Avec le 551, Renault alliait polyvalence et confort

Sur cette publication, la puissance du tracteur est annoncée  selon deux normes : 55 ch DIN et 60 ch SAE.
Sur cette publication, la puissance du tracteur est annoncée selon deux normes : 55 ch DIN et 60 ch SAE.

Avant d’entreprendre la conception de ces nouveaux engins, Renault a pris le soin d’écouter les agriculteurs au travers d’une grande enquête, afin de cerner au plus près les attentes et besoins de ces derniers. Initialement, cette série comporte des modèles de 30 à 65 ch, puis s’étoffera avec des modèles plus puissants pour culminer, dès fin 1974, à 145 ch avec le Renault 1451-4.

Ces nouveaux tracteurs sont bien nés et leurs atouts se traduisent rapidement dans les statistiques de ventes : le constructeur français prend ainsi la tête du classement des ventes de tracteurs dans l’Hexagone quatre ans après l’introduction de cette série. À l’époque, une septantaine de tracteurs tombe quotidiennement des chaînes de montage de l’usine du Mans. En termes de typologie, Renault opte pour une nouvelle dénomination chiffrée, dont les premiers éléments font référence à la puissance du modèle, tandis qu’un tiret et le chiffre « 4 » sont ajoutés pour distinguer les versions à quatre roues motrices.

Le Renault 551, aussi appelé Type 7451 dans la nomenclature technique du constructeur, a été produit à un peu plus de 17.300 exemplaires durant huit ans quasiment jour pour jour puisque sa fabrication a débuté le 15 novembre 1972 et a pris fin le 19 novembre 1980.

Prêt à bondir à l’assaut du travail

Les services « commercial » et « marketing » de Renault se sont montrés à la hauteur des ambitions industrielles du constructeur en multipliant les publications relatives à ces modèles. Chacun d’eux dispose ainsi de son propre document de présentation. Au fil des années, ces documentations évolueront tant dans le style que dans leur contenu, actualisé en fonction des adaptations apportées ci et là aux tracteurs.

Renault a édité un prospectus spécifique à chaque modèle de sa nouvelle gamme.
Renault a édité un prospectus spécifique à chaque modèle de sa nouvelle gamme.

Notre présentation débute par un prospectus de 1974 : ce document de quatre pages bénéficie d’une couverture sobre et sans ambages. Orange, en référence à la couleur du constructeur, elle est surmontée de la dénomination du tracteur en grands caractères blancs (Renault 551), sous laquelle est mentionnée en plus petite taille et en noir la puissance de l’engin, qui est de 55 ch DIN. Les deux tiers inférieurs de cette couverture sont occupés par une photo du tracteur, bien campé sur ses roues, nez en avant, prêt à bondir à l’assaut du travail qui l’attend. Cette première page, sans fioritures ni éléments superflus, se révèle simple et efficace, invitant à ouvrir le document pour en apprendre davantage.

La double page intérieure propose au lecteur une photo du flanc droit du tracteur ainsi que différentes vues sur les principaux organes de celui-ci. Ces illustrations s’accompagnent de textes commentant les dispositifs et accessoires tels que le tableau de bord, la direction assistée, le relevage hydraulique ou encore le moteur. La dernière page reprend quant à elle les caractéristiques techniques et dimensions du véhicule.

Puissances DIN… et SAE

Un second document recto-verso est édité par le constructeur dans les mêmes années ; notre exemplaire datant de 1975. La même photo de couverture orne cette fois la totalité du recto, en orientation paysage. La dénomination et la puissance du modèle complètent la page.

Petite particularité : cette puissance est exprimée à la fois selon la norme DIN, à savoir 55 ch DIN, et selon la norme SAE, soit 60 ch SAE. Pour rappel, ces normes décrivent les protocoles d’essai servant à déterminer la puissance des moteurs. En résumé, la norme DIN prévoit l’essai du moteur équipé de ses accessoires normaux de fonctionnement, tandis que c’est un moteur nu qui est testé dans le cadre de la norme SAE, ce qui explique la différence de résultat à l’issue de ces essais en fonction de la norme utilisée.

La principale préoccupation : le confort !

Ces deux documentations nous fournissent de multiples informations sur le Renault 551 : son moteur est allemand puisqu’il s’agit du bloc à trois cylindres MWM 226-3. Refroidi par eau et d’une cylindrée de 3.117 cm³, il permet d’atteindre son couple maximum de 19,2 m.kg à un régime moteur de 1.500 tr/min.

La boîte de vitesses mécanique dispose de quatre rapports avant et un rapport arrière. Deux réducteurs additionnels confèrent au total 12 vitesses vers l’avant et 3 vers l’arrière. La vitesse d’avancement maximale est de 21,92 km/h.

Le confort du tracteur semble avoir été au cœur des préoccupations du constructeur. Renault loue ainsi les avantages du siège super-confort du 551, réglable en fonction de la taille et du poids du chauffeur, rendant moins pénibles les longues heures passées au volant. Le tableau de bord est compact mais complet tandis que l’accès au poste de conduite est facilité par l’important dégagement entre ce tableau de bord et l’aile. Les repose-pieds de grande dimension permettent aux jambes du conducteur d’adopter une position optimale.

