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Les échalotes, une production exigeante, pour le circuit court

Depuis une vingtaine d’années, le marché de l’échalote s’est adapté à l’arrivé des échalotes de semis à côté des bulbes traditionnels multipliés par division.

Temps de lecture : 6 min

Les échalotes sont demandées dans les fermes maraîchères mixtes à destination du circuit court. Dans notre pays, cette culture ne concerne pas de grandes superficies. La production de gros provient de fermes spécialisées, surtout en France (Aquitaine…) et aux Pays-Bas.

Une culture exigeante

Après la plantation, des racines se forment à partir du plateau inférieur du bulbe semencier. En parallèle, les yeux à la base des écailles du bulbe se développent et produisent des feuilles et puis des racines en même temps que le plateau dégénère. Chaque nouveau bourgeon qui se développe pourra produire un nouveau bulbe.

Un facteur important est le nombre de bulbes récoltable par bulbe semencier planté. Ce paramètre est influencé par le nombre de bourgeons. Les gros bulbes semenciers ont un taux de multiplication plus élevé que les petits bulbes. Les plants semenciers provenant de cultures moins denses donnent de meilleurs taux de multiplication.

En groupant les alliacées dans les parcelles fortement diversifiées, nous facilitons le respect de la rotation ainsi que la mise en œuvre du désherbage et de la protection.
En groupant les alliacées dans les parcelles fortement diversifiées, nous facilitons le respect de la rotation ainsi que la mise en œuvre du désherbage et de la protection. - F.

L’échalote entre en repos végétatif depuis la période de mûrissement, quand le feuillage est séché. La période de repos est d’autant plus longue que la température de conservation de 9ºC, elle se raccourcit à des températures plus basses ou plus hautes.

Les risques de montaison prématurée

La qualité du plant et le respect de dates de plantation sont deux atouts pour réussir sa culture. La conservation des plants à une température proche ou légèrement supérieure à 9ºC et la plantation en mars ou avril diminuent les risques de montaison.

Pas n’importe quelle parcelle !

Les terrains sablo-limoneux ou limoneux conviennent. Une structure bien aérée et la rétention d’eau sont des facteurs importants. Le pH sera supérieur à 5,5. La parcelle doit être indemne de pourriture blanche (sclerotium) et de nématode des tiges. La rotation avec les alliacées doit être d’au moins 5 ans.

En sols à drainage imparfait, la culture sur légers ados est conseillée.

Le sol doit être décompacté sur une profondeur d’au moins 8 à 10 cm. Pour l’échalote semée, le lit de semis doit être affiné pour permettre un contact franc entre le sol et la graine.

La fumure

Trente-cinq tonnes de récolte exportent 160 unités d’azote, 30 de P2O5, 270 de K2O, 100 de CaO et 13 de MgO. Pour l’azote, une analyse de profil permet d’ajuster les apports en tenant compte des reliquats et de la minéralisation attendue des matières organiques ; en pratique les apports seront de l’ordre de 80 unités, à ajuster.

Les variétés à semer et à planter

Les variétés de semis se distinguent par leur couleur de tunique (jaune ou rouge), leur forme et leur précocité. Parmi celles-ci, nous avons entre autres Ambition F1 ou Conservor F1. Nous visons 170 plantes/m² et semons à une profondeur de 1,5 à 2,5 cm.

Les variétés jaunes déclinées de Jaune de Hollande se plantent en mars.
Les variétés jaunes déclinées de Jaune de Hollande se plantent en mars. - F.

Les variétés à planter sont traditionnelles ou des améliorations des variétés traditionnelles : Elisor, Jermor, Golden Gourmet, Longor, Mikor, Red Sun, Santé, Delicato. Nous plantons 40 kg de plants/are si le calibre est inférieur à 9 cm, 50 kg si le calibre est entre 9 et 13 cm et 60 kg si le calibre est supérieur à 13 cm. Nous visons une population de 25 plantes/m².

Le désherbage

Le désherbage mécanique nécessite de grands écartements entre lignes, une action sur sol bien ressuyé et concentré sur la première partie du développement de la culture. Quand les échalotes s’étalent en largeur, seul le sarclage est encore possible. La plantation sur film plastique noir résout la question de désherbage de la ligne.

Plusieurs produits sont homologués en désherbage chimique avec des nuances importantes selon que la culture est semée ou plantée. Voir https://fytoweb.be/fr.

Maladies et ravageurs divers

Une rotation d’au moins 6 années avec les alliacées permet de prévenir les dégâts de nématode des tiges (Ditylenchus dipsaci) et de fonte des semis.

