Le sorgho est une plante monocotylédone de la famille des Poaceae, originaire d’Afrique. Cette plante herbacée annuelle ou vivace peut atteindre jusqu’à 3,5 à 4 m de haut pour certaines variétés et porte une inflorescence terminale en panicule compacte. Celle-ci regroupe des épillets d’une ou deux fleurs bisexuées.
Le sorgho possède un système racinaire puissant, capable de descendre rapidement à une grande profondeur du sol (jusqu’à 2 m) pour y extraire de l’eau et les éléments nutritifs. Cette particularité lui permet une grande résistance à la sécheresse. Ses besoins en eau sont en moyenne 20% plus faibles que ceux du maïs.
Il s’agit comme le maïs ou le miscanthus d’une plante en C4, qui supporte bien les températures élevées
Différents types de sorgho

Exigeant en température pour un bon départ

Le désherbage, une étape délicate... et essentielle
Le sorgho est une culture sensible à la concurrence des adventices. La réussite du désherbage est un point clé dans l’itinéraire. Actuellement, seuls le Gardo Gold (S’métolachlore + terbuthylazine) et le Stomp Aqua (pendiméthaline) sont agréés sur la culture de sorgho, ce qui ne permet pas de contrôler de manière satisfaisante les principales dicotylées ou d’éliminer les graminées après leur levée.
Cette année, le Centre indépendant de promotion fourragère (Cipf) a installé des essais visant à étudier la sélectivité de différentes substances actives en pré ou en postémergence sur un assortiment de 10 variétés.
L’objectif dans ce contexte est donc de solliciter des extensions d’agréation sur sorgho pour les quelques substances actives complémentaires et sélectives de la culture. Un autre essai a pour but d’adapter les doses et de trouver des complémentarités entre les matières actives pour permettre le traitement herbicide si possible en un seul passage avec la meilleure sélectivité et efficacité. Sur base de ces essais, il est déjà acquis que le nicosulfuron et le Laudis OD ne seront pas utilisables sur sorgho en raison d’un manque de sélectivité. Le désherbage mixte sera testé l’an prochain.
Pas de traitement phyto après le désherbage
Comme le maïs, le sorgho est peu dépendant de traitements phytos. Le feuillage reste parfaitement sain et aucune intervention n’est réalisée contre les insectes ou champignons.
Autre avantage, dans les régions où le sanglier pullule, le sorgho n’est pas consommé par celui-ci.
Des rendements tributaires des températures
Le Cipf mène depuis 7 ans des essais comparant le potentiel de production de différentes variétés de sorgho sucrier. Les parcelles sont récoltées et pesées avec une ensileuse pour parcelles d’essais.
Si l’on examine les résultats obtenus de 2014 à 2018 pour la production de sorgho sucrier ensilé (tableau 1), la meilleure année a été 2014. En effet, elle alliait température élevée et pluviométrie bien répartie tout au long du cycle. L’année 2015, déficitaire en température par rapport aux quatre autres, n’a permis qu’à une seule variété sur quinze d’atteindre un stade optimal de récolte. L’année 2016, beaucoup trop pluvieuse en juin a été la plus décevante.

En 2018, avec une taille moyenne des sorghos – entre 1,5 à 3,5 m selon les variétés –, les rendements variaient de 12 à 18,3 t (15 variétés testées) de matière sèche alors que la variété de maïs témoin Es Metronom atteignait 16,7 t de MS. Les teneurs en matières sèches au 8 octobre étaient comprises entre 19,5 et 43% selon les variétés. Sur les 15 variétés mises en essai, huit dépassaient 27,5% de MS.
Vu que le sorgho ne produit pas d’épi comme le maïs, la teneur en matière sèche est plus homogène dans la plante. Idéalement, le sorgho sucrier s’ensile au-dessus de 28% de matière sèche. En dessous de 27% de MS, le silo de sorgho coulera et donc une partie importante de l’énergie (sucres solubles) sera perdue par les jus.

La variabilité des valeurs alimentaires est plus grande que pour le maïs fourrage. L’an dernier, les valeurs VEM/kg de MS variaient de 700 à 935 VEM alors que le témoin maïs atteignait dans cet essai 900 VEM/kg de MS. Par contre, certaines variétés peuvent s’avérer sensibles à la verse.
Le Cipf réalise un tri parmi les variétés depuis 2013 en recherchant la précocité, la tenue de tige et les paramètres qualitatifs.
Concernant les variétés testées en 2018, les deux plus productives (Es Styx et Amiggo) avec une teneur en matière sèche suffisante atteignaient des rendements compris entre 16,7 et 18,3 t de MS. De très grande taille, elles présentaient toutes deux de très hautes teneurs en sucres solubles (16 à 21%). Par contre, elles produisaient peu d’amidon (1 à 3%), avaient une digestibilité de la matière organique relativement faible (60%) et apportaient en moyenne 700 VEM à la ration.
A titre de comparaison, le maïs (variété demi-précoce, type fourrage, Es Métronom) semé dans cette parcelle présentait les valeurs alimentaires suivantes : teneur en amidon 31%, teneur en sucres solubles 9,3%, digestibilité de la matière organique 71,8% et valeur VEM 902 g/kg de MS.
Sur la parcelle d’essai installée à Corroy-le-Grand, la majorité des variétés de sorgho utilisables (Supersile 18, Sherkan, Vegga et Swing par exemple) dans nos contrées avait en 2018 une production de 14,5 t de MS. Leur teneur en sucres solubles est élevée, comprise entre 6,3 et 14,8%, associée à une teneur amidon moyenne (13 à 28,7%) et une bonne digestibilité de la matière organique (65 à 73%). Elles permettent d’atteindre des valeurs VEM (800 à 920) proches de celles apportées par un maïs (902).
Les variétés de plus petite taille (Primsilo, Nutrigrain par exemple) sont moins productives (12,2 à 13,2 t de MS) mais présentent par contre une très bonne digestibilité de la matière organique (74 à 75%) et des valeurs VEM supérieures (931 à 939) au maïs (902).
Concernant les matières azotées totales, elles sont plus élevées dans les sorghos (6,1 à 9,15%) que dans le maïs (5,5%) tout en étant bien en deçà d’un ensilage d’herbe (12 à 16%). Depuis 7 ans, ces essais sont implantés sur sol sablo-limoneux présentant un déficit hydrique moyen en période estivale ce qui n’a pas permis mettre en évidence l’atout majeur du sorgho qui est sa résistance à sécheresse par rapport au maïs.
En 2019 et au cours des années futures, le Cipf poursuivra ces comparaisons variétales sur sols plus légers et plus sensibles au stress hydrique.
Bon à retenir