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En maraîchage, des conditions météorologiques très dérangeantes perturbent le bon déroulement des tâches

Une fin d’hiver et un début de printemps chauds et secs suivis d’un printemps frais ont précédé la période des orages avec leurs excès localement destructeurs. Dans de telles conditions, il n’est vraiment pas facile d’ajuster les livraisons aux calendriers théoriques et de s’adapter aux demandes ponctuelles des clients en légumes frais pour les rencontres festives et en plants à repiquer pour les potagers d’amateurs.

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Les pluies de la semaine dernière relancent une vague de levée d’adventices et ouvrent les conditions propices au développement épidémique de maladies du feuillage. Les insectes ont commencé leur cycle actif tôt cette année, la vigilance doit rester vive. Faisons un point de la situation.

Une fertilisation raisonnée

Les légumes à longue durée de végétation et à fort développement végétatif ont besoin d’une fertilisation adaptée. Bien que les situations soient très contrastées d’une parcelle à l’autre, les reliquats d’azote sont importants en parcelles maraîchères.

Après les fumures organiques de base, il est prudent de se baser sur une analyse de profil avant de se lancer dans des apports complémentaires. Les laboratoires sont disponibles sur le site www.requasud.be. Ces apports complémentaires se calent 3 à 5 semaines après plantation en choux brocolis et choux-fleurs, 5 à 8 semaines après plantation choux pommés, choux de Bruxelles, céleris verts et dorés et 6 à 8 semaines après plantation en poireaux et céleris-raves. Les compléments se calculent d’après les analyses.

Les papillons sont en vol depuis quelques jours, les chenilles sont présentes ou sont attendues très prochainement.
Les papillons sont en vol depuis quelques jours, les chenilles sont présentes ou sont attendues très prochainement. - F.

Il ne sert à rien de forcer les doses, des apports totaux de 120 à 150 unités d’azote en poireaux, 100 à 120 en choux pommés ou un peu plus en choux blancs, et 130 à 150 unités en céleris-raves suffisent généralement.

En cas d’apports organiques avant la plantation, c’est le bon moment pour déterminer les reliquats et les disponibilités selon l’avancement réel de la minéralisation, l’état de notre parcelle et selon le climat.

Les légumes à courte période de végétation n’ont guère besoin d’un fractionnement de la fertilisation.

La structure du sol et les travaux de printemps

Les conditions climatiques de 2018 et des conditions favorables pour travailler des sols ressuyés au printemps sont les bases de bonnes structures des sols de cette année.

Il fut aussi assez aisé de procéder à des faux semis et des binages

Mais nous sommes maintenant dans une période sensible pour les orages. Les méthodes de limitation des ravinements ont entièrement leur place dès que les parcelles sont en pente. Les cultures sur buttes comme les carottes et les racines de chicons sont les premières concernées.

Les cultures sur buttes comme les carottes et les racines de chicons sont les premières concernées par les risques de ravinement à la suite d’orages violents. La mise en place de diguettes permet aujourd’hui de limiter ce type de dommage!
Les cultures sur buttes comme les carottes et les racines de chicons sont les premières concernées par les risques de ravinement à la suite d’orages violents. La mise en place de diguettes permet aujourd’hui de limiter ce type de dommage! - M. de N.

Les systèmes de diguettes entre buttes présentent plusieurs avantages. Elles permettent de réduire la vitesse des écoulements d’eau et donc l’importance de l’érosion de surface en cas d’orage. Elles favorisent la pénétration de l’eau dans le sol et c’est au profit des cultures en place. Plusieurs entrepreneurs réalisent les diguettes après la confection des buttes, comme en culture de pommes de terre.

Dégâts de grêle

Des dégâts de grêles sont déplorés après les orages des 4 et 5 juin notamment ; nous sommes dans la période critique de l’année. Nous pouvons toujours demander le constat de la commission des dégâts aux cultures de la commune, mais si nous sommes imposés au réel, cela ne servira pas à grand-chose.

Tour d’horizon des maladies et ravageurs

Chaque année propose inévitablement son lot de maladies et de ravageurs.

Les pucerons

Les populations de pucerons ont été repérées tôt cette année et elles sont maintenant en expansion sur de nombreuses cultures maraîchères et légumières. Mais la douceur précoce du début d’année a aussi été favorable à la remise en activité précoce des auxiliaires. Dans une large majorité de cas, il n’y a pas lieu d’intervenir, les auxiliaires vont probablement réduire rapidement les populations de pucerons.

Restons quand même très attentifs sur des cultures de laitues surtout sur l’environnement de la parcelle est peu propice (haies, etc.) à l’installation rapide des auxiliaires.

Les mildious

Les mildious de l’oignon et du pois n’en sont encore qu’à leur début de développement épidémique. Nous en sommes aux observations et attendons l’envoie des messages d’alerte officiels avant de déclencher une première protection.

En pommes de terre primeur, des taches sont signalées sur le feuillage des cultures qui viennent d’être débâchées. Des confusions sont possibles avec les dégâts de gel d’il y a quelques semaines.

La sclérotiniose

Comme chaque année, nous constatons ici et là des foyers de Sclérotinia sclerotiorum , mais c’est davantage une question de rotation et de gestion des attaques antérieures que de météorologie de l’année.

Le traitement du sol avec Contans est une bonne méthode préventive qui complète bien le respect de la rotation.

En culture de choux

Les dégâts de pigeons (et parfois de gibier) restent importants. Dans les sites à risques élevés, les filets sont coûteux mais nécessaires. Les effaroucheurs donnent de bons résultats si les techniques employées sont alternées régulièrement pour éviter la perte d’efficacité.

La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année, probablement en lien avec la météo du début du printemps. Nous sommes encore dans la période à grands risques.
La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année, probablement en lien avec la météo du début du printemps. Nous sommes encore dans la période à grands risques. - F.

La mouche du chou a provoqué des dégâts précoces et importants cette année, probablement en lien avec la météo du début du printemps. Nous sommes encore dans la période à grands risques. Les méthodes de lutte combinent l’emploi de filets (difficile à mettre en œuvre efficacement), les binages qui détruisent les œufs et éventuellement le recours à des insecticides agréés (voir fytoweb.be).

Les papillons sont en vols depuis quelques jours, les chenilles sont présentes ou sont attendues très prochainement.

Du côté des poireaux

Nous sommes à la fin de la période des vols de la mouche mineuse Phytomyza gymnostoma. Bien qu’il faille rester vigilant, ce début de saison démarre de manière moins inquiétante que les années précédentes. Pour mémoire, les observations sur ciboulettes jeunes plantées en bord de parcelles sont aisées.

Par ailleurs, les populations de thrips sont en extension partout, la vigilance est requise pour les poireaux, d’autant que la teign e commence à être repérée. Observons de près nos parcelles !

L a mouche de la carotte

Nous devons nous attendre à un pic prochain de vol de la mouche de la carotte. Soyons sur nos gardes, ce n’est pas tellement les dégâts de cette période qui sont à craindre, mais bien l’ampleur de la génération suivante si nous ne faisons rien.

F.

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