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Fleurs de Froidville, d’ici et de saison: chez Annette et Alicia, quand on aime, on ne compte (presque) pas

Les fleurs de Froidville, c’est Annette et Alicia, une mère et sa fille, une cultivatrice et une fleuriste. Une heureuse association qui donne de jolis bouquets créés avec plaisir, à retirer en toute simplicité chez les deux intéressées.

Temps de lecture : 6 min

Annette et Alicia André vivent à Froidville, Stoumont, en province de Liège. A l’arrière de leur maison, non loin de la ferme familiale d’Annette que son frère exploite encore, les deux femmes ont développé une petite ferme florale sur une parcelle d’environ 1.000 m². Plusieurs dizaines d’espèces de fleurs ornementales vivaces et annuelles s’y épanouissent du printemps à l’automne.

Les mains dans la terre depuis toujours

Les semis et plantations sont plutôt du domaine d’Annette qui aime ça depuis son plus jeune âge: «J’ai toujours adoré les plantes. Enfant, mon livre de chevet était le catalogue Gonthier, j’ai très certainement testé la plupart des graines qui s’y trouvaient et j’ai consacré mes premières économies au matériel de semis. Plus tard, j’ai même cultivé les fleurs de mon mariage. Ensuite, j’ai eu mes enfants et, dans ce contexte, c’est le potager qui a davantage pris de place dans ma vie. Je me suis d’ailleurs plus particulièrement intéressée aux tomates qui me passionnent toujours ».

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Alizée André

Mais, les fleurs se rappellent à elle puisque sa fille, Alicia semble touchée par le même virus et, après des études horticoles, devient également fleuriste: « A la fin de mes études, j’ai été sollicitée par plusieurs copines pour réaliser la décoration florale de leur mariage. Les fleurs ont à nouveau envahi le jardin de maman et elles n’en sont plus sorties».

« J’aime gratter la terre, je me suis prise au jeu. Veiller sur mes semis, récolter les fleurs et ensuite les graines me procure beaucoup de bonheur. Je ne planifie pas, je repique et tout trouve toujours une place au jardin, à tel point que, même quand une plante élit domicile au mauvais endroit, on n’a pas le cœur de l’éliminer. On ne compte pas. Alicia me faisait des bouquets et cela me plaisait bien mais, on a quand même commencé à se demander ce que l’on pouvait faire de toutes ces fleurs », explique Annette.

La mère et la fille combinent leurs compétences et préférences. L’une à la plantation et aux soins, l’autre à la création.
La mère et la fille combinent leurs compétences et préférences. L’une à la plantation et aux soins, l’autre à la création. - Alizée André

Top départ

Et puis, en juillet 2020, elles décident de se lancer, un peu précipitamment. Etant fleuriste, Alicia s’intéressait pas mal à la vente de bouquets de fleurs locales. «Nous avions constaté que le concept était assez prisé à l’étranger. En Belgique, il commençait à se développer autour de Bruxelles mais pas vraiment dans notre coin. En effet, la météo y est encore moins docile que dans le reste de la Belgique, nous sommes plus exposés au gel. De plus, nous sommes situés en pleine campagne, est-ce que les gens allaient nous acheter des fleurs qu’ils pouvaient cultiver dans leur jardin ? Nous avons beaucoup échangé avec le groupement Belgium Slow Flowers qui regroupe des horticulteurs cultivant des fleurs de chez nous, dans le respect de la nature et des saisons dont nous faisons partie».

«Nous ne proposons et travaillions que ce que nous produisons».

Un bouquet vivant

Les fleurs de Froidville sont donc nées. La petite entreprise propose des bouquets ou montages mais aussi des seaux de fleurs ou de verdures pour les professionnels ou les particuliers voulant s’essayer à la création. L’idée est de répondre aux attentes des clients mais en considérant la saison et ce qui est présent au jardin: « Nous ne travaillions que ce que nous produisons. Nous essayons de satisfaire les demandes de couleurs si cela est possible mais souvent, c’est plutôt la surprise et c’est bien ça qui est magique. Nos bouquets ne sont pas figés, ils sont vivants et évoluent encore arrivés à destination ».

Alicia apprécie aussi proposer des éléments originaux : «J’aime travailler avec des espèces et des variétés peu commercialisées, glisser des plantes qu’on n’attend pas forcément dans un bouquet. Ça offre une approche différente. Certaines choses fleurissent encore, apportent des odeurs particulières, c’est assez enrichissant. On peut aussi se permettre d’utiliser des espèces plus fines et fragiles car les fleurs passent directement du jardin au destinataire et ne font pas le tour du monde».

Une partie des fleurs est également soigneusement récoltée et séchée naturellement : « Cela nous permet de proposer des compositions de fleurs séchées durant la saison morte. Nos fleurs ne sont ni blanchies, ni teintées ».

Alicia aime insérer des éléments originaux dans ses bouquets.
Alicia aime insérer des éléments originaux dans ses bouquets. - Alizée André

Un magasin, pas besoin

Les commandes se font au minimum 24h à l’avance et le retrait se fait au domicile des deux cultivatrices. « Je ne ressens pas vraiment le besoin d’avoir un magasin, ou alors peut-être simplement un atelier. Je veux vraiment rester sur le concept d’utilisation de ce qui est produit. Si le jardin ne nous le propose pas, on ne va pas le chercher ailleurs et le client s’adapte. C’est tellement plus vivant et surprenant. Il n’y a donc par vraiment besoin d’un magasin avec un étalage de propositions extérieures».

Certains produits sont aussi proposés dans des comptoirs de produits locaux ou quelques supermarchés qui ont une démarche « producteurs locaux ».

«Nos bouquets sont vivants et évoluent encore arrivés à destination».

Peut-on en vivre ?

Annette et Alicia s’occupent des fleurs de Froidville tout en conservant un emploi à l’extérieur, la première à mi-temps dans la vente, la seconde à temps plein en pépinière. « J’aime beaucoup mon travail et, en tant que jeune femme démarrant dans la vie, il m’est aussi tout à fait nécessaire. C’est bien de pouvoir faire de sa passion son métier mais il faut savoir en vivre. Nous sommes actuellement dans une phase de test. Les horticulteurs sur ce type de projet sont souvent seuls, ici nous sommes deux. La surface cultivée est trop petite pour pouvoir espérer en tirer deux salaires mais trop grande pour un temps plein seul. Nous nous organisons au mieux pour l’instant et nous avons encore besoin de prendre un peu de recul», dit Alicia.

Aux fleurs de Froidville, on a un grand cœur. Tout ce qui est semé et repiqué fini par trouver une place au jardin.
Aux fleurs de Froidville, on a un grand cœur. Tout ce qui est semé et repiqué fini par trouver une place au jardin. - D.J.

« Il est vrai que je n’ai jamais autant travaillé qu’aujourd’hui mais, je vis ma meilleure vie et passerais des heures dans mes serres et mes fleurs. Pour moi, la situation est un peu différente qu’Alicia, je m’inquiète d’être confortable pour les années à venir bien sûr mais, je suis déjà plus établie dans ma vie. Il y a énormément de choses à prendre en compte dans l’établissement d’un tel projet d’un point de vue économique mais aussi organisationnelle… Alicia cueille tard et tôt et m’épaule dans l’entretien et les soins aux plantes en soirée et durant son temps libre. On ne regrette rien mais on a des journées bien chargées».

A l’avenir les deux femmes espèrent aussi pouvoir proposer davantage leurs fleurs aux fleuristes : « On envisage d’ailleurs de leur proposer une porte ouverte ».

Les deux femmes ont donc encore de belles surprises colorées à offrir.

D. jaunard

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