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Du jeune bovin à l’exportation
Si en 2017, 80 % de ses taurillons partaient à moins de 13 mois pour 20 % à 15 mois, il compte faire l’inverse cette année, d’autant que la production de carcasses alourdies est plus rentable. « Tout dépend du marché, de mon autoproduction en aliments ! Je travaille avec un négociant de confiance. Je lui vends des animaux, à lui de trouver la filière. »
Les jeunes bovins (JB) sont généralement abattus en France et destinés aux marchés internationaux : le moins de 13 mois part généralement pour la Grèce ou la Hollande, alors que le 14-18 mois part pour l’Italie.
Pour Vincent Loiseau, directeur de l’organisme de sélection parthenais, présent lors de la visite, les carcasses de JB sont destinées aux boucheries traditionnelles haut de gamme. Quelque 97 % de celles-ci sont classées E et U.
De la femelle de boucherie
Côté vaches, la femelle de boucherie a clairement la cote en France. Le fleuron ? Une vache abattue entre 4 et 7 ans, qui a été engraissée entre six et neuf mois. Emmanuel en abat une soixantaine par an qui ont en moyenne 5 ans et qui ont eu deux ou trois veaux.
Vincent Loiseau l’explique : « Le système de commercialisation de cette viande premium dans un marché de niche ne permet pas de la faire vieillir très longtemps. Plus l’animal va vieillir, plus le prix va baisser. Les éleveurs les écoulent donc dans cet écart d’âge. »
Cela n’empêche pas Emmanuel d’avoir des vaches de 10 ans, mais elles sont rares dans la stabulation.
« On doit opérer un tri. On sélectionne les vaches par rapport à la qualité de leur premier vêlage, le caractère… au second vêlage, on affine un peu les choses. Plus elles vieillissent, plus elles sont réussies et le jour où elles ont des difficultés à être pleine, on opère de nouveau un tri. »
Dans la race, la plupart des génisses, sont mises à la reproduction, une sélection sera réalisée après le premier vêlage. Emmanuel : « Aujourd’hui, sur le marché français les parthenaises, à conformation équivalente, sont mieux négociées si elles ont un ou deux ans de plus. Nous n’avons donc pas d’intérêt à les vendre trop tôt. »
Engraissement : un menu identique pour tous
Pour l’alimentation des animaux, le gaec dispose de 177 ha : 88 ha de prairies, 20 ha de maïs ensilage, 50 ha de céréales à paille et 20 ha de colza.
En fourrage grossier, il privilégie un enrubannage de Ray-grass anglais et de trèfle. « Je fauche la prairie assez rapidement avant épiaison pour avoir un maximum d’azote soluble dans la ration », explique Emmanuel.
Pour son concentré, il mélange du maïs sec aplati, du triticale, de la pulpe de betterave, de la luzerne, de la plaquette de lin…
L’avantage de la ration ? Il achète les matières premières mais produit ses céréales, et réalise lui-même son mélange. « En céréales, je produis largement ce qu’il faut avec près de 450 t par an. J’en garde généralement le tiers pour l’autoconsommation. »
Quel que soit le lot d’animaux à engraisser, la ration est toujours la même.
Les jeunes bovins consomment entre 7 et 8 kg de concentré par jour.
Vincent Loiseau : « Dans le berceau de la race, on est davantage sur une ration à base d’ensilage de maïs. Les éleveurs peuvent donc se permettre d’abattre en entre 16 et 18 mois. Ici comme le concentré est plus cher, on abat plus précocement. »
Pour l’éleveur, le gain quotidien moyen avoisine les 1,8 kg par jour et par animal. « Cela peut varier entre 1,6 kg/jour et 2,2 kg quand ils sont en finition.
Pour les vaches, pas de secret, la ration est la même que pour le JB mais à volonté.
Si pour beaucoup d’éleveurs la phase d’engraissement se déroule exclusivement à l’intérieur, Emmanuel préfère laisser ses animaux plus longtemps au pré pour qu’ils grandissent. « Quand ils rentrent à l’étable, ils peuvent vraiment produire de la viande ! Les parthenais, c’est difficile de leur mettre du gras ! »
Avec la parthenaise, Emmanuel Guerlais a pu toucher un marché de niche très rémunérateur. Dans la gamme premium, Emmanuel reçoit 6 euros par kg de poids carcasse, un prix auquel il doit encore soustraire la commission du marchand, mais celle-ci reste très raisonnable.

Des vêlages majoritairement groupés sur trois mois de l’année
En termes de reproduction, Emmanuel a opté cette année pour 50 % d’insémination artificielle et 50 % de monte naturelle pour les 120 mères.