La teigne du poireau (Acroleppiopsis assestella), le thrips du tabac (Thrips tabaci) peuvent s’attaquer aux échalotes, mais les dégâts ne sont pas fréquents en pratique dans nos régions.

La mouche mineuse de l’oignon (Delia antiqua) peut parfois être un problème, dans les régions spécialisées en cultures d’alliacées ou dotées de fortes populations d’alliacées sauvages dans l’environnement.

La mouche des alliacées (Phytomyza gymnostoma) s’attaque aux échalotes qui y sont très sensible. Depuis quelques années, c’est souvent le problème numéro un de ces cultures. Il faut absolument prévoir une lutte comme décrit dans l’édition du Sillon Belge du 3 septembre 2020.

Au printemps (surtout en avril et en mai) nous devons répérons les piqures de nutrition de la mouche des alliacées. C'est le signal d'un vol et de pontes.
Au printemps (surtout en avril et en mai) nous devons répérons les piqures de nutrition de la mouche des alliacées. C'est le signal d'un vol et de pontes. - F.

Plusieurs virus se transmettent via la multiplication végétative par bulbes et se propagent par les pucerons ailés. Le virus OYDV provoque l’apparition de stries jaunes sur le feuillage. La lutte consiste à l’achat de plants certifiés.

Botrytis squamoza peut provoquer de lourds dégâts sur le feuillage des échalotes. Son développement est lié aux conditions météo. Quand le feuillage est mouillé plus de 10 à 12 heures, en fonction de la température, les spores peuvent germer et pénétrer dans le feuillage. S’il fait sec (moins de 70 % d’humidité relative) pendant plus de 14 heures, le champignon ne sporule pas. Les températures entre 12 et 25ºC sont idéales pour le champignon, celles au-delà de 30ºC lui sont létales. Plusieurs fongicides sont homologués en cultures conventionnelles.

Le faux mildiou (Peronospora destructor) s’attaque aussi aux échalotes. Son développement est lié aux conditions météorologiques. La sporulation se produit si l’humidité relative des 4 heures précédant le lever du soleil est supérieure à 95 % avec des températures entre 4 et 24ºC. Les symptômes apparaissent 10 à 16 jours après l’infection.

La maladie des taches de papier (Phytophtora porri) provoque des pertes importantes par ses attaques du feuillage lors d’années humides.

La pourriture blanche (Sclerotium cepivorum) se transmet par le sol ou par le plant, ses sclérotes peuvent survivre 10 ou 15 ans dans le sol. Ceux-ci se réveillent sous l’influence des substances (dont le disulfite diallyl) émises par des plantes hôtes.

Prévoir un antigerminatif

Lors du stockage de longue durée, les échalotes commencent à germer. L’hydrazide maléïque est utilisable en culture conventionnelle, quand 10 à 20 % du feuillage sont desséchés naturellement. Attention, seuls certains produits contenant cette matière active sont homologués sur échalotes.

La récolte, similaire à celle de l’oignon

L’échalote plantée en mars mûrit en juillet ou début août. L’échalote semée mûrit de mi-août à mi-septembre.

La récolte est envisagée quand les 2/3 du feuillage sont desséchés. Les techniques dépendent du type de matériel disponible. Les machines sont du même type que pour la récolte des oignons. Le dépôt en bandes laissées à sécher au soleil est réalisé chaque fois que la météo le permet, c’est la récolte en deux phases espacées d’une semaine.

Les variétés rouges déclinées de Santé se plantent fin mars ou mi avril.
Les variétés rouges déclinées de Santé se plantent fin mars ou mi avril. - F.

L’entreposage

Nous comptons sur une densité apparente de 450 kg /m³. Pour 10 ares, il faut donc 7 m³ de volume de stockage. Comme pour l’oignon, il faut sécher le plus rapidement possible les tuniques extérieures. Les échalotes issues de semis se conservent plus longtemps que celles issues de plants.

Le séchage

Dès l’entreposage, nous envoyons de l’air réchauffé à 30ºC et sous une pression de ventilation de 300 Pa. Souvent, la masse est bien sèche après 3 ou jours.

Nous ventilons alors deux semaines avec l’air extérieur pour refroidir et homogénéiser la température pour éviter la condensation en haut de tas ou en haut de palloxes. Durant cette phase, veillons à ce que la température de l’air soit inférieure à celle du tas d’au moins 3ºC.

La commercialisation

Les normes UE sont les standards de commercialisation. Les calibres 20/40 et 40/55 mm sont utilisés. Les filets de 250 ou 500 g sont très demandés. Le choix de la couleur des filets d’emballage est guidé par la couleur de la variété pour accentuer le rouge (variétés rouges) ou le jaune.

F.

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