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Premier bilan de la moisson: des rendements souvent très satisfaisants… des prix qui le sont moins

Après une récolte bonne à très bonne en escourgeon, la moisson des froments touchait à sa fin, en début de semaine, sous des perspectives semblables. Un bilan quantitatif positif donc par rapport à l’an dernier… mais les prix ne suivent pas !

Temps de lecture : 6 min

En ce début août, l’heure est venue d’un premier bilan d’une moisson 2019 qui en termes de rendement n’aura généralement pas déçu. Au moment de l’épiaison, on tablait sur un début de moisson des escourgeons vers le 8-10 juillet. En fait, avec la très bonne luminosité, le bon temps qui a suivi, le petit coup de chaud de juin, la maturité a bien progressé et la récolte des orges d’hiver a commencé plus tôt que prévu pour se terminer vers la mi-juillet.

Les déceptions ont été rares du côté des escourgeons qui ont procuré de meilleurs rendements qu’en 2018!
Les déceptions ont été rares du côté des escourgeons qui ont procuré de meilleurs rendements qu’en 2018!

Très peu de déceptions en escourgeon

Petit retour en arrière, en commençant par les orges d’hiver, en compagnie d’Olivier Henroz, responsable céréales chez WalAgri. En moyenne, en retirant les valeurs extrêmes inférieures et supérieures, les escourgeons ont livré cette année 15 % de rendement en plus que l’an dernier, soit de l’ordre de 10-11 t/ha, avec une très bonne qualité d’ensemble (poids spécifique de 64-65 kg/hl), une belle couleur et aucun réel problème. « La céréale a échappé aux gros coups de chaleur et s’il y a malheureusement toujours quelques résultats décevants, ceux-ci sont plutôt rares. »

Une récolte des froments en deux étapes…

Les blés ont connu une arrivée à maturité beaucoup plus étalée comparativement, à l’escourgeon, en fonction des régions, des variétés et des dates de semis.

Les premières récoltes ont commencé timidement une semaine avant la Foire de Libramont, vers la fin de la deuxième décade du mois de juillet. Le temps était magnifique et propice à la moisson ; çà et là, les agriculteurs prenaient des échantillons sur quelques mètres, mais le grain n’était souvent pas encore parfaitement mûr, et dans ce cas il était évidemment préférable d’attendre le moment propice. Même à 15-16 % d’humidité, il pouvait y avoir encore du grain vert, de la paille verte… La chaleur était présente, mais pas encore caniculaire.

Elle l’est rapidement devenue : les températures record observées autour des 40ºC ont été le déclencheur généralisé de la moisson, avec une première – et aussi la plus soutenue – journée de récolte, le vendredi 26 juillet. « Dans toutes les régions, nos dépôts ont réceptionné intensivement, alors que, les jours précédents, la mobilisation des différents sites était très inégale. »

Les pluies survenues, localement parfois déjà la veille (orages très préjudiciables localement), puis le vendredi soir 26 juillet et le samedi 27 ont marqué un virage sur le plan qualitatif.

« Avant ces premières pluies, la qualité était très bonne, avec un PS moyen de quelque 80 kg/hl – et des pointes jusque 88 kg/ha ! La teneur en protéines des premiers blés hâtifs était bonne également.

… avec une chute qualitative après les pluies

« Après les quelques premiers jours de moisson, la teneur en protéines s’est subitement dégradée, fléchissant de 11,9 % de moyenne à 11,5 %, tous nos dépôts confondus, pour terminer, le 5 août, à 11,1 %, toutes variétés confondues », poursuit notre interlocuteur. Cette année, les bons blés seront autour des 11,5 % de protéines.

Sans impact perceptible sur les rendements, les pluies de la fin juillet ont pénalisé de manière assez étonnante... et de plusieurs points le poids spécifique des blés.
Sans impact perceptible sur les rendements, les pluies de la fin juillet ont pénalisé de manière assez étonnante... et de plusieurs points le poids spécifique des blés. - M. de N.

