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Sensibilisation du monde agricole au cancer de la peau: sous le soleil exactement, l’heure H

Si le soleil donne la même couleur aux gens, ce n’est pas toujours aussi gentiment que ne le fredonne Laurent Voulzy. Un Belge sur cinq développe en effet un cancer de la peau avant ses 75 ans. Et selon des études scientifiques, les personnes qui travaillent en extérieur courent trois fois plus de risques. C’est dire que les acteurs du monde rural sont concernés au premier chef. Lancée voici quelques jours, la campagne « #CheckYourH », compte bien les aider à garder un œil sur leur peau.

Temps de lecture : 6 min

Son but est d’attirer l’attention, jusqu’au 21 septembre, des employeurs, des travailleurs et de leurs proches sur l’importance de protéger et de contrôler sa peau de manière générale, et la zone H du visage, en particulier.

Cette zone, qui est non seulement la plus sensible mais aussi la plus exposée aux rayons ultra-violets durant toute l’année, couvre principalement les yeux, les oreilles, le nez ainsi que l’espace naso-labial.

La souffrance du visage pâle

Contrairement à la peau noire, la blanche se défend très mal contre le soleil développe le Dr. Thomas Maselis, Fondateur et Président d’Euromelanoma Belgique. C’est ainsi que les premières rides y apparaissent dès l’âge de 30 ans, contre 40 ans pour les populations asiatiques et nord-africaines et 50 ans chez les Africains.

Les tumeurs cutanées sont non seulement les plus fréquentes du corps humain mais sont aussi celles dont le nombre suit malheureusement une courbe ascendante au fil du temps puisque ces cancers ont quadruplé ces 15 dernières années pour atteindre les 44.000 cas au sein de la population belge en 2018, un chiffre qui pourrait encore doubler d’ici 10 ans.

Le mélanome, le plus connu mais le moins fréquent

Dans la quasi-totalité des cas, le cancer de la peau se développe dans l’épiderme. Contrairement aux idées reçues, les deux formes les plus fréquentes sont le carcinome basocellulaire et le carcinome épidermoïde, également appelé carcinome spinocellulaire, qui représentent environ 90 % des cancers de la peau.

Le mélanome, qui prend naissance dans les cellules pigmentaires de la peau ou des muqueuses, est sûrement le plus connu même s’il est nettement moins fréquent puisqu’il ne représente environ que 10 % des cancers de la peau. Mais sa notoriété n’a d’égal que sa grande dangerosité. Enfin, contrairement au cancer spinocellulaire qui doit être pris à temps, précise le Dr. Maselis, le basocellulaire ne métastase presque jamais.

Marche à l’ombre

La protection de la peau dépend de l’intensité des UV dont l’indice se situe dans une fourchette allant de 0 à 10. Si en dessous de 3 le risque est moindre, il faut commencer à se protéger au-delà de cet indice, a fortiori quand il franchit la barre des 7 comme ce fut le cas au mois de juin en Belgique.

Les personnes qui travaillent en extérieur multiplient les risques de développer un cancer cutané au niveau des joues, du nez et sur le haut du crâne en cas de calvitie. La meilleure protection pour les agriculteurs reste la recherche de l’ombre, principalement durant les heures d’irradiation maximale que l’on situe entre 10 heures et 16 heures.

Le Dr. Thomas Maselis, dermatologue, est l’une des figures de la campagne  #checkyourH
Le Dr. Thomas Maselis, dermatologue, est l’une des figures de la campagne #checkyourH

Vêtements foncés et chapeau

C’est aussi le port de vêtements foncés de texture dense et d’accessoires idoines protégeant les zones horizontales, le haut du crâne et des oreilles, l’arête du nez, la lèvre inférieure.

À noter que la casquette n’offre pas de couverture suffisante au niveau du visage insiste le Dr. Maselis, car elle ne protège ni les oreilles, ni la nuque, ni les joues. Or, c’est souvent à ces endroits qu’apparaissent les lésions cutanées. Et de préconiser de porter un chapeau à bords larges.

