«Le Pays de Herve, un exemple typique d’agroforesterie traditionnelle»
Depuis 2012, l’association wallonne d’agroforesterie, l’AWAF, fait la promotion de l’agroforesterie en Wallonie et à Bruxelles. Mais de quoi s’agit-il exactement et quelles sont les activités concrètes de cette asbl ? Géraud de Streel, bio-ingénieur à l’association nous éclaire à ce sujet.

Petite asbl de promotion de l’agroforesterie, l’Awaf emploie 2 bio-ingénieurs à Strée (Modave). Ne disposant pas d’un financement structurel, elle fonctionne grâce au financement de projets par la région wallonne ou l’UE (projet Interreg, projet Life…). Avant de détailler les deux projets gérés actuellement ainsi que les autres activités de l’association, attardons-nous un peu sur la définition de l’agroforesterie.
Intérêt grandissant pour l’agroforesterie
Vers une filière noix, noisette et châtaigne en Wallonie
Dans l’asbl, Camille Dumont de
Projet Agriculture Biodiversité Climat (ABC)
– Formation
L’Awaf se charge des formations des planteurs éligibles aux subventions à la plantation, tant agriculteurs que particuliers. Il peut s’agir d’initiation à l’agroforesterie, de formations techniques plus approfondies (plantation, paillage…) ou encore de formations à un public plus spécialisé comme les agents du service public. L’an dernier, l’association a touché 500 personnes lors de ses formations. Des conférences-débats et animations sont aussi réalisées dans des écoles agronomiques ou dans le cadre du PCDN. Enfin, l’Awaf mène aussi des actions de sensibilisation lors des grandes foires agricoles. Elle sera ainsi présente à la foire de Battice-Herve.
– Rédaction d’outils techniques
À côté de ce volet formation, l’association rédige des documents techniques informatifs. Un exemple : la brochure « Mahaie.be-haie si on plantait ? » (disponible en version téléchargeable sur le site de l’Awaf), vient en aide à toute personne désireuse d’implanter une haie sans savoir comment s’y prendre. Cette brochure interactive fournit pour chaque région les espèces à implanter et les schémas types de plantation en fonction des objectifs visés (haie brise-vents, antiérosive, haie favorisant la biodiversité, haie pour la production de biomasse ou de fruits…). La plantation, le matériel, l’entretien, la taille, les subsides, la législation sont aussi brièvement abordés. Il s’agit d’un document informatif mais c’est un bon mode d’emploi et une base de réflexion avant de passer à l’action, précise notre interlocuteur.
Toujours dans le but d’informer le plus grand nombre, des fiches stratégiques (par exemple, « A quoi penser quand on plante une haie ? ») et de nombreux exemples de projets réalisés en Wallonie sont aussi disponibles sur le site de l’association.
– Collaboration au programme « Yes we plant »
Dans le cadre de ce projet wallon visant à la plantation d’arbres et de haies, l’AWAF participe à la création d’une base de données mutualisée avec le CDAF et la Fédération des parcs naturels. Leur but est de lister tous les acteurs importants dans la plantation : fournisseurs de plants, de matériel, experts agroforestiers, experts en vergers. Ce fichier devrait être publié sur le site à l’automne.
Toujours dans le cadre du programme Yes we plant, l’Awaf, le centre de Michamps et le comptoir forestier collaborent à l’action « Inventori’haie ». Ce projet dont nous avons fait écho dans le Sillon du 11 août dernier vise à identifier un grand nombre de semenciers potentiels d’espèces ligneuses indigènes (arbres isolés, haies…). Il y a en effet un déficit de plants, car les plantations de haies et d’arbres connaissent un énorme succès. Comme la création de vergers à graines pour les 65 espèces de plantes de haie indigène n’est pas vraiment réalisable, une solution consiste à récolter les graines de certaines espèces sur le terrain. Les individus âgés d’espèces indigènes, génétiquement bien adaptées aux conditions environnementales, et leurs graines sont particulièrement intéressants pour des nouvelles plantations. Mais il n’est pas si facile de trouver ces semenciers potentiels car la ressource est très dispersée sur le territoire. Il faut donc repérer des haies anciennes ou des zones intéressantes du point de vue de la production de graines. C’est le but d’Inventori’haies. Toute personne connaisseuse de la nature peut signaler géographiquement des zones d’intérêt et fournir quelques informations comme les espèces présentes, les signes de taille… sur le site « observations.be » accessible via la page internet du programme « Yes we plant ».
Les données récoltées seront ensuite analysées par des structures spécialisées dans l’agroforesterie et la gestion environnementale. Les listes des zones intéressantes seront ensuite communiquées aux pépiniéristes qui pourront y récolter des graines en sachant qu’il y a de la ressource. La production de plants diversifiés d’origine wallonne devrait ainsi s’accroître dans les prochaines années.
Relais aux pouvoirs publics
Le relais des difficultés de terrain aux pouvoirs publics est encore une autre activité de l’Awaf. On sort de décennies durant lesquelles la séparation entre le milieu agricole et forestier était particulièrement importante explique Géraud de Streel. Les législations ne sont donc pas prévues pour une gestion « agroforestière ». Il faut dès lors faire évoluer la législation. La réflexion est entamée par rapport aux permis d’abattage car un permis est exigé pour abattre un arbre agroforestier alors que ce n’est pas le cas pour un abattage en forêts. La place de l’arbre doit aussi être précisée dans la législation sur le bail à ferme ajoute-t-il. Mais cela commence à changer : le terme d’agroforesterie est apparu récemment dans le code de développement territorial. Une première étape qui laisse présager d’autres changements à l’avenir.