Renault insiste sur l’accès aisé au poste de conduite et l’équipement complet du relevage.
Renault insiste sur l’accès aisé au poste de conduite et l’équipement complet du relevage.

Les concepteurs ont étudié les différents mécanismes du tracteur pour que leur manipulation se fasse avec de moindres efforts, toujours en vue de réduire la pénibilité du travail. Ainsi, par exemple, le 551 est doté de série d’une direction hydrostatique assistée ou encore d’un embrayage bi-disque à diaphragme de grand diamètre ne requérant qu’un faible effort pour un démarrage en douceur.

Un maximum de tâches, en conditions diverses

Renault s’est appuyé sur un autre critère très important pour les utilisateurs lors de l’étude de ces tracteurs : leur polyvalence. Ces engins doivent pouvoir assumer un maximum de tâches dans les conditions les plus diverses.

Le 551 se voit de la sorte pourvu d’un embrayage double à commandes séparées pour l’avancement et la prise de force. L’attelage trois points est muni des dispositifs nécessaires (échelle d’attelage, piton, troisième point…) pour y accrocher tous les outils agricoles usuels. Un support de masse avant et une masse frontale formant chape font partie de l’équipement standard, au même titre qu’un distributeur hydraulique indépendant et d’une valve de freinage hydraulique de remorque. Un distributeur simple ou double effet, des masses supplémentaires ou une rigidification intérieure figurent entre autres sur la liste des options.

Le relevage hydraulique « Tracto-Control » bénéficie des contrôles de position et d’effort ; il est capable de lever jusqu’à 2 t en bout de bras. Toujours aux mêmes fins de polyvalence, les voies avant et arrière sont variables, par pas de 10 cm, pour s’adapter à toutes les pratiques culturales.

Le 551 évolue… et reçoit une cabine

Deux autres prospectus, postérieurs chronologiquement aux premiers documents cités, ont également servi à la présentation commerciale du 551. La première chose qui interpelle à la vue de leur première page est la présence d’une cabine (ou d’un arceau) de sécurité.

En 1976 apparaît la version à 4 roues motrices du 551.  À noter la nouvelle cabine de sécurité, de fabrication propre.
En 1976 apparaît la version à 4 roues motrices du 551. À noter la nouvelle cabine de sécurité, de fabrication propre.

Ceci est à mettre en parallèle avec une nouvelle obligation apparue au milieu des années ’70, imposant le montage d’une structure de protection du conducteur sur les tracteurs. Jusqu’alors, une cabine Timmerman était proposée en option contre les intempéries depuis 1973. La nouvelle cabine est de fabrication propre, tout comme l’arceau de sécurité surmonté d’un toit rigide.

Le premier de ces documents arbore la nouvelle robe des prospectus Renault : toujours en orientation paysage, ils affichent en fond un dégradé du noir en haut de page vers le blanc en bas de page. Une photo du modèle concerné trône ostensiblement sur la page. La dénomination du tracteur est reprise en caractères blancs en haut à droite du document, au-dessus d’une ligne bleue dans le cas d’un modèle à deux roues motrices ou rouge si le tracteur dispose d’un pont avant moteur. Le second document montre le 551 au travail, en l’occurrence au binage, sous un large bandeau rouge reprenant l’appellation du modèle en police noire.

Au verso de chacun d’eux figurent les caractéristiques techniques du 551. À leur lecture, il apparaît que ce tracteur a évolué. Outre la structure de sécurité susmentionnée, une nouvelle boîte de vitesses à inverseur synchronisé équipe ce modèle, offrant dorénavant 12 vitesses avant et 12 vitesses arrière. Une nouvelle pompe hydraulique est aussi montée de série, conférant au relevage une capacité de soulèvement de 2.500 kg. Les derniers exemplaires, sortis d’usine à partir de juin 1980, reçoivent un nouveau pont arrière, caractérisé par des trompettes de section carrée. Concernant la cabine de sécurité, elle est disponible en option, soit en exécution standard, soit en version insonorisée.

Aussi en 4 roues motrices

Enfin, une version à 4 roues motrices, le Renault 551-4 (Type R7454) voit le jour le 1er  avril 1976. Il sera produit à 1.841 exemplaires jusqu’au 12 novembre 1980. Le pont avant moteur axial à double réducteur est emprunté au Renault 651-4 et fourni par le constructeur italien Carraro suite à un accord conclu en 1972. Après 1980, Renault sera en mesure de produire ses propres ponts avant moteur.

Cette nouvelle mouture de  prospectus présente  le 551 au travail.
Cette nouvelle mouture de prospectus présente le 551 au travail.

Le 551 est un tracteur simple, complet, léger, fiable et conçu dans un esprit pragmatique. Ces atouts constituent les bases de son succès et expliquent que nombre d’exemplaires sont toujours utilisés aujourd’hui, chez des professionnels ou des particuliers, où ils continuent à faire preuve de la polyvalence recherchée par leurs concepteurs.

N.H.

Le direct

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