Vendredi passé, la Coopérative des Betteraviers Transformateurs annonçait les résultats de son appel à souscription. Durant cette première période d’offre publique, près de 40 millions d’euros de capital ont été levés auprès de 1.293 agriculteurs et sympathisants. Ce montant représente 68 % de l’objectif en capital visé par le plan financier de la CoBT pour les parts A, B et S.
Des résultats historiques
« On n’atteint pas encore le montant et le tonnage nécessaires mais les chiffres sont historiques. Peu de projets peuvent prétendre à de tels résultats. Avec 1,06 million de tonnes de betteraves contractées, on est déjà à 75 % du seuil de rentabilité du modèle de 1,4 million de tonnes (et 66 % de l’objectif du plan financier de la Cobt, soit 1,61 million de tonnes pour une campagne de 110 jours). Pour les parts S, l’objectif est quasiment atteint alors que nous pensions qu’il serait compliqué d’y arriver. Les 192 souscripteurs en parts S – dont 72 betteraviers – se sont engagés pour 95 % du montant fixé dans le plan financier », explique Benoît Haag, coordinateur de la CoBT.
1. 173 betteraviers ont souscrit à des parts sociales de catégories A et B et ont signé un contrat de fourniture de betteraves avec la future sucrerie de Seneffe. Parmi ceux-ci, 1.050 avaient déjà déclaré leur intérêt pour le projet. « Dans cette catégorie, la moitié des souscripteurs sont restés fidèles à leur déclaration de base. Un quart d’entre-eux ont par contre choisi de la revoir à la hausse et le quart restant à la baisse. Ces groupes se sont finalement compensés ».
De nouveaux coopérateurs, au nombre de 123, se sont également manifestés. « C’était une très bonne surprise et cela a permis de combler le manque dû aux agriculteurs qui n’ont pas converti leur déclaration non liante d’intérêt ».
Une nouvelle période de souscription en mars
Le coordinateur l’affirme « Les résultats ne sont pas encore suffisants mais ils sont encourageant. De nombreuses personnes nous proposent un apport supplémentaire et nous recevons encore des souscriptions dont nous ne pouvons plus tenir compte car elles sont hors délai. La mobilisation est inédite et on se doit d’y donner suite ». Une seconde période de souscription sera donc ouverte dans le courant du mois de mars dans le but d’atteindre le montant de capital en parts B requis pour pouvoir poursuivre le développement du projet. « Les dates et délais de paiement sont en discussion et validation auprès de l’autorité des services et marché financiers (FSMA) », précise Benoît Haag.
« La décision finale de construire ou non l’usine reviendra aux coopérateurs et sera prise de manière démocratique ».
Tout est encore possible
Pour le coordinateur, il y a encore du potentiel : « Si autant de nouvelles personnes se sont engagées au premier tour, il n’y a pas de raison que ça ne soit pas à nouveau le cas. D’autres se sont montrées prudentes et attendaient les résultats pour s’engager plus ou s’engager tout court, on compte aussi sur elles. Un signal fort vient d’être donné par le secteur. Maintenant, il faut que tout le monde se mobilise et prenne ses responsabilités. Le marché du sucre est en pleine restructuration, nous nous trouvons dans une fenêtre d’opportunité unique, c’est aujourd’hui que les producteurs doivent prendre leur avenir en main ».
Il rappelle enfin : « Tant d’étapes ont déjà été franchies alors qu’on nous disait le contraire. Tout est encore possible. La décision finale de construire reviendra de toute façon aux coopérateurs. Les différentes options leur seront exposées et la validation finale sera démocratique. Si les gens investissent et nous font confiance, c’est un minimum qu’ils aient leur mot à dire ».
La semaine dernière, la commune de Seneffe et Idea annonçaient leur intention d’introduire un recours contre le permis unique octroyé à la CoBT.
« Nous nous y attendions un peu car nous connaissions l’état d’esprit de la commune au sujet de certains points techniques depuis l’octroi du permis. Celle-ci souhaitait y ajouter des conditions. Au début, les négociations ont été très constructives, nous avons tenté de la rassurer et fait des contrepropositions. Mais, elle a ensuite durci le ton en nous sommant d’accepter ses conditions sous peine de recours. Certaines d’entre elles dépassent le cadre légal, sont handicapantes pour l’exploitation de l’usine et remettent en cause les intérêts des coopérateurs. C’est pourquoi, nous avons décidé de laisser la commune aller au recours, tout en sachant que le permis avait déjà été validé par la Région Wallonne et une vingtaine d’administrations qui jugeaient qu’il respectait tout à fait la loi », explique Benoît Haag, coordinateur de la CoBT.
Il précise : « Nous comprenons tout à fait que la commune s’inquiète pour ses habitants car elle a déjà été confrontée à des projets sensibles mais, le nôtre est clairement axé sur la durabilité et ne sera pas délocalisable. Nous serons bien évidemment les premiers à faire des efforts pour nous intégrer dans l’environnement et minimiser les impacts sur les riverains. Nous restons ouverts à la discussion ».
En pratique
Pratiquement, les coopérateurs pourront à nouveau souscrire courant du mois de mars. Les conditions de souscriptions et modalités de paiements seront identiques à celles de la première période. Les planteurs souhaitant augmenter leur apport devront simplement remplir un formulaire et un avenant sera ajouté au contrat betteraves. L’agrément de tous les coopérateurs sera prononcé après la seconde période de souscription. Néanmoins, les souscripteurs en ordre de dossier et de paiement devraient percevoir les 2.000 euros d’aides de la Région Wallonne dans les prochaines semaines.