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Mener à bien les racines de chicon: semis et désherbage, deux étapes clés!

Les températures dans le sol sont encore un peu basses, nous pouvons espérer commencer les semis au cours de la deuxième semaine de mai. Profitons de l’occasion pour faire un point d’actualité

Temps de lecture : 5 min

A vant tout, rappelons que la réussite d’une production de racines de chicons dépend prioritairement de la réussite du semis.

De nos jours, le choix variétal est large et de grande qualité. Nous pouvons regrouper les variétés selon la période de forçage prévue, sachant que les résultats obtenus par les centres de recherche belges et français peuvent varier selon les conditions culturales de l’année d’étude.

De nombreuses variétés

Les variétés reprises ici ne sont que quelques exemples sans préjuger de la qualité des cultivars involontairement non cités. Le jardin national d’essai de Herent met en ligne les résultats comparatifs très récents (www.proeftuinherent.be) :

– forçage en octobre et novembre : Atlas, Beguine, Ecrine, Jocker, Mont Blanc ;

– forçage en novembre et décembre : Atlas, Bingo, Darling, Manoline, Topscore, Yellowstar ;

– forçage en décembre et janvier : Platine, Topscore ;

– forçage en janvier, février et mars : Amazone, Baccara, Daufine, Fakir, First Lady, Laurine ;

– forçage en février, mars, avril : Daubine, Laurine, Ombline, Takine, Vintor ;

– forçage en avril, mai, juin et été : Flexine, Laurine, Podium, Sixtine, Sweet Lady, Topmodel, Vintor.

L'examen des collets donne une première indication de l'état sanitaire des racines avant la mise en frigo.
L'examen des collets donne une première indication de l'état sanitaire des racines avant la mise en frigo. - F.

Par m2: 18 à 28 racines

La densité de population souhaitée sera de l’ordre de 18 à 28 racines par m² pour ne pas obtenir de racines trop grosses ni trop petites pour le forçage (diamètre idéal de 3,5 à 5,0 cm au galbe du collet). Notons que les racines ne seront pas toutes aptes au forçage, des pertes devant entrer en compte lors des opérations de récolte, manutention et triage. Pour des semences de bonne qualité, la densité de semis sera de 25 à 36 graines par m², soit 250.000 à 360.000 graines/ha.

Un profil de sol sans zone compactée ni creuse

Un profil de sol homogène et sans semelle de labour est nécessaire pour favoriser le bon développement des racines (pas ou très peu fourchues) et surtout leur alimentation correcte en eau et donc en sels minéraux. En cas de mauvais enracinement dû à une dégradation de la structure de sol, l’exploration du profil par les radicelles sera limitée, ce qui nuira à l’alimentation en calcium de la plante au champ. D’où une teneur insuffisante des racines et des problèmes importants au forçage (altérations physiologiques, avec notamment la coloration excessive de l’axe du chicon et la nécrose marginale des feuilles).

Les racines devraient avoir une longueur de l’ordre de 17 cm à l’arrachage, base des pétioles non comprise.

Azote et variétés

Le choix variétal sera entres fonction de la disponibilité attendue d’azote par le sol. Les variétés dites sensibles dans les catalogues des semenciers ont besoin de 110 à 140 kg d’azote incluant évidemment les reliquats, l’effet de la culture précédente et la minéralisation des matières organiques du sol. L’analyse du profil par un laboratoire permettra de s’assurer du respect de cette contrainte. Pour les variétés dites tolérantes, le besoin est de 140 à 160 kg d’azote libéré ; il s’élève à 160 à 180 kg pour les variétés préférantes.

L’analyse classique de sol est précieuse aussi pour tendre vers un bon équilibre nutritif entre le potassium, le magnésium et le sodium. De manière générale, une fumure potassique et magnésienne équilibrée permet de limiter les excès d’amertume au chicon lors du forçage. L’analyse de sol permet de déterminer ces besoins.

Le semis, clé de la réussite

La réussite du semis est une des clés du succès final. La préparation du lit de semis, le réglage du semoir, la qualité des semences joueront un rôle fondamental dans cette réussite. Le sol doit être bien rassis, la semence est positionnée à 5 à 7 mm de profondeur et est bien plombée (importance de ce facteur de réglage du semoir).

La levée est constatée après 6 à 8 jours ; idéalement elle devrait atteindre 60 %. Pour cela, le plombage de la graine au semis est important, mais aussi la température du sol. Ne jamais semer à moins de 8ºC (mauvaises levées, vernalisation), commencer à partir de 10ºC au sol au moins.

Le désherbage: délicat !

Une bonne maîtrise de l’enherbement au fil de la rotation et les faux semis concourent à la réussite :.

En culture bio, les binages, complétés par le désherbage thermique (assez bien supporté du stade 1 vraie feuille à 5 vraies feuilles de la culture), permettent de limiter les interventions manuelles à 100 à 150 heures/ha.

En conventionnel, le désherbage s’inspire des développements récents en culture de chicorée industrielle. Les doses totales annuelles de plusieurs des matières actives utilisables pour le désherbage chimique des racines de chicons sont limitées. Il est utile de consulter phytoweb pour s’informer des actualisations. Les interventions sont souvent comparables à celles préconisées en chicorées. Le site de l’Irbab présente une fiche pour la chicorée industrielle qui a des similitudes avec la culture des racines de chicons (www.irbab-kbivb.be/fr). Retenons, par rapport aux années précédentes, la réduction de la dose de Bonalan de 9 à 8 l/ha, le retrait d’Asulox ; en outre, 2020 est la dernière année d’emploi du chlorprophame.

Protéger contre les ramiers et le sclérotinia

La maladie la plus crainte est la sclérotiniose (due le plus souvent à Sclerotinia sclerotiorum). Le respect d’une rotation suffisamment longue est la première méthode de lutte. Dans le cas de sols identifiés historiquement comme infectés par des sclérotes, il convient d’appréhender les risques et apprécier si une intervention au champ avec le fongicide biologique à base de Coniothyrium minitans (Contans) se justifie en plein champ.

Les pigeons ramiers peuvent occasionner de grands dégâts en picorant les jeunes feuilles ; les plantes prennent alors du retard dans leur développement avec des conséquences sur le poids final des racines et l’agenda des récoltes. Les problèmes viennent surtout lorsque les fortes populations se rabattent sur les rares parcelles de la région. Toutes les méthodes d’effarouchement viseront le découragement des mauvaises habitudes des colonies d’oiseaux dès le début de la croissance des plantes, mais l’efficacité n’est pas toujours au rendez-vous. Une autre méthode est la pose de filets, mais le prix de revient est très élevé au regard de la valeur des racines. En cas de fortes attaques, contacter les services compétents pour une autorisation de tir.

F.

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