Sobriété heureuse

Sobriété heureuse

Marc Assin, je vous adore. Mais que cela reste entre nous ! Pourquoi cet engouement ? Parce que j’adore, j’admire toutes vos chroniques en général. Celle du 9 juin m’a cependant particulièrement plu. Je vous explique pourquoi.

Vous ne vous trumpez pas, en effet, sur le personnage et son incorrigible bêtise, ses vilains défauts…

Le jour de son élection, j’ai pleuré toute seule dans ma cuisine. Je n’avais plus pleuré depuis des années. Je pressentais bien que ce triste sire n’avait rien de magnanime, bien au contraire.

Je suis une agricultrice passionnée, pensionnée. Le jour de l’élection, c’était un mercredi, jour de marché dans la ville voisine. J’ai pris le bus comme d’habitude et y ai rencontré un ancien chauffeur qui voyageait en tant que client. Je lui racontai ma déception. « Mais ça ne nous concerne pas », me dit-il. J’étais effarée. Je lui répondis que nous sommes tous dans le même bateau.

Au marché, je vis Louis, un octogénaire, habituellement très empathique. « Tu sais, si j’avais été amené à voter, j’aurais voté Trump », osa-t-il me dire. « Clinton, c’est une curêye ! Et puis, laisser la puissance nucléaire à une femme ! À une femme !, Tu te rends compte ?! ».

Un peu plus loin, un troisième larron, également octogénaire, voulut me consoler et m’expliqua que Trump allait être bientôt éliminé – pensait-il – et que ce serait Clinton qui le remplacerait. Je croyais rêver. Je me rebiffai en lui expliquant que ce serait le vice-président républicain qui prendrait sa place le cas échéant. Je venais d’atterrir au pays de Kafka ou dans une nouvelle fable de La Fontaine dont je ne connaissais pas encore le nom et ça ne me plaisait pas du tout.

Mais revenons à vos propos. Justement, votre plaidoyer pour l’environnement et votre piqûre à l’intention de chacun d’entre nous sont plus que pertinents. C’est un sermon pour la montagne de simples améliorations possibles qu’on dédaigne, une supplique pour la pérennité de la vie, tout simplement.

Et si ça peut vous rasséréner, je vous avoue modestement que mes actions sont tournées vers la «sobriété heureuse», mais vraiment heureuse (cf Pierre Rahbi). Par exemple, ma voiture ne consomme qu’un plein de carburant ou deux par… an. Beaucoup de mes concitoyens qui ne me voient jamais comme conductrice pensent que je n’ai pas le permis ou que je ne sais pas conduire ou peut-être que j’ai été déchue de ce droit ou que je suis avare… Que nenni ! Puisque l’arrêt de bus est devant ma maison et que je connais l’horaire et – ne nous leurrons pas –, le prix infime de l’abonnement, je ne résiste pas à emprunter ce moyen de locomotion. De plus, on y fait de belles rencontres parfois, on peut valoriser son temps à autre chose qu’à conduire et on est mené par un chauffeur ou une chauffeuse. Ce qui est un luxe insolent.

L’individualisme a conduit les gens à se balader souvent seuls en voiture personnelle, négligeant l’impact sur l’environnement. Bien sûr, la voiture est irremplaçable pour beaucoup mais d’autres qui pourraient voyager en transports en commun les dédaignent parce que ça ne serait pas top pour leur standing.

Je milite pour le recyclage rétribué des cannettes alu, je trie les déchets, je fréquente les boutiques de 2e main. Ce genre de vie n’est pas une vie de privation, bien au contraire. C’est un mode de vie à petit prix qui, par son humilité, permet de valoriser beaucoup mieux les sources de revenus du ménage, de multiplier les ressources, de faire plus avec beaucoup moins de fric ! Les gros cailloux ne m’intéressent pas. Je préfère la compagnie de mes animaux de compagnie, réels trésors de complicité et d’authenticité.

Quelque chose en nous de Donald Trump ? Ah non, alors, il est bien trop laid – je sais, on ne peut rien dire sur le physique des gens –, bien trop macho, bien trop bête, bien trop goujat, bien trop schizophrène, bien trop dangereux en somme et fou dangereux pour toute la planète.

Je préfère avoir quelque chose en moi de Tennesse. Merci.

Féline

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