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À l’étable comme au champ, l’expansion du bio wallon semble inarrêtable

Boostées par la demande des consommateurs, certaines filières végétales et animales bio ont enregistré une croissance particulièrement forte en 2018. Mais plus globalement, c’est tout le secteur qui s’affiche en bonne forme, en témoigne la hausse du nombre de fermes et de la SAU sous contrôle bio en Wallonie.

Temps de lecture : 6 min

Au 31 décembre 2018, la Wallonie recensait 1.742 fermes sous contrôle bio (100 % bio ou mixtes bio-conventionnel), soit 13,7 % des fermes régionales. Cela représente près d’une exploitation wallonne sur sept, souligne Biowallonie, la structure d’encadrement de la filière bio, dans son bilan annuel.

En 2018, 117 fermes ont fait le choix du bio, ce qui représente une augmentation de 7 %. Pour la troisième année consécutive, le nombre de nouvelles exploitations bio wallonnes est supérieur à 100. Et depuis 2009, ce sont près de 1.000 nouvelles fermes qui ont opté pour ce mode de production (figure). Par ailleurs, 71 % des fermes sous contrôle bio le sont totalement.

La surface agricole utile (SAU) consacrée au bio progresse, elle aussi, de 7 % par rapport à 2017. La SAU sous contrôle bio atteint aujourd’hui 81.087 ha (+5.015 ha), soit 11 % de la SAU totale wallonne (figure). Ces 15 dernières années, les surfaces bio ont pratiquement été multipliées par 4 dans notre région.

FIGURE 1

Au sud du pays, la surface agricole moyenne d’une ferme bio est de 46,6 ha, soit 11 ha de moins que la moyenne wallonne. Toutefois, 20 % des fermes bio wallonnes cultivent moins de 10 ha en bio. Elles sont 9 % à posséder plus de 100 ha bio.

Un nouveau boom pour les fruits et légumes

Suivant l’évolution importante du nombre de tête de bétail (+24 %, lire ci après), la surface dédiée aux prairies progresse aussi. Pas moins de 2.800 ha de prairies sont passés sous contrôle bio, soit une hausse de 4,7 % entre 2017 et 2018. Trois-quarts de ces surfaces sont situés en province de Luxembourg et de Liège.

Même si les prairies composent 77 % du paysage agricole bio wallon (86 % en 2011), leur proportion diminue d’année en année pour faire place aux grandes cultures (19,6 % du paysage), souligne Biowallonie. Cette proportion reste toutefois élevée en raison du grand nombre d’élevages bovins certifiés bio mais aussi par la spécificité de la filière qui requiert une surface prairiale importante pour assurer une autonomie fourragère maximale des fermes.

Les grandes cultures (céréales, cultures fourragères, pommes de terre, oléagineux et protéagineux) continue de progresser fortement (+10 %), avec plus de 1.400 nouveaux hectares. Cette progression suit la demande croissante en céréales bio, tant alimentaires que fourragères. 37 % des grandes cultures sont situés en province du Luxembourg. Suivent les provinces de Namur (23 %) et de Liège (16 %), le Hainaut (14 %) et le Brabant wallon (10 %).

En 2018, 52 % des grandes cultures bio sont des céréales (et assimilés) dont les plus courantes sont le froment, l’épeautre, le triticale, l’orge et l’avoine (par ordre d’importance). 39 % sont des cultures fourragères. Les pommes de terre occupent 5 % des terres bio wallonnes.

Les cultures maraîchères ont bondi de 50 % entre 2017 et 2018. Cela représente 599 nouveaux hectares. Les surfaces légumières bio wallonnes se répartissent comme suit : Liège (31 %), Hainaut (27 %), Brabant wallon (24 %), Namur (13 %) et Luxembourg (5 %). Ces nouvelles productions de légumes font suite à l’importante demande des entreprises et consommateurs belges, analyse la structure d’encadrement.

Du côté des cultures fruitières, on note une progression importante de 17 %. 55 nouveaux hectares bio ont été répertoriés. Les vergers et vignobles bio se trouvent principalement en province de Namur (41 %). Derrière, on retrouve la province de Liège (19 %), le Hainaut (18 %), le Brabant wallon (16 %) et le Luxembourg (6 %).

La production de semences et de plants a quasiment quadruplé en un an (+276 %) sur le territoire wallon, passant de 69 ha en 2017 à 258 ha en 2018. Selon Biowallonie, c’est la production de semences qui a fortement augmenté, et plus particulièrement la production de semences céréalières. La quasi-totalité de ces hectares est située en province de Luxembourg, Liège et Namur (247 ha).

Enfin, les jachères, engrais verts et parcours extérieurs retrouvent quelques couleurs (+26,1 %) après avoir reculé considérablement (-60 %) entre 2016 et 2017.

