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Auprès de mon potager, le non-bêchage se prépare en automne

Inspiré des techniques développées en agriculture, le jardinage expérimente des méthodes sans bêchage. Sans tomber dans des excès allant jusqu’à bannir tout usage de la houe ou de la bêche, essayons de discerner les avantages et les limites de l’absence de -bêchage. Focalisons-nous sur les travaux à mener en cette saison automnale.

Temps de lecture : 6 min

D ans son édition du 7 novembre, le Sillon Belge délivrait sous la présente rubrique des informations au sujet des «ados» constitués avant l’hiver. Une autre technique de préparation du potager dans l’arrière-saison consiste à purement et simplement supprimer le bêchage.

La surface occupée par les légumes encore en place mincit chaque semaine. Sur l’espace ainsi libéré, nous pouvons adopter différentes méthodes sans bêchage.

Laisser la terre et les apports végétaux en place

La technique la plus simple consiste à ne rien faire. Les débris végétaux sont laissés sur place. Les plantes sauvages restent en place également et se développent ou pas selon les rigueurs de l’hiver et leur sensibilité spécifique. Au printemps, ces débris et végétaux présents seront laissés en place ou enfouis très superficiellement par de légers travaux à quelques mm de profondeur. Seuls les potagers avec très peu de plantes adventices sont concernés par cette méthode.

Travailler très superficiellement

On peut éventuellement choisir de travailler très superficiellement le sol pour incorporer les matières végétales sous quelques mm de terre. Mais cela doit se faire uniquement en excellentes conditions. Il faut que le sol soit bien ressuyé. Si non, nous dégradons la structure du sol au détriment des échanges d’air entre le sol et l’atmosphère et donc au détriment de la vie dans le sol.

Pailler le sol

Un paillage d’automne présente indéniablement des avantages. Il permet de recouvrir les débris en place et les adventices présentes et de favoriser leur décomposition pour enrichir le sol. Les apports peuvent facilement se faire depuis des sentiers ou passages aménagés pour la circonstance sons obliger de marcher sur le sol humide, sans risquer de le compacter.

Une couche de compost mixte convient parfaitement. Les matières déjà bien compostées s’incorporeront au sol par gravité et surtout par l’action de transport par les animaux du sol. Les matières moins évoluées en termes de compostage resteront en surface. Elles pourront être rassemblées au printemps et retourner au tas de compostage.

Le broyat de branchettes seul protège le sol des effets de la pluie. Il peut rester tout l'hiver et sera ensuite évacué au printemps en vue d'être composté avec des matières plus riches en azote, comme les tontes de pelouses par exemple.
Le broyat de branchettes seul protège le sol des effets de la pluie. Il peut rester tout l'hiver et sera ensuite évacué au printemps en vue d'être composté avec des matières plus riches en azote, comme les tontes de pelouses par exemple. - F.

Le sol est protégé. L’eau de pluie et de la fonte de neige pénètre dans le sol sans obstacle. La température du sol peut être légèrement supérieure à celle d’un sol non paillé. C’est favorable à la vie dans le sol.

Au printemps, un sol paillé sèche moins vite qu’un sol non-paillé. Pour permettre les tous premiers semis et les toutes premières plantations, il peut être intéressant de retirer le paillage quelques jours avant ces nouvelles implantations. L’évaporation d’eau et le séchage par le soleil y seront facilités.

Nous pouvons aussi pailler directement avec des feuilles provenant de notre jardin. Mais un bref compostage les rendra moins sensibles aux envols par les effets du vent.

Que se passe t-il sous le paillage ?

Cette technique de culture consiste à épandre à la surface du sol des matières organiques végétales. Les organismes du sol vont dégrader progressivement ces matières organiques et laisser au sol une partie minéralisée utilisable par les plantes et une partie humifiée. Parmi ces organismes, nous avons des petits animaux comme les vers de terre, des bactéries et des champignons décomposeurs.

