Le sujet était discuté par les commissions de l’Environnement et de l’Agriculture, après que des documents internes à Monsanto, ayant fuité dans la presse, ont révélé les méthodes de l’entreprise pour mettre en doute les études concluant à la dangerosité du glyphosate, et notamment à son caractère potentiellement cancérigène.
Les eurodéputés avaient invité des scientifiques, des représentants de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) et de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), et des responsables de Monsanto. Ceux-ci ont cependant décliné, estimant que le Parlement européen n’était pas le lieu adéquat pour tenir ce débat.
L’eurodéputé CD&V Tom Vandenkendelaere a regretté mercredi l’absence de Monsanto et des autres entreprises qui produisent du glyphosate. «Je suis indigné que personne de l’industrie ne soit là», a-t-il expliqué à l’agence Belga. Les différentes interventions ont permis selon lui de «mieux comprendre les divergences d’opinions» entre les différentes institutions, certaines pointant des risques et d’autres concluant au caractère non-cancérigène du glyphosate. L’Autorité européenne de sécurité des aliments est d’ailleurs en train de travailler à un nouveau rapport, qu’elle devrait publier d’ici la fin de l’année. Elle y précisera ses recommandations pour l’utilisation de cet herbicide, qu’elle considère non-cancérigène mais toxique.
L’eurodéputée libérale Frédérique Ries voit quant à elle dans le débat de mercredi «un dialogue de sourds entre experts des agences européennes et députés européens». «Dans cette saga à rebondissement qu’est le glyphosate, les «Monsanto papers» sont une pièce supplémentaire à ajouter au dossier qui montre la perméabilité des relations entre agences européennes et groupes agrochimiques», a-t-elle estimé. Mme Ries se dit «convaincue que le gouvernement fédéral prendra ses responsabilités dans les semaines à venir lorsqu’il s’agira de voter oui ou non à (l)a réautorisation» du glyphosate pour dix ans.
Pour Marc Tarabella (PS), l’audition des experts mercredi, et les échanges qu’elle a suscités, «ont également créé un nombre important de questions auxquelles il est urgent de répondre». Il faut donc selon lui mettre sur pied une commission d’enquête qui, «avec un pouvoir d’investigation plus vaste, devra lever les nombreuses zones d’ombre qui subsistent encore sur les responsabilités de l’entreprise Monsanto, des agences de contrôle ou encore de certaines institutions».