Le tableau fournit un récapitulatif de l’évolution de la superficie sous contrôle bio depuis 2011.

TABLO BIO

Un peu moins de bovins…

Au cours de l’année 2018, le nombre d’animaux bio a augmenté de plus de 707.000 unités (toute espèce confondue), soit, comme l’année dernière, un bond de 24 %.

En croissance constante depuis 2006, le nombre de bovins bio a très légèrement diminué en 2018 (-2 %), pour atteindre 100.825 têtes (voir figure). La moitié des bovins bio est élevée en province de Luxembourg.

FIGURE 13

Le nombre de vaches viandeuses est resté stable (-0,9 %). Cela peut s’expliquer en partie par le fait que l’offre est supérieure à la demande dans ce secteur, détaille Biowallonie.

Plus de 1.200  vaches laitières supplémentaires sont traites en bio en Wallonie, soit une hausse de 7 %. La filière lait poursuit donc sa marche en avant, mais plus calmement qu’en 2016 et 2017.

… mais une véritable croissance des porcs

Pour la deuxième année consécutive, le secteur porcin bio wallon affiche une forte croissance (+29 %). 10.204 porcs gras ont été vendus en 2018, soit 2.200 de plus qu’en 2017. Le nombre de truie a, quant à lui, augmenté de 28 %, avec 186 truies supplémentaires. Après plusieurs années de crise, le secteur reprend des forces, notamment grâce à la création du Groupement de producteurs de porcs bio, en 2016, et à la hausse des prix.

Toutefois, la Wallonie importe encore des porcs engraissés des pays limitrophes en raison d’une demande interne supérieure à l’offre. Environ 11.500 porcs bio ont été importés, principalement en provenance des Pays-Bas, de Flandre, d’Allemagne et du Grand-Duché de Luxembourg.

Les porcs bio wallons sont élevés majoritairement dans les provinces de Luxembourg (39 %), Namur (27 %) et Hainaut (24 %).

La filière avicole crie « cocorico »

La filière avicole poursuit son expansion, dopée par la demande des consommateurs. Le nombre de poulets de chair (vendus) a grimpé de 24 % entre 2017 et 2018. Plus de 600.000 poulets supplémentaires ont été commercialisés l’année passée, pour un total de 3.086.989 têtes. Le nombre de poulets de chair vendus a quasiment doublé depuis 2014, soit en 4 ans à peine, constate Biowallonie.

Plus de la moitié des poulets bio ont été élevés en province de Namur (54 %). La province de Luxembourg compte 23 % des poulets, Liège 14 %, le Hainaut 6 % et le Brabant wallon 3 %.

Dopée par la demande, l’aviculture bio wallonne enregistre une nouvelle croissance  impressionnante : +24 % pour les poulets de chair et + 35 % pour les poules pondeuses.
Dopée par la demande, l’aviculture bio wallonne enregistre une nouvelle croissance impressionnante : +24 % pour les poulets de chair et + 35 % pour les poules pondeuses. - J.V.

Alors que la filière poulet de chair suit une croissance relativement linéaire, la filière poules pondeuses explose véritablement depuis 2010. En 2018, celle-ci a – encore une fois ! – connu la plus forte progression en ce qui concerne l’élevage bio. Elle enregistre un saut de 35 %, pondeuses et futures pondeuses confondues.

La filière compte actuellement 282.879 poules pondeuses, soit plus de 74.000 animaux supplémentaires par rapport à 2017 (+36 %). Les élevages sont répartis sur l’ensemble de la Région mais sont principalement présents en province de Namur. Le nombre de poulettes futures pondeuses s’élève à 123.660 (+34 %). Les élevages de poulette sont situés exclusivement dans la province de Namur (62 %) et le Hainaut (38 %).

Davantage de caprins et pintades

La filière ovine, en constante évolution depuis 2009, a enregistré une très légère baisse en 2018 (-1 %). Elle compte 21.972 animaux, dont les trois-quarts sont élevés dans les provinces de Luxembourg et Namur.

De son côté, la filière caprine poursuit sa croissance amorcée en 2016. On y recense 300 chèvres bio supplémentaires (+17 %). C’est la province de Liège qui accueille le plus de chèvres bio avec plus de la moitié du cheptel wallon (55 %).

En 2018, la Wallonie comptait également 2.585 autres animaux bio, principalement au sein de filières de niche  : 1.339 équidés, 861 volailles (pintades et canards), 307 cervidés et 78 lapins. Ce nombre reste marginal au regard des autres résultats, mais progresse néanmoins de 37 % grâce au développement d’un élevage de pintades.

L’aquaculture bio wallonne représente 776 kg de poissons commercialisés en 2018 (+31 %). Trois nouvelles ruches sont passées sous contrôle bio, portant le total de ruches certifiées à 27.

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