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Toujours pas d’accord chez Iscal pour les contrats betteraves 2023

Les négociations pour l’accord interprofessionnel 2023 et les contrats de betteraves 2023 entre Iscal et les représentants des planteurs sont en cours depuis fin juin. Le 4 octobre dernier s’est tenu une énième réunion. Les représentants des planteurs pensaient avoir trouvé un compromis et ils pensaient être à la fin des discussions mais…

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Au départ, du côté des planteurs, on partait du principe que, dans un nouvel environnement caractérisé par des prix du sucre élevés et des coûts de production en forte hausse, une révision de la répartition de la valeur ajoutée au-dessus d’un prix du sucre de 500 € était nécessaire. Ils ont également insisté sur un prix minimum couvrant les coûts de production au cas où le prix du sucre recommencerait à baisser.

Iscal, de son côté, avait précédemment indiqué sa volonté de fixer une grille de prix annuellement en tenant compte des prix et de l’évolution des différents coûts de production, en particulier les coûts de l’énergie qui ont fortement augmenté pour l’industriel.

Pourquoi un prix plus élevé pour la betterave sucrière ?

Le précédent accord (AIP) 2020 à 2022 a été négocié dans un « environnement différent » où les prix du sucre étaient bas – l’objectif à ce moment-là était de pouvoir garantir une rentabilité de la culture à des prix du sucre compris entre 410 et 470 €/t et cela avait été fait au détriment des prix lorsque le sucre était au-dessus de 500 €/t. À ce moment-là, tout le monde supposait que des prix au-dessus de 600 €/t de sucre appartenaient au passé. Et le compromis était : les planteurs avaient un peu plus dans les prix du sucre de l’époque et Iscal avait une plus grande sécurité d’approvisionnement.

Aujourd’hui, les prix de vente du sucre dépassent facilement 800 à 900 €/t, ce qui fait déjà dire à l’Iscal que le prix de vente moyen sera bien supérieur à 700 €/t. C’est une bonne chose pour le fabricant et les planteurs, mais une répartition équitable de la plus-value devrait en résulter !

Ainsi, le tableau des prix 2022 n’était certainement pas un droit acquis pour le fabricant. Et l’ancienne grille de prix, en place depuis la réforme du sucre en 2006 jusqu’en 2019, garantissait une plus grande répartition de la valeur pour des prix du sucre supérieurs à 500 €/t. Aujourd’hui, dans des conditions de marché considérablement modifiées et inattendues, si on applique la grille de prix de 2022, Iscal peut bénéficier d’une part disproportionnée du prix du sucre. La différence de prix de la betterave entre la grille des prix 2019 et la grille des prix 2022 (Voir tableaux), à un prix du sucre de 730 €/t, est de 7,56 €/t, soit +/- 10 millions d’euros en faveur d’Iscal. Les représentants des planteurs ont souhaité apporter une correction à cet égard, en tenant compte de l’augmentation des coûts de production des deux côtés.

De plus, les représentants des planteurs estiment qu’un prix plus élevé de la betterave est nécessaire car l’augmentation des rendements à l’hectare grâce aux progrès de la génétique semble avoir plafonné. La culture est également de plus en plus confrontée à des restrictions en matière de protection des cultures et de lutte contre les maladies et adventices, ce qui exerce une pression supplémentaire sur les rendements. Enfin, la culture de la betterave sucrière reste une culture à risque.

Les négociations se font également dans une optique d’avenir et de maintien d’une culture attrayante pour la génération future. Cette préoccupation a également été exprimée à la suite des discussions parfois animées : soit le fabricant garantit un prix minimum, soit il permet aux exploitations de constituer des réserves dans les périodes où les prix du sucre sont meilleurs, ce que, semble-t-il après la dernière consultation, Iscal ne permet plus assez.

Les tableaux 1 et 2 montrent la différence de prix de la betterave sucrière par tonne entre les deux AIP en fonction de l’évolution des prix du sucre. La proposition d’Iscal, que les planteurs pourraient accepter moyennant des conditions supplémentaires, est clairement minimale.

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Où en est-on aujourd’hui et quel compromis était sur la table ?

Iscal a proposé une augmentation de la plus-value à partir de 700 €/t de sucre alors que les planteurs demandaient cela à partir de 500 €/t. Après une motivation détaillée du CEO Robert Torck, les planteurs accepteraient la proposition d’Iscal assez éloignée donc de leurs revendications initiales (voir tableaux), accompagnée des conditions suivantes :

1) Le tableau des prix convenu s’appliquera également (rétroactivement) pour la campagne 2022.

2) Le système de primes hâtives et tardives et la prime de bâchage seront réévalués à partir de 2023 avec une augmentation du budget disponible d’environ 1,3 million d’euros (1 €/t de betteraves).

3) Cette grille de prix 2023 pourrait être réévaluée si le coût de l’énergie descendait en dessous de 75 € MWh d’équivalent gaz qui est le coût critique de l’énergie pour Iscal.

Et Iscal s’était engagé :

4) à trouver, en collaboration avec les planteurs, une solution équilibrée pour une culture rentable si le prix de la betterave sucrière tombe en dessous de 37 €/t à 17,5ºZ – ceci pour un prix du sucre inférieur à 550 €/t.

5) de créer un groupe de travail chargé d’étudier les modalités de négociation des prix à partir de l’AIP 2024 sur la base de critères objectifs liés aux coûts de production tant de la betterave que du sucre.

Voilà pour le résultat des consultations entre planteurs et fabricant du 4 octobre… La solution finale était donc à nouveau dans les mains de l’actionnaire principal. À la grande déception et surtout l’incompréhension des planteurs, ce dernier a décidé de ne pratiquement pas tenir compte des résultats des discussions et a refait une contre-proposition, totalement inacceptable, une forme de compromis de ce qui était déjà un compromis.

Et maintenant quoi ?

La réaction d’Iscal a frappé de plein fouet les représentants des planteurs. Un compromis plus qu’équitable a été rejeté. Iscal s’assied sur la situation et sait que le prix actuel du sucre fait de la betterave une culture rentable et attrayante ET sait que les planteurs ne sont pas prêts de l’abandonner aujourd’hui. Alors pourquoi la betterave sucrière devrait-elle être mieux payée ?

La confiance est encore une fois rompue et les planteurs ne savent pas s’ils doivent se remettre autour de la table avec Iscal qui manque aujourd’hui clairement de considération pour leurs revendications. Devront-ils opter pour une action ? s’asseoir à nouveau autour de la table ? Cela sera discuté et décidé dans les prochains jours…

Pour l’Organe d’Administration, Judith Braconnier,

Secrétaire du Comité de Coordination des planteurs du Hainaut-Iscal.

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