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Un projet de loi sur la vente de terres arables provoque des échauffourées en Ukraine

Des échauffourées ont éclaté mardi à Kiev entre la police et des manifestants protestant devant le Parlement ukrainien contre un projet de loi controversé visant à autoriser la vente des fertiles terres agricoles du pays.

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Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées pour dénoncer cette réforme et plusieurs centaines de protestataires, membres d’un mouvement nationaliste, ont jeté des pierres et des briques sur les policiers en tenue anti-émeute, qui ont répliqué en utilisant du gaz lacrymogène. La vitrine d’un hôtel situé à proximité a été brisée et certains manifestants ont ensuite commencé a installer des tentes dans la rue devant le Parlement, ont constaté des journalistes de l’AFP. Deux membres des forces de l’ordre ont été blessés et transportés à l’hôpital, selon la police, et au moins huit manifestants ont été interpellés et un autre hospitalisé, selon l’AFP.

Venus à l’appel de partis et associations de fermiers, les manifestants protestent contre le futur examen en deuxième lecture d’un projet de loi visant à autoriser dès 2020 la vente de terres agricoles, un texte qui suscite beaucoup d’appréhension.

Autrefois surnommée «grenier à blé de l’Europe», l’Ukraine dispose de 32,5 millions d’hectares de terres arables -soit presque le double de la France -parmi les plus fertiles au monde. Actuellement, celles-ci ne peuvent être que louées et non vendues. Selon les estimations de la Banque mondiale, l’ouverture du marché prônée par le président Volodymyr Zelensky pourrait entraîner 1,5 point de croissance supplémentaires chaque année en Ukraine, aujourd’hui parmi les pays les plus pauvres d’Europe. Cependant, entre la moitié et les deux tiers des Ukrainiens selon les sondages sont opposés à cette initiative, de crainte qu’elle ne profite seulement à des oligarques ukrainiens et à d’importants groupes étrangers. «Les étrangers vont acheter nos terres. Je crains pour mon territoire, pour l’avenir de nos enfants», relève Alina Tcherkachyna, jeune employée d’une ferme venue manifester à Kiev depuis le centre de l’Ukraine. «Ce sont les fermiers vivant sur ces terres qui doivent en prendre possession et non des grands propriétaires», abonde le fermier Valeriï Ichtchenko, 56 ans, venu de la région de Vinnytsia (centre-ouest). Le projet de loi, voté en première lecture en novembre et dont l’adoption est attendue avant la fin de l’année, prévoit un accès à la propriété à partir d’octobre 2020 et uniquement pour les personnes et entités ukrainiennes. Pour tenter de rassurer, Monsieur Zelensky a aussi promis un référendum avant d’ouvrir ce marché aux étrangers.

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