Et Olivier Henroz de mettre également en lumière la chute du poids spécifique après les pluies. La moisson a recommencé le lundi 29 juillet et s’est poursuivie le mardi et le mercredi, et qu’a-t-on vu ? Une chute des PS quasiment de 5 points à 73-75 kg/hl en moyenne. « J’ai rarement observé une baisse aussi nette sur une période aussi courte (3 jours). Est-ce dû à la prise d’humidité rapide d’un grain qui était alors très sec ? »

Les poids spécifiques ont ensuite préservé cette valeur moyenne de manière très régulière jusqu’au soir du 5 août.

Et les rendements de ces blés?

À à l’exception des terres trop filtrantes, caillouteuses et à sable, ils s’affichent en moyenne dans une gamme de 9 à 11 t/ha, avec des pics à 12 t/ha en Hesbaye, dans les terres profondes.

Ces bons à très bons rendements n’ont jamais fléchi à mesure que progressait la récolte. Au final, en moyenne, on peut tabler sur un surplus de l’ordre de 10 à 12 % par rapport l’an dernier, à l’exception des terres difficiles (Ardennes, terres argileuses…). Les moins bons rendements dans le Condroz sont de l’ordre de 8 à 8,5 t/ha.

Au 6 août, il restait moins de 5 % des surfaces à collecter chez WalAgri, à savoir les régions tardives et du côté du Condroz.

Après les records de chaleur enregistrés pendant 4 jours fin juillet, des orages mêlés de grêle ont localement causé de lourdes pertes.
Après les records de chaleur enregistrés pendant 4 jours fin juillet, des orages mêlés de grêle ont localement causé de lourdes pertes. - M. de N.

L’épeautre: la mauvaise surprise!

De manière très étonnante, les épeautres s’écartent de la tendance positive observée pour les orges et blés d’hiver, avec des rendements en baisse, les meilleurs s’affichant souvent à 8,5 t/ha. Ce qui signifie un recul de 10 à 15 % par rapport à 2018.

Des prix plutôt bas

Cette hausse de la production va malheureusement peser sur les prix, confirme Olivier Henroz, d’autant plus qu’elle est partagée. Chez nos voisins français, notamment, avec plus de 39 millions de tonnes, le blé enregistre sa deuxième meilleure récolte depuis 2015. Cette progression est liée au rendement(+12 %), mais aussi aux surfaces (+2,7 %), au plus haut niveau depuis 3 ans.

« Une récolte que la France qualifie de qualité – un peu étonnamment car on connaît l’antagonisme entre rendement et protéines – qui devrait leur permettre d’exporter vers l’Afrique du Nord. »

Du côté de la Russie, les semis étaient en progression et pouvaient conduire à un record attendu de quelque 82 à 83 Mt, mais au final, la production de blé n’atteindrait « que » 70 à 72 millions de tonnes. Ce pays, comme l’Ukraine, sera à nouveau un grand acteur sur les marchés d’exportation.

« On s’oriente donc vers de bas prix. Il y a quelques mois, nous annoncions aux agriculteurs des perspectives de prix entre 140 et 150 euros. Aujourd’hui, les escourgeons sont à 134-135 euros/t et les blés à quelque 145 euros/t.

Pour la suite, c’est toujours vers le prix du maïs qu’il faut se tourner, car il détermine la tendance haussière ou baissière. Les semis et la floraison ont connu des conditions difficiles aux États-Unis. Le département américain de l’Agriculture donnera des informations à ce sujet le 12 août. Ce rapport est très attendu par les marchés. Peut-on espérer si les perspectives sont mitigées pour la production du maïs américain, un impact positif pour les prix de nos blés ? C’est possible mais le gain ne serait pas très élevé.

Le degré d’équipement dans notre pays est tel qu’en période propice au battage des céréales, les surfaces sont «avalées» à grande vitesse.
Le degré d’équipement dans notre pays est tel qu’en période propice au battage des céréales, les surfaces sont «avalées» à grande vitesse. - M. de N.

Morosité en colza

Les prix du colza sont mauvais. Les semis de l’automne 2018 ont été fortement amputés dans notre pays, comme en France et en Allemagne (-20 à 25 %). Chez nous, les rendements ont souffert de conditions difficiles tout au long de la saison et sont souvent de l’ordre de 2,5 à 3,6 t/ha ; les 4 à 4,5 t/ha sont rarissimes.

M. de N.

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