D’une manière générale, les premières levées de froment se sont déroulées dans de bonnes conditions. Les températures du mois de novembre, présentant des valeurs légèrement inférieures à la normale, ont permis d’éviter les pullulations d’insectes d’automne comme les mouches des semis, les pucerons ou les cicadelles.
Le temps humide s’est prolongé durant tout l’hiver, jusqu’à la fin mars. Si les levées tardives ont, dans un premier temps, été régulières, par la suite, les conditions de croissance ont été défavorables, et le tallage a été moindre que lors des années précédentes. L’hiver s’est avéré très doux sans être un réel hiver.
Fin mars, la période de pluie a pris fin laissant place à une longue période de sécheresse. En avril, l’hiver a brutalement laissé place à l’été avec 15 journées durant lesquelles les températures ont dépassé les 20ºC, cela accompagné d’une luminosité abondante. Par conséquent, le nombre de grains par épi a atteint des records.
Les vents desséchants provenant du nord et de l’est ont enrayé le développement des principales maladies fongiques. Omniprésente durant les dernières décennies, la septoriose est restée discrète en 2020. Les rouilles, elles, sont nettement moins dépendantes de l’humidité. Aussi, à la faveur des températures élevées de l’hiver et du printemps, la rouille jaune a fait son apparition. Cependant, durant cette saison, son développement est resté limité.
Des pluies attendues
Les maladies sous la loupe
Des symptômes de septoriose étaient facilement observables sur les variétés sensibles, dès la sortie de l’hiver. Au stade redressement, le Hainaut présentait un niveau d’infection assez élevé. Au 1er nœud, la maladie restait présente en fond de végétation et à des niveaux équivalents, partout en Wallonie. La situation ne nécessitait donc pas de premier traitement fongicide (T0).
Au stade 2ème nœud, stade clé pour la protection fongicide contre ce champignon, la présence de symptômes sur les variétés sensibles a parfois nécessité un premier traitement. Sur les variétés moyennement sensibles à peu sensibles, la pression était moindre et ne nécessitait donc pas d’intervention.
Après le stade 2ème nœud, la sécheresse des mois d’avril et mai et la prédominance des vents des secteurs nord et est ont bloqué le développement de la septoriose vers les étages foliaires supérieurs. Au stade dernière feuille, un premier traitement a été conseillé pour les situations où aucun traitement n’avait encore été effectué.
Après la sécheresse sévère des mois d’avril et mai, les précipitations ont fait leur retour en juin tout en restant déficitaires par rapport à la normale. Dans ces conditions, la maladie n’a évolué qu’assez tard vers les étages foliaires supérieurs et n’a donc eu qu’un impact limité sur le rendement, même en l’absence de traitement fongicide.
Quelle efficacité des fongicides face à l’oïdium et à la septoriose ?
Les essais conduits par le Carah permettent de mesurer l’efficacité des produits et matières actives disponibles sur le marché.
Oïdium
Les produits éradiquants les plus efficaces à l’heure actuelle restent les produits à base de spiroxamine et de fenpropidine. Leur rémanence est cependant limitée (2 semaines).
La métrafenone (Flexity…) et le cyflufenamide (Nissodium) ont été testés dans les essais en T1 au stade 2 nœuds avec un bon résultat.
Le Property 180SC a aussi montré une bonne efficacité en tant qu’anti-oïdium spécifique.
Septoriose
Les SDHI (ou carboxamides) restent la base dans la lutte contre la septoriose en combinaison avec une triazole. Il s’agit des produits suivants :
– Aviator Xpro, Evora Xpro, Variano Xpro (bixafen),
– Ascra Xpro (bixafen + fluopyram),
– Imtrex (xemium),
– Priaxor EC (xemium),
– Librax (xemium),
– Elatus Plus, Velogy Era (benzovindiflupyr).
L’année 2020 a été marquée par une rouille brune tardive et par une faible présence de la septoriose qui a induit des pertes faibles de rendement en absence de traitement fongicide.
Avec un traitement préventif effectué au stade 39, les rendements observés sont à l’avantage du Velogy et de l’Aviator, devant le Librax et l’Ascra Xpro, d’après les essais du Carah. Au stade épiaison, en traitement curatif, c’est l’Ascra Xpro et l’Aviator qui prennent la tête du classement, suivis du Velogy puis du Librax.
Les triazoles restent une des bases de la lutte contre la septoriose même si du fait des résistances, leur efficacité continue à s’effriter.
Parmi les triazoles, le prothioconazole (Input 1,25 l/ha…) montre la meilleure efficacité, mais quelques matières actives utilisées moins intensivement depuis quelques années semblent revenir à l’avant-plan, comme le metconazole ou le tébuconazole. Les mélanges semblent mieux tirer leur épingle du jeu.
La nouvelles triazole, le mefentrifluconazole (dans Lenvyor, Revistar Gold, Revitrex…), semble être très prometteuse dans la lutte contre cette maladie.
Les strobilurines d’ancienne génération n’ont plus aucune utilité dans la lutte contre ce champignon. Néanmoins, la fenpicoxamide (Aquino…), strobilurine de nouvelle génération, semble aussi prometteuse.
Avec les résistances, certains partenaires (autres que les SDHI) restent incontournables pour améliorer l’efficacité des triazoles sur septoriose. Suite au retrait du chlorothalonil, le choix est plus restreint. En pratique, le prochloraze (dans le Sportak, Mirage et en mélange dans Ampera…) est toujours agréé en froment mais il montre une efficacité nettement plus faible que le chlorothalonil. Du côté du folpet (dans le Mirror ou Stavento), l’efficacité reste à confirmer en année à forte pression. Enfin, le soufre (Cosavet WG, Kumulus WG, Hermovit, Vertipin SC, Flosul) est un candidat possible au remplacement du chlorothalonil.
Et en présence de rouilles ?
Les rouilles brune et jaune ont également été au cœur des observations.
Rouille brune
La rouille brune est généralement bien contrôlée par les traitements d’épiaison. Cependant, cette maladie n’est jamais aussi dommageable que lorsque les conditions climatiques sont favorables à son développement précoce, durant la montaison. Dans ces conditions, le choix du produit et de sa dose revêt un caractère primordial.
Observons le comportement des SDHI face à la rouille brune. En traitement curatif au stade 55, le Velogy Era à 1 l/ha possède une efficacité et une rémanence du meilleur niveau. En situation curative, l’Aviator Xpro est le produit à base de SDHI le moins efficace contre cette maladie à ce stade. En traitement préventif au stade 39, l’efficacité des mélanges à base de SDHIs est assez similaire.
En situation « fusariose »
Il convient également de choisir une
Sur base des essais 2016, il est donc logique que les traitements à base de prothioconazole (Prosaro) seul ou associé, appliqués à la pleine floraison, aient constitué un plus dans la protection du froment. Les programmes à deux traitements aux stades « dernière feuille » et « floraison » ainsi que les programmes en trois traitements avec fractionnement des doses entre la dernière feuille et la floraison se sont montrés économiquement très intéressants.
La réduction de la dose de prothioconazole (dans Prosaro à 0,5 l/ha) diminue son efficacité contre la fusariose des épis, mais celle-ci reste néanmoins intéressante. Il semble également que ces mêmes triazoles, testés au stade épiaison (55) montrent déjà une certaine efficacité sur les fusarioses et la teneur en DON si la contamination de l’épi est précoce.
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À suivre, la semaine prochaine : le positionnement des fongicides dans un programme à un, deux ou trois traitements.
Carah