Le mildiou de la pomme de terre au potager: anticiper sa venue pour s’en protéger!

Dans nos potagers comme dans les champs des professionnels, cette maladie peut s’étendre rapidement sur le feuillage des pommes de terre. La différence avec les champs des professionnels réside dans plusieurs aspects. L’enjeu n’est pas le même.

Le professionnel doit s’y retrouver financièrement, il doit en tenir compte dans la prise de risques. L’amateur peut se permettre de prendre un peu plus de risques. Le professionnel surveille bien ses parcelles, mais c’est impossible pour lui de surveiller toutes les feuilles de toutes ses plantes. L’amateur peut visiter souvent toutes les folioles de toutes les feuilles de toutes les plantes ; si l’une d’entre elles est tachée de mildiou, le jardinier peut l’enlever et l’évacuer.

Le professionnel a un choix de variété guidé d’abord par les débouchés spécifiques, le critère de la résistance au mildiou n’est pas le seul à entrer en ligne de compte. L’amateur peut choisir des variétés qu’il apprécie en tenant compte de leur résistance au mildiou en priorité.

Comment protéger ses pommes de terre ?

D’abord, nous devons réaliser un bon buttage. La forme de la butte est importante. C’est la terre qui protège les tubercules de la contamination par les spores du champignon Phytophtora infestans. La forme idéale de la butte est telle que l’eau de pluie s’écoule le long de ses flancs et pénètre dans le sol dans la zone explorée par les racines. Donc, il faut éviter les buttes avec un sommet en dos d’âne, l’eau de pluie y pénétrerait en emmenant avec elle les spores contaminatrices jusqu’aux tubercules.

La forme générale de la butte est déjà réalisée depuis plusieurs semaines, mais il est nécessaire de prévoir un léger passage de correction du désherbage après les précipitations des trois dernières semaines, tenons-en compte pour remodeler la surface de nos buttes.

Les spores de mildiou arrivent dans notre parcelle de pomme de terre via le vent et la pluie. Elles se répartissent sur l’ensemble du feuillage, aléatoirement. Une partie de ces spores sera emmenée sur le sol, une autre restera sur les feuilles ou sur les tiges. Les spores arrivées sur le sol seront probablement vouées à ne pas pouvoir pénétrer dans des cellules vivantes d’une plante qui leur convient, à moins qu’elles n’aient la « chance » d’être emmenées par l’eau de pluie, via une fissure du sol, jusqu’aux tubercules de pomme de terre. Celles qui arrivent sur le feuillage pourront germer et pénétrer dans les tissus de la plante.

C’est à ce niveau que le jardinier peut intervenir. Le jardinier peut aussi intervenir préventivement en appliquant sur le feuillage des produits susceptibles d’améliorer la résistance naturelle de la plante ou des produits qui vont empêcher la survie du germe issu des spores du champignon Phytophtora infestans. Nous avons probablement tous déjà essayé de réaliser nous-mêmes des purins de plantes en vue d’améliorer la résistance naturelle de nos pommes de terre sans devoir acheter des fongicides. Mais reconnaissons que les résultats ne sont pas toujours à la hauteur de nos espoirs.

Il reste aussi l’option d’acheter des fongicides. Nous pouvons pour cela consulter le site https ://fytoweb.be/fr et choisir en colonne de gauche la rubrique « Usages ». Nous arrivons alors sur une page permettant de consulter directement les produits adaptés aux usages amateurs. Dithane Garden est un produit de contact pour protéger le feuillage préventivement, surtout pour le début de saison. Koper/cuivre Garden , Cuprex Garden et Naturen Bouillie Bordelaise sont des produits protégeant le feuillage avec un effet protecteur des tubercules et adaptés pour toute la saison de culture. Matix Belpatat , Revus Garden et Proxanil Garden sont des produits pénétrant localement dans les feuilles, ils y sont donc à l’abri des lessivages par les pluies.

