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La hausse des coûts impacte, de l’étable à la table

L’augmentation des coûts des aliments impacte fortement les éleveurs bio et la rentabilité de leurs activités. Cela résulte, d’une part, de l’augmentation des charges et, d’autre part, de la baisse des ventes. En effet, lorsque ladite hausse est répercutée sur les prix présentés aux consommateurs, ceux-ci modifient leur comportement.

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En raison de l’essoufflement de la demande en produits bio, observé depuis juillet 2021, l’asbl Biowallonie établi un baromètre des filières bio wallonnes et ce, deux fois par an (en février et juillet). Elle a ainsi pour objectif de mieux connaître le secteur (équilibre entre l’offre et la demande, opportunités et problématiques rencontrées par les filières…) pour mieux réagir.

Tant les productions végétales (lire notre dernière édition) qu’animales sont ciblées par la démarche, dont les derniers résultats ont été dévoilés fin juillet.

Lait de vache : peu de conversion attendue

Biowallonie constate tout d’abord que peu d’éleveurs de bovins laitiers manifestent une envie de se convertir à l’agriculture bio. Par ailleurs, sur les marchés, la demande recule de 10 à 20 % et ce, pour toutes les catégories de produits transformés.

Laits bio et conventionnel se vendent à un prix similaire, ou presque. Toutefois, le prix du lait bio est nettement plus stable que le prix du lait conventionnel qui, lui, a connu de nombreuses fluctuations ces dernières années, note l’asbl.

Sur ce marché saturé, seule la laiterie Arla recherche des producteurs.

Concernant les laits de brebis et chèvre, la situation est tout autre. En effet, la demande, notamment des fromageries, est supérieure à l’offre. Néanmoins, la faiblesse de ces filières réside dans le fait qu’aucune collecte organisée n’existe. Chaque éleveur doit livrer lui-même ses clients.

Explosion de la demande en viande hachée

Du côté des bovins viandeux, une réduction de la taille des cheptels est observée. Pourtant, depuis quelque temps, l’offre demeure inférieure à la demande en ce qui concerne les vaches laitières et de réforme. Cela s’explique par une explosion de la demande en haché et autres préparations. Explosion également observée en conventionnel et qui réside, notamment, dans le fait que les familles voyant leur pouvoir d’achat diminuer se tournent davantage vers ces produits.

Dans les circuits courts, offre et demande s’équilibrent ; il est plus facile d’y écouler les beaux morceaux. Dans les circuits plus longs, les ventes enregistrent une baisse de 10 à 15 %. Biowallonie s’attend toutefois à observer un manque de bêtes grasses dans les prochains mois.

Ovins : attention à la saisonnalité

Dans la filière ovine, on observe un équilibre global entre l’offre et la demande. Cependant, la saisonnalité de la consommation a une influence sur les ventes : il faut que les agneaux soient disponibles lorsque la demande est importante, comme à Pâques. Ainsi, cette année, l’offre a été inférieure à la demande en raison de la météo défavorable. A contrario, l’offre est en léger surplus cet été.

En raison de la hausse des coûts des aliments pour animaux, le prix des agneaux a suivi la même tendance. Avec une viande locale plus chère, il faut, d’une part, que les ménages puissent suivre cette augmentation et, d’autre part, que l’agneau wallon ne soit pas concurrencé par la viande importée.

Les éleveurs sont confrontés à des coûts d’abattage et de découpe importants, ce qui impacte leur rentabilité, au regard de la quantité de viande disponible par carcasse. Un manque d’abattoir dédié est également pointé du doigt.

La situation reste difficile pour les éleveurs porcins

Les éleveurs porcins se trouvent dans une situation où l’offre est très légèrement supérieure à la demande. Biowallonie observe que l’équilibre était encore de mise au début du printemps. De ce fait, les importations de viande de porc bio sont quasi nulles.

Malgré les efforts de la filière, relancée depuis 2016, la rentabilité reste très difficile à atteindre. La hausse du coût des aliments (+38 % entre janvier 2021 et mai 2022), qui n’a pu être répercutée dans les mêmes proportions sur le prix des carcasses, explique en partie cela. Malgré tout, la qualité des carcasses doit être maintenue, une moins bonne conformation entraînant une baisse des prix.

Situation délicate pour les éleveurs avicoles

En poules pondeuses, l’engouement des producteurs, notamment en matière de poulaillers mobiles, est bien là. Ces derniers viennent d’ailleurs de créer une organisation de producteurs (lire notre édition du 21 juillet). En ce qui concerne la demande pour ce type de produits, la tendance est la même.

Biowallonie invite les consommateurs à être attentif à l’origine des œufs bio achetés. En effet, des productions françaises, vendues à un prix inférieur aux emballeurs et distributeurs, se retrouvent dans certaines grandes surfaces et ce, alors que l’offre belge est largement suffisante pour répondre à la demande. En conséquence, certains éleveurs, propriétaires de « poulaillers fixes », font le gros dos et prolongent le vide sanitaire ou écoulent leurs œufs via des casseries.

Plusieurs producteurs craignent de perdre des clients si les prix augmentent trop. Pour sa part, Biowallonie n’encourage pas les conversions mais incite les éleveurs bio à rester dans la filière et à viser l’autonomie et la production locale d’aliments.

Du côté des poulets de chair, l’offre est supérieure à la demande. La hausse des coûts de production a été répercutée sur le prix de vente (+31 % par rapport à juillet 2021). Il en résulte un recul des achats.

La situation est telle que dix éleveurs ont quitté la filière bio pour rejoindre la qualité différenciée. Des surplus sont également écoulés dans la filière conventionnelle ou transformés et écoulés auprès de collectivités.

Propos recueillis par J. Vandegoor

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