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Que faire en présence des ravageurs des céréales?

Dans le Livre Blanc présenté en septembre, François Henriet, du Cra-w livre ses conseils pour se lutter contre les différents ravageurs des céréales.

Temps de lecture : 7 min

Commençons par la jaunisse nanisante, maladie virale. Toutes les céréales peuvent être infectées par le virus de la jaunisse nanisante et en souffrir gravement. L’orge est cependant la céréale la plus sensible. Les plantes atteintes manifestent des jaunissements (ou rougissements) et un nanisme plus ou moins prononcé. Cela peut conduire à la perte de plants.

Contre les pucerons vecteurs de la JNO

Le virus à l’origine de cette maladie se transmet exclusivement par les pucerons inféodés aux céréales. La dynamique de la virose est donc intimement liée à celle de la pullulation des pucerons vecteurs de ce virus. Comme il n’existe aucun traitement qui neutralise le virus, la lutte contre cette maladie ne peut se faire qu’au travers de la maîtrise des pucerons vecteurs.

Il existe plusieurs stratégies de lutte, qui peuvent évidemment être combinées.

La date de semis

Afin de limiter la présence de pucerons sur la culture, le report de la date de semis constitue la mesure la plus efficace. Aujourd’hui, il n’est plus de bonne pratique de semer de l’escourgeon à partir du 20 septembre. Pareille pratique est dépassée. Elle expose la culture à des populations de pucerons importantes et encore très actives.

Limiter les réservoirs

Il est également possible de réduire le risque de contamination des jeunes semis par les pucerons en limitant les réservoirs à virus. S’il est évidemment impossible de détruire toutes les graminées réservoirs environnantes, la lutte contre les repousses de céréales n’est pas à négliger.

Utiliser des variétés tolérantes

L’utilisation de variétés d’escourgeon tolérantes à la jaunisse nanisante permet de limiter la nuisibilité de l’infection virale. Ce type de variété est à envisager lorsque la saison s’annonce dangereuse ou pour les terres les plus exposées. En général, le risque est plus important dans les terroirs plus chauds comme le Hainaut occidental et les parcelles entourées de maïs à ensiler après la levée de l’escourgeon. La liste des variétés tolérantes à la jaunisse nanisante de l’orge est disponible dans le Livre Blanc « Choix variétal – Escourgeon ») et le Sillon Belge du 15 septembre.

Traitements insecticides

Si malgré toutes les précautions prises, les pucerons virulifères, c’est-à-dire porteur du virus, se multipliaient, des traitements insecticides sont possibles. Chaque semaine, des avis de traitements, rédigés sur base d’un réseau d’observation, sont émis par le CePiCOP. Ces avertissements attirent l’attention, signalent des éléments que chacun est invité à aller vérifier dans ses propres parcelles. Ce ne sont pas des prescriptions dispensant l’agriculteur de surveiller ses céréales.

À noter qu’il existe une certaine régulation naturelle des pucerons, par des auxiliaires prédateurs ou parasites et certains champignons entomopathogènes, mais celle-ci est moins active durant l’automne. Le climat, via de fortes pluies ou des gelées précoces, reste la meilleure régulation.

En présence de la mouche grise

La mouche grise (Delia coarctata) pond en août, sur le sol, principalement dans les champs de betteraves. L’œuf est prêt à éclore à partir de la mi-janvier. Selon les conditions climatiques, les jeunes larves attaquent le froment (les autres céréales sont rarement attaquées) succédant aux betteraves entre la fin janvier et la fin mars. Si la culture n’a pas atteint le tallage au moment de l’attaque, cette dernière conduit à des pertes de plantules pouvant entamer le potentiel de rendement. Si le tallage est en cours, seules des attaques très denses peuvent impacter le rendement.

La mouche grise (Delia coarctata) pond  en août, sur le sol, principalement dans  les champs de betteraves.
La mouche grise (Delia coarctata) pond en août, sur le sol, principalement dans les champs de betteraves. - Cra-w

Dans nos conditions de culture, pour être menacée de dégâts de mouche grise, une emblavure doit réunir les deux conditions suivantes :

Les précédents culturaux offrant un couvert ombragé et frais comme la betterave. Des attaques ont également été observées après oignons.

Les semis tardifs sont les plus susceptibles d’être impactés car les plantules sont peu développées au moment de l’attaque. Le risque existe déjà pour des semis de début novembre et s’aggrave jusqu’au semis de printemps, les plus menacés.

Plusieurs mesures peuvent être prises afin d’atténuer les éventuels dégâts de mouches grises. Les semis précoces et le semis d’une variété à tallage rapide et fort aident la culture à mieux supporter les attaques. Une attention particulière à la préparation du sol avant semis est requise : il conviendra de laisser un minimum de creux en profondeur.

