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Dans les cultures maraîchères: les limaces, les dégâts… et les moyens de lutte

Les cultures maraîchères sont très sensibles aux dégâts sur plantules, aux lésions sur le légume et à la présence de ces ravageurs entre les feuilles et dans les pommes (laitues, chicorées, choux). Voyons comment lutter.

Temps de lecture : 5 min

Les limaces sont des mollusques. Plusieurs espèces se rencontrent fréquemment dans les cultures maraîchères. Sans coquille apparente, elles sont capables de s’enfoncer profondément dans le sol. Elles y sont protégées de la dessiccation et de certains de leurs prédateurs. Seules quelques espèces occasionnent des dégâts notables.

Espèces redoutées

La limace grise (Deroceras reticulatum) adulte mesure 4 à 6 cm. Jeune, elle a une couleur rouge-violacé. Le mucus est blanchâtre. Hermaphrodite, elle pond jusqu’à 300 à 400 œufs tout au long de l’année. Chez nous, une ou deux générations sont possibles par an. Elle vit 9 à 12 mois, surtout en surface de sol, et peut parcourir 6 m en une nuit. Elle est surtout crainte en période de sécheresse.

Limace noire (Arion hortensis) sur laitue.
Limace noire (Arion hortensis) sur laitue. - F.

La limace noire (Arion hortensis) adulte mesure 3 à 4 cm, jeune, elle mesure ½ cm et est gris bleuâtre. Le mucus est incolore ou jaunâtre. Elle vit 12 à 18 mois, dans le sol, et peut parcourir 3m en une nuit. Hermaphrodite, elle pond 150 à 300 œufs de mai à septembre. Chez nous, une ou deux générations sont possibles par an. Elle est surtout crainte par temps pluvieux, au printemps sur plantules, en automne sur légumes.

Les dégâts

Les limaces adultes mangent jusque la moitié de leur poids par 24 h, ce qui est énorme en termes de jeunes plantules. Les feuilles sont rongées, d’abord à partir des espaces inter-nervaires. Les tiges sont coupées et mangées et les plantules meurent. Des loges sont creusées dans les racines et tubercules.

Influence de la météo et du sol

Très sensibles à la température, les limaces ont un métabolisme qui leur impose de se nourrir davantage lorsque la température dépasse une vingtaine de degrés. Les populations d’adultes se réduisent par grand froid, mais les œufs résistent bien au gel.

Lorsque l’humidité relative est faible, les limaces se déshydratent rapidement, mais la découverte d’un point d’eau leur permet aussi de se réhydrater rapidement.

En absence de nourriture, elles peuvent survivre quelques semaines.

Les sols argileux sont plus sujets au développement des populations de limaces que les sols sablonneux. Les sols grossièrement préparés sont propices aux déplacements et aux nidifications dans le sol. C’est un facteur essentiel.

Collet rongé par la limace noire.
Collet rongé par la limace noire. - F.

Estimation des risques

Les limaces peuvent être observées directement par leur présence ou par les traces de passage sur les feuilles couvertes de la rosée matinale ou les traces de mucus. Les pièges permettent d’apprécier le niveau d’importance des populations. Les résultats doivent être interprétés selon la grandeur des risques, dépendant eux-mêmes de la culture et de l’époque de l’année.

En pratique, 4 pièges de ¼ de m², constitués de cartons humidifiés recouverts d’une bâche, sont disposés sur la parcelle. Le comptage se fait 3 jours plus tard et s’exprime en nombre d’individus/m². Le seuil de tolérance dépend de la sensibilité de la culture. Vetabio, projet Interreg, mentionne 1 individu/m² en cultures sensibles comme les laitues, les choux, les radis, les navets, les fraises et les épinards. Il mentionne 2 individus/m² sur chicons, 12 /m² sur haricots. Des épandages localisés de granulés appâts permettent également d’apprécier l’importance des populations.

Auxiliaires de lutte…

Les auxiliaires  : plusieurs espèces de carabes et de staphylins dévorent les œufs de limaces. Leur action est précieuse vis-à-vis des pontes, dès le début du printemps. Pour les favoriser, il convient de maintenir des zones refuges enherbées aux flores diversifiées constituant un maillage autour des parcelles.

… et mesures prophylactiques

De nombreuses mesures prophylactiques complémentaires préviennent l’extension des populations de limaces.

La rotation des cultures intervient dans la durée des périodes sans culture, la protection naturelle vis-à-vis des auxiliaires se déplaçant sur le sol ou dans les airs et les possibilités d’interventions comme évoqué ci-après.

Le broyage des débris de cultures favorise leur décomposition et réduit donc les possibilités pour les limaces de se nourrir entre deux cultures. Les collets de laitues, les tiges de choux sont des refuges nourriciers.

Les déchaumages superficiels permettent d’exposer les pontes au soleil, favorisant ainsi leur déshydratation. Peu après chaque opération, les limaces sont présentées au regard de prédateurs. La réduction de l’enherbement par ces façons culturales répétées réduit d’autant les réserves nourricières.

L’entretien des bordures de parcelles permet le maintien d’une végétation propice au maintien et à l’extension de populations de carabes prédateurs. L’efficacité globale de cette réserve d’auxiliaires est liée à la densité de son maillage dans la plaine. L’entretien consiste en fauchages, un travail mécanique pour contenir l’extension des herbes dans la zone cultivée, éventuellement un désherbage thermique localisé. L’application d’herbicides en ces endroits refuges n’est pas une bonne idée tant que nous ne sommes pas certains de l’innocuité des produits sur les auxiliaires!

Les pièges en cartons humidifiés et protégés du soleil par un film plastique permettent de se figurer l'importance des populations. Le comptage se fait trois jours après la pose, dès le réveil printanier.
Les pièges en cartons humidifiés et protégés du soleil par un film plastique permettent de se figurer l'importance des populations. Le comptage se fait trois jours après la pose, dès le réveil printanier. - F.

Les binages des cultures favorisent l’exposition au soleil des œufs ainsi que des limaces exposées quelques instants au regard de prédateurs.

Le travail superficiel du sol , notamment lors de faux semis, jouent un rôle équivalent peu avant la période risquée des semis et levée des plantules.

Molluscicides

Les molluscicides homologués apportent un autre type de solution. Le métaldéhyde détruit les cellules productrices de mucus, la limace se déshydrate. Avec le phosphate de fer, les limaces cessent de l’alimenter. Les produits sont formulés sous forme d’appâts ; n’intervenir que sur les surfaces aux risques avérés par piégeage. Pour les doses, délais, cultures autorisées et noms commerciaux, voir aussi www.fytoweb.be.

Les résultats seront meilleurs avec des interventions précoces, au semis et avant la levée de la culture. La lutte doit s’organiser pour éviter les surpopulations aux premiers stades de la culture surtout. Quand les dégâts sont faits, il est trop tard. La détermination des risques par le piégeage cité ci-davant a tout son sens. Il faut éviter les applications inutiles d’appâts, certains d’entre eux ayant un effet défavorable sur la faune du sol (carabes, vers de terre…).

F.

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