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Actualités maraîchère: surveillez attentivement vos parcelles tant les dates repères connues ne suffisent pas!

Les structures des sols matraquées par les précipitations élevées en 2021 ne sont pas encore bien remises à niveau. Cela se ressent dans les implantations de culture et la résistance aux périodes de déficit hydrique. L’enracinement ne se développe donc pas comme nous pouvions l’espérer.

Temps de lecture : 6 min

La période chaude arrivée très tôt en saison influence les périodes clé de développement des bioagresseurs et des auxiliaires.

La surveillance des parcelles doit être très attentive en ayant bien à l’esprit que les dates repères connues lors des années antérieures ne suffisent pas. L’observation de chaque parcelle est requise plusieurs fois par semaine

Les orages avec leurs excès localement destructeurs sont déplorés depuis la mi-mai dans différentes zones de notre région. Dans de telles conditions ce n’est pas facile d’ajuster les livraisons aux calendriers théoriques d’une part et de s’adapter aux demandes ponctuelles des clients en légumes frais pour les rencontres festives et en plants à repiquer pour les potagers d’amateurs.

Les pluies de la quinzaine dernière relancent une vague de levée d’adventices et ouvrent les conditions propices au développement épidémique de maladies du feuillage. Les insectes ont commencé leur cycle actif tôt cette année, la vigilance doit rester vive.

Faisons un point de la situation.

Analyse de profil avant fertilisation complémentaire

Les légumes à longue durée de végétation et à fort développement végétatif ont besoin d’une fertilisation adaptée. Bien que les situations soient très contrastées d’une parcelle à l’autre, les reliquats d’azote sont assez normaux en parcelles maraîchères. Après les fumures organiques de base, il est prudent de se baser sur une analyse de profil avant de se lancer dans des apports complémentaires. Les laboratoires sont disponibles sur le site www.requasud.be. Ces apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après plantation en choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après plantation choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés et 6 à 8 semaines après plantation en poireaux et céleris raves. Les compléments se calculent d’après les analyses. Il ne sert à rien de forcer les doses, des apports totaux de 120 à 150 unités d’azote en poireaux, 100 à 120 en choux pommés ou un peu plus en choux blancs, et 130 à 150 unités en céleris raves suffisent généralement. En cas d’apports organiques avant la plantation, c’est le bon moment pour déterminer les reliquats et les disponibilités selon l’avancement réel de la minéralisation, l’état de notre parcelle et selon le climat.

Les légumes à courte période de végétation n’ont guère besoin d’un fractionnement de la fertilisation.

La structure du sol, les travaux de printemps

Les travaux de remise en état des structures de sol au printemps n’ont pas été faciles. Les terres étaient difficiles à ameublir. Les conditions sèches d’avril et de début mai ont été propices pour améliorer la situation en surface. Il fut aussi assez aisé de procéder à des faux-semis et des binages.

Mais nous sommes maintenant dans une période sensible pour les orages. Les méthodes de limitation des ravinements ont entièrement leur place dès que les parcelles sont en pente. Les cultures sur buttes comme les carottes et les racines de chicons sont les premières concernées. Les systèmes de diguettes entre buttes présentent plusieurs avantages. Elles permettent de réduire la vitesse des écoulements d’eau et donc l’importance de l’érosion de surface en cas d’orage. Elles favorisent la pénétration de l’eau dans le sol et c’est au profit des cultures en place. Plusieurs entrepreneurs réalisent les diguettes après la confection des buttes, comme en culture de pommes de terre.

Les parcelles de racines de chicon sont à surveiller quant à la présence de puceron  des racines, en particulier les premiers semis (réalisés en période sèche)  et à proximité de peupliers.
Les parcelles de racines de chicon sont à surveiller quant à la présence de puceron des racines, en particulier les premiers semis (réalisés en période sèche) et à proximité de peupliers.