UVA, UVB : mode d’emploi

Enfin, la protection du visage passe par l’application d’une crème solaire. Si la palette de ce type de produit est large, puisqu’il existe en Belgique non moins de 32 molécules qui peuvent protéger des rayons, c’est leur indice qui compte. Il faut aussi savoir qu’il existe trois types de rayons, les UVA et les UVB, tous deux nocifs, mais de manière différente et les UVC, extrêmement nocifs, mais qui ne traversent heureusement pas la couche d’ozone et n’atteignent donc pas la peau.

Les rayons UVB pénètrent directement dans la peau, et provoquent le brunissement, mais aussi potentiellement une brûlure si la peau n’est pas correctement protégée. Les rayons UVA représentent quant à eux un danger indirect. Ils entraînent non seulement un vieillissement de la peau, mais ils pénètrent aussi très profondément et provoquent alors la production de radicaux libres, des substances qui tentent de se fixer sur d’autres cellules pour les rendre instables.

Normalement, une cellule qui ne fonctionne plus correctement se détruit elle-même, c’est ce qu’on appelle l’apoptose. Mais, suite à un dommage, les gènes responsables de cette autodestruction peuvent être inactivés, ce qui fait que ces cellules peuvent alors se multiplier sans entrave et entraîner une tumeur.

Indice de protection

La crème solaire devra donc assurer une protection contre ces deux types de rayons. Reste qu’il faudra en appliquer suffisamment pour atteindre une protection maximale : 2mg/cm², soit, pour un adulte, entre 30g et 40g de crème solaire par application à renouveler toutes les deux heures et plus en cas de transpiration abondante. Et force est de constater que peu de personnes suivent cette indication constate le Dr. Maselis qui préconise en outre de s’orienter vers un produit avec un indice de protection minimal de 30, l’idéal étant 50 + pour une peau claire de phototype 1 ou 2.

Le dessous des crèmes solaires

Les crèmes solaires comprennent deux types de filtres, d’un côté le filtre chimique, un terme qui n’a rien de péjoratif dans ce champ d’application, est constitué de molécules organiques qui réagissent avec les UV et absorbent les rayonnements à la place de la peau. À l’efficacité incontestable, ils ne présentent que très peu de risques.

De l’autre côté, les filtres physiques ou inorganiques, ont une action différente. Composés d’un assemblage de microparticules de minéraux, le plus souvent oxydes de zinc ou de titane, ils diffractent la lumière et réfléchissent les UV, à la façon d’une barrière. Ils sont moins allergisants et efficaces dès l’application. On les reconnaît aux traces blanchâtres ou brunes qu’ils laissent sur la peau lors de l’application du produit.

Auto-examens

Au nombre de 800 pour l’ensemble du territoire belge, les dermatologues ne peuvent dépister systématiquement toute la population. C’est pour cette raison que le Dr. Maselis encourage tout un chacun à s’auto-examiner régulièrement et à noter les changements qui interviendraient à la surface de la peau. Les basaliomes prennent par exemple la forme de plaies qui ne guérissent pas spontanément au bout de deux semaines ou de plaques érythémateuses qui s’agrandissent.

Ils nécessitent donc une visite chez le médecin. Le carcinome spinocellulaire, qui se développe quant à lui principalement sur la zone H, se présente comme une kératose actinique qui prend la forme d’une zone rouge légèrement rugueuse. Cette lésion, qui représente 20 % des cancers, doit être rapidement traitée afin d’éviter qu’elle ne métastase à un stade plus avancé. Enfin, le mélanome revêt l’aspect d’un grain de beauté qui grandit rapidement, ou bien qui gratte, saigne, change de couleur.

Pour le repérer précocement, le Dr. Maselis recommande de suivre la règle « ABCDE ». À pour Asymétrie, la moitié de la plaque ne colle pas avec l’autre moitié, B pour Bords irréguliers, C pour Couleur inhomogène, c’est-à-dire qui varie d’une zone à l’autre de la lésion, D pour Diamètre qui est souvent supérieur à 6 millimètres et enfin E Évolution, l’aspect de la lésion dans sa taille surtout, sa forme, ou sa couleur se modifient. Grâce au dermatoscope, le praticien pourra rapidement savoir si la lésion est bénigne ou non et le cas échéant, procéder à son ablation.

Marie-France Vienne

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