Le sol n’est pas retourné mécaniquement, nous n’effectuons pas de bêchage. La matière organique fraîche et en cours de décomposition reste en surface. Pourtant, un certain mélange est réalisé par les organismes anéciques (vers de terre de grande taille) du sol.

Les vers de terre, notamment, vont jouer un rôle essentiel dans la création d’une perméabilité verticale grâce aux traces laissées par leur passage. Ils sont aussi des agents actifs dans la formation du complexe argile-humus et la stabilité de la structure du sol.

Une des difficultés rencontrée dans nos conditions climatiques est la tendance au tassement et à la compaction. Le jardinier se gardera d’aggraver cela en ne marchant jamais sur les espaces cultivés. Il aménage donc son jardin en zones cultivées et en zones de passages. Cela peut être des bandes cultivées séparées par des sentiers d’accès. La créativité est de mise pour les formes et agencements les plus variés.

Pour réaliser les plantations ou les semis, le jardinier écarte localement le mulch de surface pour disposer les plants ou les graines. Le seul travail du sol est un éventuel griffage très léger de surface pour disposer d’un peu de terre fine.

Les vers de terre participent à la création d’une perméabilité verticale dans le sol.
Les vers de terre participent à la création d’une perméabilité verticale dans le sol.

Comme la matière organique de surface est dégradée par les organismes du sol, nous devons prévoir de nouveaux apports réguliers chaque année.

Les avantages du paillage d’automne

Le mulch de surface protège très bien le sol contre les effets érosifs des pluies abondantes. Il empêche également l’érosion et les ruissellements.

L’humification des matières organiques végétales exige de l’oxygène, une bonne aération. Comme les matières végétales restent en surface du sol, l’aération est très bien assurée. La formation de l’humus peut se dérouler en bonnes conditions.

La couche de surface est un tampon thermique, un isolant. Elle limite les variations de température entre la nuit et le jour et adoucit progressivement les variations saisonnières.

Une bonne épaisseur de la couche de surface permet de maîtriser le développement de certaines plantes adventices.

Les limites de la technique de non-bêchage

Le paillage réalisé au départ de matériaux collectés dans le jardin permet une certaine autonomie par rapport aux matières organiques. Si nous devons acquérir ces matériaux à l’extérieur, la question de l’équilibre sur le long terme se pose.

La fraîcheur sous le mulch est favorable à la multiplication des limaces, escargots et campagnols. De plus, ce paillage protège ces ravageurs des attaques des oiseaux et autres prédateurs.

Les campagnols devront être surveillés également pour éviter que des colonies ne deviennent envahissantes.

Les plantes sauvages persistantes sont favorisées par l’absence de travail du sol profond et l’absence d’extirpage. La présence de chiendent, de liserons, de chardons ou de prêles incite à veiller à réduire ou mieux à éliminer leur présence dans le potager. Cela passe par l’élimination des racines et rhizomes. Ce ne sera que par la suite que nous pourrons envisager une culture sans bêchage.

Chaque année, nous pouvons apporter un complément à ce paillage pour compenser ce qui a été décomposé lors des derniers mois.

Par ailleurs, nous sommes amenés à dégager les lignes de semis de nos légumes pour permettre leur installation ; les graines d’adventices voisines profitent également de ce dégagement de lumière.

Les techniques de désherbage sont différentes de celles employées sans couverture végétale de surface. L’emploi de rasettes est réduit. Les adventices gênantes seront arrachées avant qu’elles n’aient pu produire un nouveau stock de semences.

A retenir, en bref

Bêcher ou ne pas bêcher est une décison qui demande réflexion. L’absence de bêchage est une technique bien adaptée pour des terrains de bonne qualité et exempts de plantes vivaces; elle est idéal lorsque les sources de matières végétales de surface sont facilement disponibles.

Attention: le non-bêchage limite la pénibilité du travail mais demande d’avoir déjà la main verte pour bien réussir les semis. I, requiert aussi de surveiller les limaces, escargots et campagnols.

F.

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