Suite aux dégâts de grêle…

Des dégâts de grêles sont déplorés après les orages, notamment ceux du 19 mai ; nous sommes dans la période critique de l’année. Nous pouvons toujours demander le constat de la commission des dégâts aux cultures de la commune, mais si nous sommes imposés au réel, cela ne servira pas à grand-chose. Les assurances peuvent intervenir si nous avons contracté nos cultures. De toute manière, les dégâts de grêle en cultures ne sont pas repris dans les possibilités d’intervention du fond de calamité.

Les maladies et ravageurs

Chaque année vient avec son lot de maladies et de ravageurs.

Les pucerons

Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année. Leur expansion est très variable d’une parcelle à l’autre. La douceur précoce du début d’année a aussi été favorable à la remise en activité précoce des auxiliaires. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas lieu d’intervenir, les auxiliaires vont probablement réduire rapidement les populations de pucerons.

Restons quand même très attentifs sur des cultures de laitues surtout sur l’environnement de la parcelle est peu propice à l’installation rapide des auxiliaires. La présence de refuges comme les haies et les bandes à végétation permanente est déterminante.

Les mildious

Le mildiou de l’oignon n’en est encore qu’à son début de développement épidémique. Nous en sommes aux observations et attendons l’envoie des messages d’alerte officiels avant de déclencher les premières protections.

En pommes de terre primeur, les services d’avertissement sont en veille vigilante, nous n’en sommes qu’au tout début des risques épidémiques.

La sclérotiniose

Comme chaque année nous constatons ici et là des foyers de Sclérotinia sclerotiorum, mais c’est plus une question de rotation et de gestion des attaques antérieures que de météo de l’année. Le traitement du sol avec Contans est une bonne méthode préventive qui complète bien le respect de la rotation.

En choux

Les dégâts de pigeons (et parfois de gibier) restent importants. Dans les sites à risques élevés, les filets sont coûteux mais nécessaires. Les effaroucheurs donnent de bons résultats si les techniques employées sont alternées régulièrement pour éviter la perte d’efficacité.

La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année, probablement en lien avec la météo du début du printemps. Nous ne sommes pas encore sortis de la période à risques. Les méthodes de lutte combinent l’emploi de filets (difficile à mettre en œuvre efficacement), les binages qui détruisent les œufs et éventuellement le recours à des insecticides agréés (voir fytoweb.be).

La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année,  probablement en lien avec la météo du début du printemps.  Nous sommes encore dans la période à risques.
La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année, probablement en lien avec la météo du début du printemps. Nous sommes encore dans la période à risques.

Les papillons sont à nouveau en vols depuis quelques jours, les chenilles sont présentes ou sont attendues très prochainement, notamment celles de la noctuelle gamma et de la teigne des crucifères ; restons attentifs aussi aux vols de piérides.

Les papillons sont en vols depuis quelques jours, les chenilles sont présentes  ou sont attendues très prochainement.
Les papillons sont en vols depuis quelques jours, les chenilles sont présentes ou sont attendues très prochainement.

En poireaux

Nous sommes à la fin de la période des vols de la mouche mineuse Phytomyza gymnostoma, bien qu’il faille rester vigilant tant la situation est contrastée selon les régions. Pour mémoire, les observations sur ciboulettes jeunes plantées en bord de parcelles sont aisées.

Les thrips et teignes ne sont pas encore fort présents, la vigilance est requise pour les poireaux. Observons de près nos parcelles.

Moins de maladies à contamination aérienne

Nous constatons relativement moins de maladies pour la date de mi-juin. C’est probablement en relation avec la longue période sèche d’avril à mi-mai. Les cycles de multiplication des maladies dues à des champignons n’ont démarré que plus tard, avec l’arrivée des pluies. Restons vigilants, « nous ne perdons rien pour attendre ».

En laitues de plein air, nous constatons quelques taches de bremia sur les plantes à l’approche de la récolte. Il n’y a rien à faire pour ces parcelles. Mais nous devrons être attentifs pour les parcelles voisines qui sont encore au début de leur développement. Une bonne aération des parcelles est importante.

La rouille n’est pas encore présente dans les parcelles de poireaux ou seulement sous la forme de quelques taches.

F.

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