Pour lui, l’utilisation des taureaux peut être aléatoire. Sept taureaux pourront travailler cette année. Si le sperme de l’un ou l’autre mâle est prélevé en paillettes, certains se verront saillir des lots de 15 vaches quand d’autres n’auront qu’une femelle à monter de temps à autre. « Certains sont à l’essai. Nous observerons les veaux afin de savoir si ce reproducteur pourra travailler davantage l’année suivante. On ne veut pas prendre trop de risque et avoir assez recul », explique-t-il. Notons que sur les génisses, il favorise toujours des origines à vêlages faciles.
Quant à l’insémination, il la réalise le plus souvent sur chaleurs naturelles pendant une dizaine de jours. Les cinq suivants, il donne un traitement aux génisses pour que sur les 15 jours, il puisse avoir 80 % des femelles qui mettent bas au bout des neuf mois. « Je regroupe au maximum les vêlages. D’août à octobre, 80 % des mères ont vêlé. Les retardataires iront jusque janvier. »

La transplantation embryonnaire pour élever la qualité des animaux
Et pour améliorer la qualité du cheptel, l’éleveur transplante des embryons que ce soit sur ses moins bonnes génisses ou sur des vaches aux origines moins intéressantes.
« On produit une trentaine d’embryons par an, mais je ne les utilise pas forcément tous ! J’en garde en stock et je peux aussi en vendre. On connaît ainsi la valeur génétique disponible en stock ! »
Et si dans quelques années, l’éleveur veut revenir sur une lignée particulière, il peut aisément en retrouver. Depuis qu’il a commencé à utiliser la technique en 2004, il a produit plus de 600 embryons.
Autrefois exploitée pour le lait, le travail et la viande, la race parthenaise s’est spécialisée dans la production de viande haut de gamme en système allaitant classique. Un choix davantage dicté par la survie de la race car en 1988, on ne dénombrait plus que 7.800 vaches. Trente ans plus tard, le cheptel a pu s’étoffer pour atteindre les 48.000 individus. Le marché très rémunérateur de sa viande a pu créer un engouement auprès des éleveurs qui ont tous orienté leur sélection de la même façon.
Une race régionale qui se développe hors de son berceau
Cette race de couleur froment avec des muqueuses noires, est aujourd’hui en plein renouveau et connaît un fort développement tant dans son berceau d’origine, la Gâtine des Deux-Sèvres, que dans les départements environnants du Poitou-Charentes et des Pays de Loire. Les effectifs ont été multipliés par 7 en 30 ans passant ainsi de 7 000 vaches en 1988 à plus de 48 000 en 2018. Quelques noyaux se développent sur le reste du territoire métropolitain (Régions Nord Pas-de-Calais Picardie, Midi Pyrénées et Bourgogne). La race est également présente en Outre-Mer (Réunion et Guadeloupe) ainsi qu’à l’étranger (principalement Europe et Amérique du Nord)
De bonnes qualités d’élevage et d’excellentes qualités bouchères
Dotée d’une bonne fertilité et d’une forte valeur d’allaitement de par ses anciennes origines laitières, la parthenaise compte 95 % de vêlages faciles.
Côté qualités bouchères, elle dispose d’une excellente renommée auprès de la filière viande qui lui réserve des circuits de commercialisation haut de gamme.
Les raisons :
– 95 % de carcasses E et U ;
– finesse d’os ;
– viande maigre ;
– rendement carcasse : 62 à 67 % ;
– rendement en viande nette commercialisable : 80 à 82 % ;
– rendement en morceaux nobles : 60 % ;
– tendreté et finesse du grain de viande.
Un schéma de sélection simple, dynamique et efficace
Aujourd’hui, quelque 700 élevages sont liés à la race. Détenue à 80 % par des naisseurs engraisseurs, les objectifs de sélection de la race ont été définis dans l’optique de produire des carcasses hautement valorisées aussi bien du côté mâle que femelle.
Animé et coordonné par l’Organisme de Sélection (OS) de la race parthenaise, le programme d’amélioration génétique s’articule autour du contrôle de performances en ferme. En 2014, plus de 50 % des vaches étaient contrôlées.
Une centaine de reproducteurs, issus de parents inscrits au livre et qualifiés, sont évalués chaque année à la station d’évaluation raciale sur des critères comme la croissance, le développement musculaire, squelettique et la pelvimétrie (moyen de mesure de l’ouverture de bassin des animaux). Le recrutement des futurs taureaux d’IA est effectué parmi les meilleurs mâles évalués de la station. En moyenne un taureau sur deux est conservé.