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À bâtons rompus avec les maîtres d’œuvre de la foire de Libramont: l’édition 2017 a reconquis et rajeuni ses publics

Après le gros coup de blues affiché en juillet 2016, Natacha Perat et Jean-François Pierard, manager et président de la foire de Libramont, se réjouissent de l’élan positif qui a régné sur la manifestation avec beaucoup de vigueur cette année. « Le monde agricole et forestier a prouvé une fois de plus, à travers de nombreuses individualités, à quel point il est capable de s’adapter, d’innover, d’entreprendre, de créer. »

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Natacha Perat ne cachait pas son immense satisfaction, à l’issue de l’événement qui rassemble traditionnellement fin juillet une large partie de la communauté agricole et bien au-delà : « Nous avons ressenti tout au long des 4 jours de la foire un climat général extrêmement positif et serein. Malgré les évidentes difficultés du moment et des mois passés, les agriculteurs et les professionnels de la forêt ont choisi de faire face et ont manifesté clairement leur volonté de trouver des solutions. »

L’édition 2017 a connu une très belle affluence dans une ambiance  qualifiée de sereine et positive, nous confièrent Jean-François Pierard  et Natacha Perat, respectivement président et manager de la foire,  à l’issue des 4 jours in situ et des 2 journées en forêt de Bertrix.
L’édition 2017 a connu une très belle affluence dans une ambiance qualifiée de sereine et positive, nous confièrent Jean-François Pierard et Natacha Perat, respectivement président et manager de la foire, à l’issue des 4 jours in situ et des 2 journées en forêt de Bertrix. - M. de N.

La cérémonie qui a permis de mettre en lumière les cinq agriculteurs de valeur distingués cette année et leurs activités a constitué l’un des moments forts de la foire 2017, le vendredi 28 juillet. Il est très enthousiasmant et stimulant pour les organisateurs de l’événement, mais aussi pour les consommateurs citoyens, les institutions et services d’encadrement et les exposants de l’agrofourniture, de constater que malgré les difficultés et les crises, des solutions sont mises en place, des initiatives originales sont prises dans les fermes, qui permettent de défier l’adversité à travers de nouvelles voies de rentabilité. Et cela, souvent par des représentant(e)s des jeunes générations, qui se montrent heureux de ce qu’ils font, sont passionnés et saisissent leur destin et leurs activités à bras-le-corps et avec beaucoup d’envie.

Le premier jour de la foire a également été marqué par la passation de pouvoir à la présidence de la manifestation, Benoît Coppée passant le relais à Jean-François Pierard, de même que par la mise en place du nouveau Gouvernement wallon.

Premier tour de piste pour le tout fraîchement nommé ministre  fédéral de l’Agriculture  Denis Ducarme.
Premier tour de piste pour le tout fraîchement nommé ministre fédéral de l’Agriculture Denis Ducarme. - M. de N.

Pour la deuxième journée de la foire, le samedi 30 juillet, parmi les moments politico-médiatiques forts retenus par l’organisation de la foire, il y a certainement la visite du Premier ministre Charles Michel. Sur le plan professionnel, le coup de cœur du président et de la manager de la foire va incontestablement au « coup de cœur » du BBB c’est-à-dire à la présentation de jeunes animaux par des filles et fils d’éleveurs. Une véritable ode à la jeunesse, une grande bouffée de fraîcheur et d’espérance pour l’avenir de l’élevage wallon.

Invités sur le théâtre traditionnement réservé à leurs aînés, les plus jeunes ont marqué d’un «coup de cœur» les concours BBB du samedi 29 juillet.
Invités sur le théâtre traditionnement réservé à leurs aînés, les plus jeunes ont marqué d’un «coup de cœur» les concours BBB du samedi 29 juillet. - M. de N.

La ferme enchantée, une première parfaitement réussie pour la plus grande joie des enfants et un grand sentiment de fierté pour les jeunes qui ont pris en charge les animations.
La ferme enchantée, une première parfaitement réussie pour la plus grande joie des enfants et un grand sentiment de fierté pour les jeunes qui ont pris en charge les animations. - M. de N.

Le dimanche 31 juillet, les défenseurs et promoteurs du cheval de trait ardennais ont déployé de gros efforts à l’occasion des concours et des présentations. Lors de cette journée traditionnellement faste également pour les familles, la « ferme enchantée » animée par la jeunesse du monde professionnel a connu un grand succès. Ces étudiants ont été particulièrement fiers et heureux de partager leurs connaissances et leur passion avec les jeunes visiteurs, qui seront les citoyens consommateurs de demain. Ces moments de partages sont très valorisants pour ces filles et fils d’agriculteurs dont le futur métier est si souvent dénigré.

La discipline de la maréchalerie n’est pas réservée qu’aux hommes. La preuve en a été donné brillamment sur le champ de foire!
La discipline de la maréchalerie n’est pas réservée qu’aux hommes. La preuve en a été donné brillamment sur le champ de foire! - M. de N.

Et enfin, le lundi 1er août fut une journée très professionnelle avec le pôle de l’agriculture connectée, la visite des entrepreneurs, le Mecanic’Show, la bourse de Liège, la présence de la fédération belge de l’industrie alimentaire, le déjeuner de l’Union wallonne des entreprises… autant de rendez-vous, de rencontres qui positionnent le monde agricole dans l’économie de la région.

