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Abattoir de Bastogne: deux repreneurs s’associent pour un investissement de 16 millions d’euros

Bernard Gotta (entreprises Bernard Gotta et Viande de Liège) et Marcel Peters (Entreprises Pegri et P&M), repreneurs de l’abattoir de Bastogne, ont présenté le 31 août leur ambitieux plan industriel de redéploiement du site industriel local de 7 hectares. Le début des travaux est prévu pour 2024. Le projet comprend notamment le doublement de la surface des étables et la modernisation de la chaîne d’abattage.

Temps de lecture : 7 min

B ernard Gotta (Liège) et Marcel Peters (Saint-Vith) ont décidé d’unir leur destinée dans la reprise de l’abattoir de Bastogne. Leur offre de reprise, soumise aux instances d’Idélux a été retenue à l’unanimité, preuve de la qualité du projet industriel défendu par les deux hommes.

Pascal François, porte-parole des repreneurs : « Ce n’est pas simplement une acquisition économique mais c’est avant out une histoire entrepreneuriale de deux acteurs qui se sont rencontrés autour d’un projet. Ceux-ci ont fait le constat qu’ils arrivaient chacun au bout des possibilités de développement de leur projet industriel dans leur région respective… Ensemble, ils ont décidé de chercher un site pour pérenniser leurs activités. C’est assez naturellement qu’ils ont été amenés à s’intéresser à l’abattoir de Bastogne. Après plusieurs visites sur place, ils ont rapidement imaginé un projet industriel solide et réaliste dans lequel ils allaient non seulement pouvoir continuer leurs activités respectives mais aussi et surtout les développer dans d’excellentes conditions, moyennant d’importants investissements.»

Des complémentarités affichées

Marcel Peters est actif dans la découpe de carcasses de bovins et de porcs (P&M) et dans l’abattage de bovins (Pegri). P&M exporte ses produits vers la grande distribution et l’Horeca en Allemagne, Luxembourg, France, Hollande (90 %) et vend également en Belgique (10 %). Pegri envoie 60 % de ses abattages pour le désossage vers sa société sœur P&M. Le reste de la production est commercialisée en Belgique, vers l’Allemagne, le Luxembourg, la France et la Hollande.

Bernard Gotta & Viande de Liège sont eux actifs dans la découpe de carcasses de bovins et de porcs. Leurs clients sont les bouchers/artisans belges mais aussi la moyenne et grande distribution nationale.

Ces deux partenaires ont donc des complémentarités. «Jouissant d’une belle réputation, ils se sont retrouvés sur un terrain philosophique commun. Ils partagent les mêmes valeurs, la même vision du métier, le même respect du client et des agriculteurs par la juste rémunération grâce à un cahier des charges précis et exigeant». Ces partenaires sont solides puisque les deux sociétés de Marcel Peeters dégagent un chiffre d’affaires opérationnel de 35, 5 millions d’euros tandis que les deux sociétés de Bernard Gotta sont à elles deux sur un chiffre d’affaires avoisinant les 70 millions d’euros.

M. François en vient ensuite au projet d’entreprise que se repose sur 4 axes :

– la création d’une société commune Pema Group et Bernard Gotta/Viande de Liège, pour y exercer les activités actuelles sur un même site. 100 % des activités développées à Liège et à Saint-Vith va migrer à Bastogne, avec tous les enjeux qu’il peut y avoir derrière ;

– l’acquisition du site de Bastogne. L’outil de Bastogne sera entièrement remis à neuf, répondant aux critères d’hygiène et de bien-être animal ;

– les enjeux de l’emploi et de la formation (enjeux) ;

– la volonté de travailler en synergie avec les éleveurs/engraisseurs locaux et supra locaux dans une logique de « circuit court ».

L’acquisition du site de Bastogne sera suivie dune remise à neuf de l’outil  afin de répondre aux critères d’hygiène et de bien-être animal.
L’acquisition du site de Bastogne sera suivie dune remise à neuf de l’outil afin de répondre aux critères d’hygiène et de bien-être animal.

16 millions investis pour 100 millions de CA

Avec un tel projet, les repreneurs ont déposé 16 millions d’euros tout investissement confondu. Le Plan financier est envisagé sur une durée de 15 ans (2022 à 2036 inclus). Le plan financier de toute l’activité regroupée postule au démarrage un chiffre d’affaires prudent de 100 millions €. « C’est un chiffre réaliste et l’ambition des deux repreneurs », soutient M. François.

