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Un modèle d’agriculture plus locale et plus écologique serait tout bénéfice

Le passage en Wallonie à une agriculture moins consommatrice de produits chimiques, inscrite davantage dans les modèles du bio et de l’élevage extensif et plus tournée vers les marchés locaux est tout à fait viable économiquement et charrierait de nombreux bénéfices sociétaux, selon une étude réalisée par l’UCLouvain à la demande du ministre wallon de l’Environnement, Carlo Di Antonio.

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Cette étude, dont on a pris connaissance à l’occasion de la Foire agricole de Libramont, avance deux trajectoires à long terme possibles pour l’agriculture wallonne. Le premier scénario, dit «tendanciel», consiste, en gros, à poursuivre sur la tendance en cours, sans grand changement de cap. Cela donnerait lieu, en 2050, à une diminution des pesticides de l’ordre de 20% mais aussi à une baisse de 16% (ou 172.206 hectares) de la surface agricole en Wallonie, qui est actuellement de 717.527 hectares. Et 15% de la surface agricole en Wallonie seraient alors en bio (contre 9% actuellement).

Le second scénario, celui d’une agriculture à faibles intrants, passant par le développement du bio et des systèmes extensifs, se traduirait par une réduction de 44% des pesticides en 2050 et une préservation de la surface agricole wallonne et singulièrement des prairies permanentes. Dans ce cas de figure, 40% de la surface agricole au sud du pays seraient en bio. Ce second modèle agricole, à faibles intrants, «respecte bien les spécificités de la Wallonie en valorisant ce que l’on fait au niveau local plutôt que de faire compétition avec l’international», explique Philippe Baret, professeur d’agronomie à l’UCLouvain et l’un des auteurs de l’étude. Il permet également de nourrir la Wallonie et Bruxelles. En outre, «c’est un choix économique pertinent car les revenus des agriculteurs seraient moins dépendants des marchés internationaux et de Trump. Et cela répond aux attentes de la société en matière de santé et d’environnement».

Car, selon l’étude, la valeur ajoutée brute de l’agriculture wallonne est actuellement d’environ 800 millions d’euros par an. Mais si l’on tient compte de toutes les externalités (dégâts environnementaux, de santé, etc.), c’est-à-dire «les coûts qui ne sont pas incorporés dans le prix mais qui sont payés par la société», lesquels sont estimés à un milliard d’euros par an, alors la valeur ajoutée nette du secteur agricole devient négative. Par contre, en passant à une agriculture à faibles intrants, les externalités diminuent nettement et la valeur ajoutée nette redevient positive.

Si les bénéfices semblent évidents, la difficulté est d’amorcer le passage d’un modèle agricole à un autre. Le plus gros des efforts devrait être produit avant 2030. Quoi qu’il en soit, pour Philippe Baret, «on ne peut à la fois pousser un modèle plus écologique, plus biologique et soutenir une logique productiviste et de compétitivité.» «C’est une illusion sur le long terme. Je plaide pour que l’on pose des choix maintenant pour qu’ils puissent être mis en œuvre pour 2030 et 2050», ajoute le scientifique, pour qui c’est au politique de décider d’un cap à suivre. A l’heure actuelle, l’agriculture biologique représente 9% des surfaces cultivées en Wallonie. Les spéculations agricoles les plus consommatrices de pesticides sont les cultures de pommes de terre et de betteraves.

(Belga)

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