Courants vagabonds: ne négligez pas vos mises à la terre!
Nervosité et amaigrissement des animaux, chute de la production laitière, augmentation des cas de mammites et du taux cellulaire dans le lait… Tant d’anomalies qui peuvent faire chuter la production laitière et impliquer bien des désagréments à l’éleveur. Si les causes peuvent être multiples et difficiles à déterminer, la piste des courants vagabonds est à explorer.
Au cours des dix dernières années, les étables laitières ont subi de nombreuses transformations. Entre agrandissement et installation de nouveaux équipements, la charge électrique des exploitations a augmenté, sans toujours être en adéquation avec les capacités de la structure existante.
Différence de tension entre éléments
Installation de traite, distributeurs automatiques de concentrés, robots et stations de charges… nombreux sont les appareils électriques dans une étable, dont l’infrastructure est généralement constituée de métaux, que ce soient les charpentes, bétons armés, cornadis, logettes…
En bonnes conditions, les conducteurs électriques isolés ne doivent pas connaître de pertes de courant. Pourtant, celles-ci ne sont pas à exclure ! En effet, un revêtement abîmé, des câbles rongés… peuvent entrer en contact avec une structure métallique et provoquer une différence de tension entre les différents objets s’ils ne sont pas reliés correctement d’un point de vue électrique.
Il suffit alors qu’un animal entre en contact avec ces deux conducteurs ou fasse office de prise de terre pour se faire traverser par un courant. On parle de courant vagabond, dès que ce flux électrique est suffisamment important que pour faire de l’animal un conducteur. Ils doivent absolument être évités au risque de voir les animaux dépérir.
Notons que les vaches sont beaucoup plus sensibles à ces courants que nous, humains. Par ailleurs, l’agriculteur, par le biais de ses semelles en caoutchouc, est isolé de la terre.
Tant à l’intérieur qu’à l’extérieur
Un agrandissement doit être bien pensé
Le plus souvent, on observe des problèmes dans les installations qui ont été adaptées. D’une manière générale, les nouvelles installations observent de près les règles et normes. Par contre, lorsque des modifications sont apportées, les normes et les règles sont suivies de moins près, ce qui peut compliquer ensuite le contrôle ultérieur de l’installation électrique.
Par ailleurs lesdits courants peuvent également apparaître au fil du temps. On pense notamment aux câbles dont l’isolation se détériore ou qui sont abîmés par des rongeurs ou la corrosion due à l’humidité et l’ammoniaque. Des problèmes peuvent être aussi observés par un impact mécanique (écrasement de l’isolation, frottement des câbles…), ce qui induit un courant vers une autre pièce métallique de l’étable. Le potentiel reste présent sur cet élément, jusqu’à ce que le bovin fasse liaison.
Des symptômes variés
Les effets sur les animaux ne sont pas uniformes ! Il est donc impossible de trouver la cause de certains symptômes ou comportements dans ces courants vagabonds. Voici néanmoins une liste non-exhaustive des comportements qui peuvent laisser présumer la présence de tels courants : nervosité, refus d’entrer en salle de traite, peu d’envie de manger ou de boire, traite irrégulière impossibilité de traite complète, des mammites, un taux cellulaire plus élevé…
Au niveau des abreuvoirs touchés, les vaches vont les éviter et en rechercher d’autres. Si ceux-ci ne sont pas disponibles, elles vont moins boire, ce qui va directement se traduire par une diminution de la production. Les conséquences sont donc également perceptibles pour les éleveurs qui enregistrent alors de sérieuses pertes économiques.
Un contrôle minutieux
Dans le cas d’une nouvelle construction
Lors d’une nouvelle construction, il est plus simple et meilleur marché de tenir compte dès la réalisation des plans de l’étable de la présence possible desdits courants et de prévoir des solutions dans ce sens.
Une fois la construction terminée, chaque appareil électrique doit être relié à la terre ou doublement isolé. Il en va de même pour tous les composants métalliques, comme les barrières, logettes, abreuvoirs, conduites, escaliers…
Notons qu’il faut faire particulièrement attention aux pièces en mouvements qui ne sont pas toujours reliées au reste de l’installation. Les portes doivent donc être souvent isolées des barrières avoisinantes.
Des solutions pour les structures existantes
Si des problèmes sont rencontrés dans des étables existantes, il est possible de prendre quelques mesures afin de les éviter. Le premier point consiste à contrôler la résistance de la prise de terre. Cette résistance doit être assez faible afin de garantir une prise de terre efficace. Si elle doit être inférieure à 30Ω pour l’agréation de l’installation, mieux vaut opter pour une valeur avoisinant 7Ω. Si cette résistance est trop élevée, on peut monter une électrode de prise de terre supplémentaire suffisamment loin de ladite prise existante (min. 15 m) et les relier ensuite.
Si la résistance de la prise de terre est suffisamment faible, il est conseillé de contrôler si tous les éléments conducteurs sont reliés entre eux et avec la prise de terre. Si on remarque que ce n’est pas le cas, on peut placer des conducteurs entre les éléments.