Des rendez-vous, moteurs de créativité

La foire de Libramont est un événement ouvert sur le présent, le futur et l’imagination. « La créativité naît de ces personnes qui s’y rencontrent, en provenance d’horizons parfois très différents, et qui durant le reste de l’année ont rarement l’occasion d’entrer en contact, parce que cloisonnées dans des cases professionnelles un peu figées. Or on ne peut créer, innover, bâtir des projets que si l’on organise de telles rencontres, l’un des points d’attention forts de notre manifestation », relève la manager.

Et Natacha Perat d’assurer que la participation du grand public est considérée avec la même attention, avec tout ce qui permet de (re)créer la confiance entre le secteur agricole et le secteur de la consommation et le citoyen. « Cela se manifeste concrètement bien au-delà des mots et des bonnes intentions et cela sera encore intensifié à l’avenir. »

Les échos des exposants sont globalement positifs, tous secteurs  confondus. «Les agriculteurs ne baissent pas les bras, ils sont à la  recherche de solutions et prennent leur avenir en mains.»
Les échos des exposants sont globalement positifs, tous secteurs confondus. «Les agriculteurs ne baissent pas les bras, ils sont à la recherche de solutions et prennent leur avenir en mains.» - M. de N.

Retour aux fondamentaux

Revenant sur la sérénité qui a marqué cette édition 2017, Jean-François Pierard, le nouveau président de la foire, l’explique notamment aussi en raison des contacts renforcés pris en amont avec le secteur et parce que des malentendus sont levés. « Il y a quelques années, lorsque la foire a étendu significativement la surface d’exposition, s’est ouverte à de nouveaux secteurs, a mis en œuvre des investissements ambitieux tels que le vaste Centre d’exposition et de congrès, une partie du monde agricole et forestier a pu éprouver un certain malaise, une crainte que le rendez-vous de la ruralité s’éloigne de ses fondamentaux et devienne un vaste carrefour commercial. Aux yeux des professionnels et du grand public, il a pu paraître, assez logiquement, douteux qu’un tel événement attirant plus de 200.000 personnes chaque année puisse ne pas être aux mains du capital, aux mains de faiseurs de profit. Or, la foire n’est pas une entreprise commerciale qui recherche le profit aux dépens des agriculteurs et du secteur forestier. »

La compétition va bientôt commencer. L’enjeu est d’importance,  la tension monte...
La compétition va bientôt commencer. L’enjeu est d’importance, la tension monte... - M. de N.

« Ce sont les 90 ans de son histoire et l’esprit qui n’a cessé d’animer ses équipes organisatrices qui expliquent que cette énorme machine demeure aux mains des agriculteurs qui en sont les véritables bénéficiaires. C’est pour eux que la foire existe », clame le président, assurant que l’avenir repose sur l’imagination, la créativité, l’innovation. « La foire n’est pas autre que les secteurs à qui elle parle. Elle ne continuera à vivre que si elle grandit, s’améliore, continue de se professionnaliser et d’être à l’écoute en anticipant les tendances pour les mettre à l’avant-plan. »

Natacha Perat admet également qu’au long de ces 90 ans, la société organisatrice a temps en temps, notamment lors des gros investissements récents, négligé de communiquer sur les raisons d’être de son grand rendez-vous estival. Une partie du secteur a craint la dénaturation de « sa » foire. Alertée par ce hiatus, l’organisation de la foire a refocalisé toute sa philosophie, recentré toute sa stratégie sur le monde agricole et forestier, et a (re)communiqué en ce sens. Et visiblement, cette prise de conscience porte ses fruits.

Nourrir les villes, thème en 2018

L’année prochaine, la foire s’épanouira du vendredi 27 au lundi 30 juillet, avant de se prolonger par la journée de l’herbe le 31 juillet.

Les organisateurs ont choisi comme thématique « Nourrir les villes ». Il sera notamment question de l’agriculture urbaine et périurbaine. Selon la définition qu’en donne la FAO, l’agriculture belge est à près de 90 % périurbaine, puisque presque toujours à proximité d’un centre urbain.

L’agriculture urbaine, au sens premier du terme, est aujourd’hui majoritairement représentée sous la forme, soit de jardins à finalité sociale, potagers communautaires, etc., soit de grands projets, le plus souvent liés à des complexes immobiliers où s’agglutinent serres, toitures vertes, murs végétalisés, ferme verticale… « Et le fait est que très souvent, ces grands projets ne fonctionnent pas parce que les agriculteurs y sont superbement ignorés. Or, les promoteurs de ces complexes n’ont pas les compétences agronomiques pour faire fonctionner ces fermes nouvelles, et ne savent pas où les trouver », note la manager.

« Le but sera de faire venir à la foire ce monde de l’immobilier pour qu’il puisse rencontrer des agriculteurs. Ceux-ci doivent savoir qu’il y a une place à prendre en la matière. Ces deux univers ont tout intérêt à se connaître. Pour le secteur agricole, c’est véritablement un nouveau marché potentiel qui s’ouvre. »

M. de N.

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