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La chine s’engage à acheter 32 milliards de dollars de produits agricoles américains, sur deux ans

Annoncée depuis le 13 décembre par les États-Unis et la Chine, la première phase de l’accord commercial a finalement été signé le 15 janvier lors d’une cérémonie organisée à la Maison blanche, par le président américain Donald Trump et le vice-Premier ministre chinois Liu He.

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Les États-Unis et la Chine ont donc signé le 15 janvier à Washington la phase 1 d’un accord commercial qui met un terme au moins provisoirement à un conflit commercial marqué par des hausses respectives de droits de douane.

La Chine s’est ainsi officiellement engagée à acheter pour 200 Mrds $ de produits américains supplémentaires au cours des deux prochaines années. Ces achats, qui se fondent sur les niveaux d’importations chinois de 2017 – avant le déclenchement de la guerre commerciale entre les deux puissances – comportent 32 Mrds $ de produits agricoles (des oléagineux, de la viande, des céréales ou encore du coton). Un chiffre plus réaliste que les 50 Mrds $ préalablement avancés par l’administration Trump, au regard du pic de 2012 où les exportations agricoles américaines vers la Chine avaient atteint 26 Mrds $.

Ces concessions chinoises viennent ainsi confirmer le pas en avant déjà effectué par Pékin dès le 6 décembre suite à sa décision d’exempter de droits de douane certaines importations de soja et de porc américains, et en octobre par la levée de l’embargo sur la volaille américaine en vigueur depuis 2015.

En échange, les États-Unis réduiront de moitié à 7,5 % les droits de douane sur une seconde liste de produits importés de Chine, d’une valeur de 120 Mrds de $, imposés depuis le 1er septembre. Par contre, le président américain a assuré que les droits de douane de 25 % introduits en mars 2018 sur les importations en provenance de Chine d’une valeur d’environ 250 Mrds $ portant, entre autres, sur les produits alimentaires, seront maintenus tant que la phase 2 de l’accord ne serait pas signée. Cette seconde phase de l’accord, dont la négociation doit commencer immédiatement, selon Donald Trump, porte sur des sujets plus sensibles tels que la cybersécurité.

Reconquête de l’électorat agricole américain

La signature de cet accord est par ailleurs une bonne nouvelle pour le secteur agricole américain, en mesure notamment de relancer les exportations de soja vers la Chine, qui avaient accusé une lourde baisse en 2018 (3,1 Mrds contre 12,3 Mrds en 2017 !) à la suite de la mise en place des représailles chinoises après l’imposition des taxes par les États-Unis.

Dans la perspective des élections présidentielles d’octobre prochain, Donald Trump a ainsi réussi son premier pari : réchauffer les relations avec un électorat agricole qui, dans sa grande majorité, était acquis à sa cause en 2016. Il s’est rendu notamment le 19 janvier à Austin pour la Convention annuelle du principal syndicat agricole américain (American Farm Bureau Federation) afin de présenter l’aspect agricole de cet accord commercial signé avec le Chine.

Cet accord ne fait pas que des heureux, à commencer par l’UE

Alors que le gouvernement américain se félicite de cet accord, les experts et observateurs ne partagent pas leur réjouissance du moment et s’inquiètent de l’impact de cet accord commercial conclu avec la Chine. Celui-ci pourrait marquer l’émergence d’un « commerce administré », et viendrait ainsi enfreindre les règles de l’OMC de traitement équitable pour tous les pays.

Cet accord est également loin d’être un cadeau pour l’Union européenne parce qu’il risque, d’une part, de modifier la nature des échanges commerciaux entre la Chine et l’UE, au détriment de celle-ci, et d’autre part de pousser Donald Trump à poursuivre ses représailles commerciales contre l’Union, avec qui sa balance commerciale reste déficitaire.

En voyage à Washington du 14 au 16 janvier, Phil Hogan, commissaire européen au Commerce, s’est employé à restaurer la relation commerciale transatlantique, dans un contexte difficile marqué par la hausse depuis le 18 octobre des droits de douane de 25 % sur certains produits agricoles en représailles aux subventions européennes octroyées à Airbus et par les menaces de nouvelles sanctions américaines contre la France en lien avec la taxe sur les géants du numérique.

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