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Devant les députés français, le commissaire Hogan évoque une «fenêtre d’opportunité» pour boucler la nouvelle pac

Le commissaire européen à l’Agriculture Phil Hogan a planché le 10 octobre pour la première fois devant les députés français pour tracer les perspectives de la future politique agricole commune d’après 2020, donnant quelques leçons « d’équité » au passage.

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La réforme de la pac a bel et bien commencé. tel est le message délivré par le commissaire en réponse à une question d’un député s’inquiétant d’un risque de report de la celle-ci au-delà de 2020. « Le cadre budgétaire sera publié en mai 2018, et je vais avancer une proposition législative en juin : entre cette date et les élections européennes, il y aura eu un débat », a-t-il dit en estimant la « fenêtre d’opportunité » pour parvenir à boucler la prochaine politique agricole commune à « neuf mois », et en rappelant avoir reçu 322.000 réponses à la consultation lancée par la Commission sur le sujet.

Des aides plus équitables

Interrogé sur la répartition des aides dans la future pac, il s’est dit d’accord avec le mot équitable, juste, loyal. Il a notamment souligné qu’il allait réessayer de proposer aux États membres un « plafonnement » des aides pour qu’elles puissent bénéficier à davantage de petits agriculteurs et éviter le phénomène de concentration actuel des aides, option refusée par le passé par le conseil des ministres (donc les États membres), et notamment la France.

« Je vais proposer un filet de sécurité pour garantir un certain revenu aux petits exploitants », a-t-il ajouté, tout en précisant qu’il faudra aussi utiliser d’autres outils de stabilisation des revenus ». Le commissaire à l’Agriculture a notamment cité les assurances pour gérer les incidents climatiques, mais sans répondre à la question posée par un député au sujet du seuil de déclenchement de ces assurances.

Interrogé sur la crise laitière et la responsabilité de la Commission qui a supprimé les quotas laitiers, Phil Hogan a semblé faire une sorte de mea culpa, au moins sur la date choisie pour libéraliser le marché laitier européen. « À l’époque, il y avait un excédent de l’offre de 3 %, donc le moment, en mars 2015, n’était vraiment pas opportun », a-t-il dit.

Les voyants « au vert » sur le marché du sucre

« Nous avons appris de cette leçon », a-t-il ajouté en faisant référence à la suppression des quotas sucriers qui vient d’intervenir en Europe cet automne, après un report de deux ans pour permettre à l’industrie de se préparer. « Nous avons les stocks de sucre les plus bas qu’on n’ait jamais eus », a-t-il dit en soulignant néanmoins que « 5 millions de tonnes de sucre arriveront sur le marché l’an prochain car les agriculteurs ont augmenté leur production. Nos indicateurs sont au vert pour 2018, et nous devons continuer à surveiller la situation pour qu’il n’y ait pas de surplus de production sans marché pour l’écouler ».

Au sujet des biocarburants, Phil Hogan a été interpellé sur la baisse du taux d’incorporation de 7 à 3,8 % proposée par la Commission européenne pour 2030. Il a renvoyé la balle dans le camp de la filière. « Celle-ci n’a pas été en mesure de livrer 7 % mais seulement 4 % » jusqu’ici. Et de considérer que « les 7 %, en fait, c’est l’industrie qui n’a pas été en mesure de les atteindre ».

S’il défend les accords commerciaux du Mercosur, en cours, le commissaire europen à l’Agriculture reconnaît cependant que la question de la viande bovine constitue un point très sensible.
S’il défend les accords commerciaux du Mercosur, en cours, le commissaire europen à l’Agriculture reconnaît cependant que la question de la viande bovine constitue un point très sensible. - M. de N.

Mercosur : du donant-donnant !

Le commissaire a par ailleurs vivement défendu les accords commerciaux en cours de négociation comme celui du Mercosur, tout en reconnaissant que la question de la viande bovine est un sujet « très, très sensible » sur lequel il essayait d’alerter le reste de la Commission. Les accords sont du « donnant-donnant », a-t-il rappelé.

Et le commissaire européen à l’Agriculture de conclure : « Dans l’ensemble des accords de libre-échange, nous essayons d’atteindre un équilibre raisonnable. Par exemple, des améliorations obtenues auprès du Japon ont pu récemment compenser les pertes sur la viande bovine avec le Ceta. »

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