Lancement prévu fin 2024

En termes de planification, la fin de cette année devrait permettre l’élaboration des dossiers de demandes de permis pour réhabilitation complète du site. Dès 2023, les dépôts de demandes de permis devraient se faire durant le 1er semestre, L’année suivante, les travaux devraient commencer pour un déménagement des sociétés partenaires en fin 2024, voire début 2025, suivi du début de l’activité sur le site de Bastogne pour autant qu’il n’y ait aucun retard dans le planning.

La société commune Pema Meat Groupe et Bernard Gotta/Viande de Liège par l’intermédiaire de laquelle nous exercerons nos activités actuelles sur un site commun à Bastogne : 1er semestre 2023. Ceci dit aucun nom pour le projet n’a pour le moment été annoncé.

L’enjeu de la formation

« Par rapport à l’emploi, l’enjeu est de taille. Tous les travailleurs de Saint-Vith et de Liège vont être invités à venir travailler à Bastogne. C’est un défi que de pouvoir les convaincre de déménager professionnellement. »

M. François : « Autre enjeu : attirer de nouvelles ressources, de nouveaux collaborateurs dans tous les secteurs de l’entreprise… Et la filière agroalimentaire n’est pas une filière facile en termes de recrutement. Les repreneurs affichent leur ambition de rencontrer les opérateurs de formation et d’imaginer avec eux des modes collaboratifs. Ce n’est pas seulement attirer les talents chez nous mais aussi de s’impliquer dans la formation. Il y a du volume, de l’espace (7ha), pour développer l’activité et pourquoi pas devenir un pôle de formation d’excellence ? »

« Nous allons travailler en étroite collaboration avec les opérateurs de formation que sont le Forem, l’Ifapme, Alimento… pour attirer un personnel qualifié dans le nouvel outil de Bastogne. Il nous incombe en qualité d’acteur majeur de la filière viande, de nous impliquer en première ligne dans la formation des collaborateurs. Nous allons devoir travailler de manière synergique et nous avons la volonté de travailler dans cette direction.

Un pôle d’excellence

Pour le ministre wallon de l’Agriculture, Willy Borsus, c’est un moment important et le secteur y est pour beaucoup. Et de donner deux chiffres pour illustrer son propos. « En Région Wallonne, on dénombre un peu plus de 1.069.000 bovins, pour 7.600 détenteurs. Chez nous, 160 acteurs sont actifs dans la transformation de la viande qui génèrent 2.700 emplois dans ce milieu et 700 dans la distribution. C’est un secteur économiquement important. Il l’est d’autant plus à l’heure où l’on parle beaucoup du développement des filières de valorisation des productions agricoles, que ce soit au niveau du circuit court, de la moyenne et grande distribution ou encore à l’export. Nous sommes dans un contexte où les habitudes de consommation évoluent. Il était dès lors essentiel que l’opération puisse se réaliser, à la fois pour le secteur agricole, pour l’économie wallonne également, de rester positionnée par rapport à un certain nombre de ces évolutions. »

« Les 2 acteurs qui s’unissent aujourd’hui sont une grande expertise et une belle complémentarité qui vont devenir des atouts supplémentaires qui seront autant d’avantages pour la réussite de leur projet. Ce dernier est de qualité, et étudié en profondeur. Chacun des points d’investissements, d’amélioration du process de production, du bien être des travailleurs, du bien-être animal, les dimensions énergie, environnementale. On parle aujourd’hui d’un pôle d’excellence en termes d’agro-alimentaire. »

Et de conclure : « La combinaison des dimensions locale et de l’export, ainsi que le lien avec les agriculteurs… sont le levier d’un succès. Par ailleurs, il faut que l’on puisse en matière de main-d’œuvre mobiliser un modèle offensif et innovant pour pouvoir activer les ressources humaines et impliquer au plus près les acteurs privés, les employeurs dans la filière de formation. »

Benoît Lutgen, bourgmestre de Bastogne : « La ville de Bastogne s’impliquera dans le modèle de formation. C’est important dans un secteur comme celui-là d’avoir des systèmes de formation innovants à l’intérieur même des entreprises, et que l’on ait des formules les plus souples et les plus rapides possibles en termes de formation. Il y a par ailleurs tout un travail à réaliser pour valoriser le métier. »

P-Y L.

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