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Le premier ministre Charles Michel chez les frères Janssens à Corroy-le-Grand

Le Premier Ministre a effectué ce mardi 16 mai, juste après l’heure de la traite, une visite de terrain chez Philippe et Bernard Janssens, agriculteurs et éleveurs à Corroy-le-Grand, en présence du ministre de l’Agriculture Willy Borsus. Pour Charles Michel, cette rencontre, dès potron-minet, dans une région qu’il connaît bien, répondait à « une volonté de prendre très concrètement le pouls du secteur et des crises et des attaques qu’il subit ».

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Lorsqu’il a rejoint, au pas de course, ses hôtes du petit matin sur les pavés de la cour de l’exploitation des frères Janssens, notre Premier Ministre ne se doutait vraisemblablement pas qu’il s’attarderait aussi longtemps sur les lieux. Il souhaitait s’imprégner du ressenti des agriculteurs de sa région et s’entretenir avec eux très directement de leurs préoccupations majeures et de la situation des différents secteurs agricoles et sur ce plan, il n’aura pas été déçu, au moment de quitter les lieux, deux heures plus tard, tant les sujets évoqués ont été nombreux.

Du lait, de la viande et des cultures

L’exploitation visitée par Charles Michel, accompagné de son ministre de l’Agriculture Willy Boursus, répondait parfaitement à ce type d’exercice. « Avec mon frère Bernard, nous sommes à la tête d’une ferme qualifiée de familiale et typiquement brabançonne, qui concilie productions végétales et cheptel bovin, en l’occurrence du bétail de race BBB viandeux et des vaches laitières pie noir Holstein », explique Philippe Janssens.

Et ce n’est pas tout puisque outre ses pôles végétal et animal, l’exploitation dispose d’une troisième corde à son arc. « En 2005, nous avons eu l’opportunité de reprendre une entreprise de travaux agricoles, ce qui a permis à mon fils Sébastien et mon neveu Cédric de nous rejoindre sur la ferme. Sans cette double activité, il aurait été difficile de faire vivre 4 personnes à temps plein sur l’exploitation. A cela s’ajoute de la main-d’œuvre temporaire selon les besoins de l’entreprise », poursuit Philippe.

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Les cultures sont la betterave, la chicorée, des céréales, et certaines années de la pomme de terre. Quant au volet animal, il comporte deux troupeaux : du bétail BBB rameau viandeux d’une part, et des pie noir Holstein, d’autre part, qui en nombre d’animaux et de vêlages, se répartissent dans la proportion 2/3 -1/3.

Circuit complet en Blanc-Bleu

En BBB, l’exploitation réalise le cycle complet, de la naissance jusqu’à l’engraissement avant le départ à l’abattoir. Cela concerne aussi bien les taureaux, avant 24 mois, que les vaches, après quelques vêlages, qui ont été maintenues pour l’élevage en raison de leurs qualités. À noter que les plus vieilles vaches du troupeau viandeux ont 7 à 7,5 ans. « Le marché en blanc-bleu est tel que l’on n’a pas intérêt à garder des bêtes de 10 ans et plus. » 

Les veaux ne sont pas élevés sous la mère, mais nourris au seau avec une partie du lait du troupeau laitier. « La traite des laitières nous apporte des facilités en ce sens et par ailleurs l’infrastructure de la ferme ne convient pas pour faire du têtard. Nous avons expérimenté, il y a longtemps le veau sous la mère, mais cela ne nous convenait pas. »

Au vêlage, mâles et femelles sont maintenus dans la ferme ; ne sont écartées que les quelques femelles qui n’ont pas les qualités requises pour l’élevage.

La reproduction est assurée par des taureaux reproducteurs de la ferme et par insémination artificielle. Toutes les génisses sont inséminées, cela permet d’affiner le choix des taureaux. Et pendant la période hivernale, c’est également l’insémination qui domine nettement. « Mais en été, place aux taureaux qui facilitent l’organisation du travail en nous épargnant de devoir rentrer et manipuler les vaches en chaleur, à une saison où les travaux aux champs sont intenses. »

Le lait de la traite – une affaire de spécialistes – a deux destinations,  la laiterie bien sûr mais également l’alimentation des veaux.
Le lait de la traite – une affaire de spécialistes – a deux destinations, la laiterie bien sûr mais également l’alimentation des veaux. - M. de N.

Du lait pour la laiterie et les veaux

La reproduction des pie noir est assurée uniquement par insémination artificielle. « Pour la sélection, nous avons le suivi de l’AWE qui nous donne les tendances générales et nous nous servons aussi des outils disponibles », relève Philippe Janssens. La livraison de lait en laiterie est de l’ordre de 275.000 l par an, tandis que les veaux sont également de bons consommateurs de la production des laitières. »

Crises et lassitude

Les exploitants n’ont pas manqué d’alerter le chef du Gouvernement belge sur une série de craintes et de problématiques qui les affectent, à commencer par le spectre du Brexit et son impact financier sur le budget européen alors que « nous souhaitons une pac cohérente, stable et attentive aux spécificités régionales. Nous avons besoin d’une vision à long terme en lien avec les investissements, les engagements financiers qu’exigent nos spéculations ».

Autre inquiétude : les menaces sur l’utilisation des produits phyto, et « toute la désinformation qui entoure ceux-ci, mais aussi les suspicions entretenues par certains responsables politiques qui ont terni l’image des agriculteurs et semé le trouble dans l’opinion publique, alors que les alternatives sont dérisoires. Il y va de l’avenir de certaines cultures. »

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Les pressions exercées par les centrales d’achats, mais aussi la compression des prix exercée par les industries de la transformation, la demande continue de garanties supplémentaires sur la qualité des productions primaires sans contrepartie ont également été relayées.

Les hôtes du jour ont encore insisté sur le besoin de filets de sécurité et d’une régulation de l’offre face à la volatilité de plus en plus fréquente et profonde des prix, fait état de leurs craintes pour l’avenir du secteur sucre et exprimé leur lassitude quant aux attaques à répétition sur la viande, le BBB, et bien d’autres sujets encore.

Dialogue « nourrissant »

À l’issue de ce dialogue sur le terrain, Charles Michel a rappelé combien l’agriculture est un secteur économique important, et s’est dit préoccupé par les nombreux points évoqués dont les difficultés dues au manque de perspectives claires à long terme. Il a également mis l’accent sur l’importance de l’enjeu européen et le contexte actuellement très délicat en lien avec le Brexit. « Ce dialogue nourrit notre capacité à porter la voix, les intérêts et les préoccupations de nos agriculteurs lors des conseils européens. »

M. de N.

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