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Le bon sens paysan a du plomb dans l’aile

On a tous pris conscience ces dernières années d’une méfiance grandissante de la population vis-à-vis du monde agricole. Et a fortiori, on constate que cette méfiance est alimentée en grande partie par une perte de bon sens, le « bon sens paysan » comme on se plaît à l’appeler.

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Mais si nous avons pu nous accommoder à cette réalité, il n’en demeure pas moins que ces derniers temps, les inepties crèvent l’écran et se succèdent à une cadence jamais atteinte.

Il est clair que les défis climatiques devenus de plus en plus pressants ces dernières années imposent au monde agricole des exigences de plus en plus conséquentes. Néanmoins, comment comprendre qu’à l’heure où on craint une pénurie alimentaire pour la première fois depuis la seconde guerre mondiale, nos têtes pensantes nous imposent d’augmenter les surfaces non productrices via des CVP ou les nouveaux éco-régimes ? Comment accepter que lors d’une émission consacrée entièrement à la protection de l’environnement, des besoins secondaires comme l’utilisation des smartphones soient considérés comme une nécessité absolue, alors même que des besoins vitaux tels qu’une alimentation équilibrée soient pointés du doigt dès le début pour des prétextes fallacieux tels que le gaspillage, la déforestation ou bien sûr l’immense impact carbone de la production de viande, qui culmine en Wallonie à moins de… 6 % des émissions globales. Et tout ça sans parler des voitures électriques, alimentées par des centrales au gaz, voire au charbon, dont la production est extrêmement polluante et qui, pourtant, constituent une des pièces maîtresses de la stratégie européenne de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

À une heure où les défis à relever sont colossaux, les dispositions prises pour y faire face sont totalement consternantes. La stratégie actuelle n’est ni plus ni moins qu’une politique de l’autruche : elle consiste principalement à désigner un certain nombre de responsables, à les charger autant que possible et à ignorer les principaux enjeux, rendant inadaptées les mesures qui sont prises. Et dans cette course aux responsables, l’agriculture s’est vue attribuer la première place dans l’opinion publique.

Tant que cette politique de l’aveuglement durera, les efforts qui sont demandés à la population n’auront que peu d’effet, et les agriculteurs en pâtiront.

La plupart d’entre vous n’apprendra rien à la lecture de ces dernières lignes. Mais l’heure des lamentations est révolue. Il est temps de réagir maintenant ! Nous n’avons donc plus d’autre choix aujourd’hui que de riposter face à ce constat et d’y opposer notre bon sens paysan. Il est plus que temps de revoir notre communication pour faire connaître « notre » réalité. Imposons-nous dans les médias, dans les journaux, dans les réseaux sociaux, via nos syndicats, nos jeunesses agricoles, ou même soi-même, à petite échelle. Là où on nous attaque, ripostons !

Les récentes réformes prises en Belgique et ailleurs (aux Pays-Bas par exemple) montrent bien à quel point nous sommes peu de choses aux yeux de certains décideurs. Dès lors, même si nous avons franchement mieux à faire ces derniers temps, soigner notre image et la redorer aux yeux de la population est devenu une question de survie.

Par chance, c’est loin d’être un combat perdu d’avance !

Anthony Debailleul

de Ploegsteert

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