Il ne reste plus qu’un insecticide autorisé en traitement de semences contre la mouche grise : le Langis (ES : 300 g/L cypermethrine).

Contre la mouche des semis

Le scénario catastrophe est invariablement celui d’une céréale implantée après un arrachage précoce de betteraves, de chicorées ou de certains légumes laissant une grande quantité de résidus de culture. Les femelles de mouche grise (Delia platura) peuvent alors pondre abondamment dans ces résidus. Les asticots entament leur phase alimentaire en exploitant cette matière organique en décomposition et, une fois le champ emblavé, s’en prennent aux grains en germination et aux toutes jeunes plantules. Les dégâts se présentent donc surtout comme des défauts de levée.

Afin d’éviter ces problèmes, quelques moyens simples peuvent être mis en œuvre :

Enfouir les résidus de culture immédiatement après l’arrachage permet d’éviter les pontes.

Attendre entre les arrachages les plus précoces et le semis. En automne, il faut compter environ un mois pour que la mouche des semis atteigne le stade pupe. À ce stade, elle a terminé sa phase alimentaire et ne commet plus de dégâts.

Se prémunir contre la cécidomyie orange du blé dès le semis

La cécidomyie orange du blé (Sitodiplosis mosellana) est un insecte dont les larves peuvent causer de gros dégâts en fin de saison. C’est généralement entre l’épiaison et la floraison que les femelles adultes pondent sur l’épi de blé. Après éclosion, les larves se nourrissent du jeune grain en devenir, empêchant ainsi la formation du grain.

C’est généralement entre l’épiaison et la floraison que les cécidomyie femelles adultes pondent sur l’épi de blé.
C’est généralement entre l’épiaison et la floraison que les cécidomyie femelles adultes pondent sur l’épi de blé. - Cra-w

Une des façons de se prémunir des dégâts occasionnés par ce ravageur d’été est de choisir, dès le semis, d’implanter une variété résistante. Il existe en effet de nombreuses variétés de froment résistantes à la cécidomyie orange. La liste de ces variétés est disponible dans le Livre blanc (« Choix variétal – Froment » et dans le Sillon Belge du 22 septembre).

Que faire en présence de limaces ?

Deux types de limaces s’attaquent aux grandes cultures : la limace grise ou loche (Deroceras reticulatum) et la limace noire, moins fréquente en céréales et qui regroupe plusieurs espèces du genre Arion.

Les limaces sont favorisées (multiplication et dispersion) par un climat pluvieux et un couvert dense propice au maintien d’une ambiance humide à la surface du sol (précédent colza, céréale versée, jachère…). Les limaces préfèrent également les terres caillouteuses ou argileuses (à cause des refuges qu’elles offrent) aux terres meubles et friables.

L’escourgeon, grâce à un démarrage rapide, échappe assez facilement aux dégâts de limaces, la croissance compensant largement les prélèvements opérés par les limaces. Le froment est un peu plus sensible.

Les limaces préfèrent les terres caillouteuses ou argileuses -à cause des refuges qu’elles offrent- aux terres meubles et friables.
Les limaces préfèrent les terres caillouteuses ou argileuses -à cause des refuges qu’elles offrent- aux terres meubles et friables. - Cra-w

L’interculture est le meilleur moment pour lutter contre les limaces, très vulnérables au cours des journées chaudes et sèches de l’été. Un travail du sol superficiel (succession de déchaumages par exemple) effectué en début de journée s’avère très efficace. D’autres mesures anti-limaces peuvent être mises en œuvre : préparation fine du lit de semences, semis de variétés à développement rapide, roulage pour limiter la présence de refuges…

Avant la levée de la céréale, l’application de produits molluscicides est très rarement recommandée. Les dégâts sont généralement négligeables et n’apparaissent que si les semences ne sont pas bien couvertes : les limaces s’attaquent alors directement aux grains. Seules de fortes infestations de limaces grises doublées de mauvaises conditions de semis peuvent justifier une éventuelle protection à ce stade.

Après la levée, les limaces grises « broutent » les feuilles en commençant par les extrémités et un effilochement typique des feuilles est observé. Tant qu’il n’atteint pas le cœur des plantes, le dégât de limaces grises est bien toléré. Une culture qui progresse est chaque jour moins vulnérable aux limaces, même si celles-ci sont nombreuses. Un traitement molluscicide s’impose uniquement si la culture stagne ou tend à régresser sous l’effet du broutage. C’est donc à son sens de l’observation qu’il faut se fier pour déterminer la pertinence d’un traitement. Les attaques sont en outre rarement distribuées de façon homogène et il est souvent suffisant de ne traiter que les plages les plus infestées. Les molluscicides actuellement disponibles sur le marché sont composés de metaldehyde ou de phosphate de fer.

Francois Henriet

, Livre Blanc, septembre 2022

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