Quand nous appliquons un produit préventif contre le mildiou, nous devons tenter de couvrir toutes folioles de toutes les feuilles de toutes les plantes. C’est très important, peu importe le produit que nous employons.

Pour que l’application de ces produits avec un pulvérisateur soit correcte, nous devons utiliser suffisamment d’eau, au moins 4 litres par 100 m². Ensuite, nous devons travailler avec une forte pression : la pression maximale pour les appareils à pression préalable, en pompant à rythme rapide pour l es appareils à pression maintenue ; nous pouvons viser une pression de 3 bars si notre appareil est muni d’un manomètre.

Différences variétales

Certaines variétés sont plus sensibles au mildiou que d’autres. Cela signifie que certaines variétés ont plus de risques d’être contaminées que d’autres.

Les grands progrès réalisés chaque année par les sélectionneurs sont remarquables. Mais la population de Phytophtora infestans s’adapte aussi à ces progrès si bien que le travail de sélection doit se poursuivre en veille continue. Par ailleurs, les variétés ayant une bonne résistance n’ont pas nécessairement les qualités de goût, de bonne conservation et de production souhaitée par les utilisateurs.

Le midiou: quand et pourquoi ?

Pour que le mildiou se développe sur le feuillage des pommes de terre ou des tomates dans notre potager, il faut que soient réunies plusieurs conditions.

La présence d’un foyer

D’abord, il faut que les spores qui transmettent le champignon arrivent dans notre potager. Elles peuvent venir de plusieurs centaines de mètres, emmenées par le vent au départ d’un terrain voisin. Mais la probabilité de contamination s’atténue rapidement si la distance entre le foyer contaminateur et le jardin est longue. Le plus grand risque vient du jardin lui-même. Des repousses de pommes de terre au départ de tubercules abandonnés l’an dernier sont une source potentielle. Des déchets de triages contenant des tubercules contaminés par la maladie sont des foyers dangereux de contamination. Le compostage de ces débris végétaux élimine les risques si la température s’est bien élevée.

La présence d’un hôte sensible

Les variétés sensibles de pommes de terre et de tomates sont les plus concernées parmi les plantes de la famille des solanacées.

Les conditions météorologiques favorables

Pour qu’une spore soit capable de se développer sur une plante qui lui est sensible, il faut encore que les conditions soient favorables à sa multiplication puis à sa dissémination et enfin à sa germination. La maladie devient redoutable lorsqu’elle atteint un seuil épidémique : les conditions météo sont déterminantes. Et c’est lorsqu’elles sont favorables plusieurs semaines de suite que les ravages sont les plus impressionnants.

Il faut de l’humidité sur la feuille pour que la germination de la spore se déroule bien. Il faut que l’humidité relative de l’air soit élevée pour que le champignon puisse fructifier, c’est-à-dire produire des spores à son tour. Enfin, il faut que la température soit favorable : entre 8 et 30ºC.

Les conditions météo et le microclimat de mon potager

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de faire la pluie et le beau temps ! Mais dans une serre, sous une couverture transparente (cela concerne surtout la tomate), le feuillage n’est pas mouillé par la pluie. Et par les arrosages non plus, nous y prenons garde. Si en plus nous aérons bien la serre pour éviter la condensation, les risques de développement épidémique de mildiou y seront fortement diminués. Les housses plastiques individuelles donnent également une protection de la pluie, mais seuls les modèles bien aérés évitent la condensation et donc le film humide sur le feuillage.

Les services d’avertissement diffusent des messages d’alerte aux abonnés. Contacter le 068/264.632 ou exper@carah.be .

Et les doryphores ?

Depuis quelques années, en particulier en 2017, les doryphores reviennent sur les pommes de terre de nos régions. Il n’y a pas lieu de paniquer, mais bien de surveiller ses cultures.

En cas de présence d’adultes, attendons-nous à trouver des larves dans quelques jours. La lutte est simple, il suffit de les cueillir et de les éliminer. Les poules adorent cela, les pies et d’autres oiseaux aussi.

F.