Emmanuel Grosjean, coordinateur du Collège des Producteurs: «Se démarquer par l’équilibre»

d-20200812-GHDHL2 2020-08-10 11_47_57

Je dirais avant tout que c’est sa diversité qui assurera l’avenir de notre agriculture. Là où l’agriculture belge pourra se démarquer, ce sera dans l’atteinte d’un certain équilibre : entre valorisation en circuits longs et courts ; spécialisation et diversification ; cycles de production longs et cycles courts ; volume et qualité différentiée ; collaboration et entrepreneuriat ; audace et sécurité face aux risques…

La pyramide des âges toujours plus vieillissante, le coût du foncier, la pénibilité du métier et les faibles niveaux de revenus resteront des enjeux majeurs de la continuité et de l’attractivité du secteur durant les dix prochaines années. Tout comme notre interdépendance aux marchés (nationaux et internationaux), aux enjeux climatiques et aux mouvements de consommation qui resteront des facteurs essentiels avec lesquels nos modèles de productions devront continuer à construire des relations d’équilibre.

Quoi qu’il en soit, les Belges continueront à manger tous les jours. Cela représente une formidable opportunité pour notre agriculture. Comme embrayer dans la course à la production en protéines végétales, tant pour l’alimentation humaine qu’animale, ou encore se positionner dans la recherche et les alternatives aux produits de protection des plantes. Tout cela s’inscrit dans la stratégie publique de relocalisation de notre alimentation, qui repose sur le constat que les Wallons consomment 22 milliards d’équivalents alimentaires, tandis que nous n’en produisons que 3 milliards.

Relocaliser notre production primaire n’est donc pas uniquement une vision de circuits-courts ou de consommation intra-territoriale ; il y a d’importants enjeux économiques de reprise de marché, dans des volumes conséquents. C’est certain que la place est peut-être prise par d’autres pour le moment, mais elle existe…

Plus que jamais, l’avenir de nos productions agricoles sera tributaire de l’évolution de la valeur que les consommateurs donneront à l’alimentation. Va-t-on pouvoir conserver, voire augmenter, les 18 % de parts dans le panier des ménages belges ? Je suis persuadé que certaines valeurs feront la différence.

Dans notre société de consommation, la transparence et la communication seront inévitables. Par exemple en élevage, ceux qui s’en sortiront, seront ceux qui revendiqueront travailler sur les questions de bien-être animal…

Enfin, comme on l’observe en France, la collaboration entre agriculteurs, et entre les différents maillons des filières doit devenir essentielle. Pour maîtriser la filière de la fourche à la fourchette, dans une optique de juste rémunération pour tous les maillons. Parce que ne l’oublions pas, un prix juste, c’est l’affaire de tous…

Le direct

Le direct