ovins écrase les galeries et fait fuir ces ravageurs. De plus, en mangeant les fruits pourris, le bétail bloque le cycle de certains parasites, limitant ainsi la pression parasitaire. Les arbres quant à eux procurent de l’ombrage et augmentent le confort et le bien être des animaux. Quand les bêtes ont accès aux feuilles et aux branches, les arbres amènent un petit complément à la ration. Les arbres ont aussi un impact microclimatique en diminuant la température. Et ils influencent la production d’herbe : celle-ci est plus étalée dans le temps (pic de production moins important au printemps), ce qui limite les risques de gaspillage.
Alignements d’arbres dans les champs
L’alignement d’arbres implantés à Strée en 2010 le long d’un champ (avec du maïs lors de notre visite) est composé d’espèces diversifiées : chênes, alisiers, noyers, merisiers… Les arbres agroforestiers implantés en ligne dans les champs ont une croissance bien plus rapide que les arbres des forêts. On n’a cependant pas encore beaucoup de données sur la production de ces arbres agroforestiers car la pratique est encore récente. Mais la production est conséquente en peu d’années. Des chênes pourraient être récoltés après 50 ans tandis que des peupliers ont déjà été coupés après 14 ans. Avec cette croissance, l’élagage annuel est indispensable pour contrôler le développement des arbres et limiter la compétition avec la culture installée en bordure de l’alignement. Ce travail ne nécessite pas tellement de temps. On compte un jour de travail pour deux hommes pour élaguer 450 arbres sur 12 ha, précise notre hôte. À Strée dans la culture de maïs implantée à côté de l’alignement d’arbres, la compétition avec la culture ne dépasse pas trois lignes de maïs. Elle a aussi tendance à diminuer avec la croissance des arbres – associée à un élagage régulier — car l’ombrage est plus diffus, explique Géraud de Streel.
Quant à la compétition souterraine, elle est faible, l’enracinement n’étant pas le même. On constate aussi une augmentation de la matière organique dans les champs sur une distance de 30 mètres près des arbres. C’est dû à la chute des feuilles, mais aussi au turn over racinaire et à la mortalité des racines fines qui enrichissent le sol. Les teneurs en éléments minéraux sont également améliorées à proximité des arbres.
Enfin la bande enherbée au pied des arbres, qui sera débroussaillée avant l’élagage, participe aussi à la biodiversité en tant que réservoir. En outre elle ralentit l’eau, tout bénéfice pour réduire l’érosion.
Intérêt des haies brise-vent
Les atouts agronomiques des haies sont multiples. Parmi ceux-ci, l’effet brise-vent. Il s’exerce à une distance allant jusqu’à 12 fois la hauteur de la haie. Les haies créent aussi un microclimat favorable aux prairies et au développement herbacé et fournissent un apport de matière organique. Un essai sur l’impact des haies sur la production d’herbe est actuellement réalisé à Strée par un stagiaire français, Tanguy Thierry. La hauteur de l’herbe, la composition floristique, la biomasse ont été relevées à diverses reprises ces derniers mois dans des micro-parcelles situées à 4,10,20 et 30 m des haies. Les échantillons d’herbe récoltés sont aussi analysés pour déterminer la valeur organique et la qualité nutritionnelle des herbages. Les résultats de ces essais seront disponibles à l’automne.
Les haies peuvent aussi fournir un complément alimentaire. En France, certains agriculteurs intègrent la production des haies dans les rations. Ici, il s’agit d’apports opportunistes, observe Géraud de Streel. Ces fourrages ligneux ne sont pas intéressants au printemps, lorsque l’herbe est de qualité mais à cette époque de l’année les arbres et les haies sont beaucoup plus intéressants sur le plan nutritionnel, conclut-il.