Quatre robots désherbeurs en test au Cra-w

Les robots seront mis à l’épreuve en cultures sarclées (betteraves, chicorée et maïs)  et légumières (ici : le robot Dino, de Naïo Technologie).
Les robots seront mis à l’épreuve en cultures sarclées (betteraves, chicorée et maïs) et légumières (ici : le robot Dino, de Naïo Technologie). - J.V.

L’utilisation de produits phytosanitaire est de plus en plus décriée, notamment en raison de leurs impacts sur l’environnement et la santé. En outre, des herbicides sont retirés du marché chaque année et le coût de la main-d’œuvre est tel que le désherbage ne peut être réalisé manuellement. L’utilisation de robots autonomes de désherbage mécanique permet d’apporter une solution à ces problèmes que rencontrent les agriculteurs et maraîchers », explique Véronique Leclercq, chargée de projet maraîchage au Centre wallon de recherches agronomiques (Cra-w).

Certains de ces robots sont d’ailleurs déjà commercialisés mais leur essor reste limité. Leur prix, leur efficacité, leur fiabilité ou encore leur adaptabilité au territoire wallon sont autant de point sur lesquels se questionnent les potentiels utilisateurs. Pour répondre à leurs interrogations, le Cra-w loue, avec le soutien du ministère de l’environnement, quatre robots de désherbage prénommés Dino, Oz, Anatis et Toutilo.

Évaluer les robots pour guider les futurs utilisateurs

Jusqu’en 2023, ces engins subiront diverses batteries de tests, au Cra-w mais aussi chez des agriculteurs et maraîchers partenaires, afin d’atteindre un triple objectif.

« Premièrement, nous comptons étudier et évaluer les robots en profondeur, aussi bien en cultures sarclées (betterave, chicorée, maïs) qu’en légumes. Nous serons attentifs à leur capacité à travailler en toute indépendance, à leur durée de fonctionnement, à leur polyvalence (cultures, dévers et pentes, conditions de luminosité…)… Bien sûr, nous vérifierons aussi l’efficacité et la qualité du travail accompli », détaille Quentin Limbourg, chargé de projet en mécanisation et nouvelles technologies.

Les essais conduits par le Cra-w viseront notamment a évaluer la qualité  du travail effectué par les robots (ici : le robot Anatis, de Carré).
Les essais conduits par le Cra-w viseront notamment a évaluer la qualité du travail effectué par les robots (ici : le robot Anatis, de Carré). - J.V.

Outre ces performances techniques, une évaluation socio-économique portera sur les coûts d’achat et d’utilisation du robot, sur l’impact de son utilisation sur les coûts de production, sur la réduction de la pénibilité du travail…

Dans un second temps, le Cra-w s’attellera à intégrer ces nouvelles technologies dans les fermes wallonnes, tout en tenant compte de leurs spécificités. Cela passera par la diffusion des résultats des essais, l’organisation de démonstrations, l’accompagnement des agriculteurs et maraîchers intéressés…

Au sein des quatre robots du Cra-w se trouve un « cobot » associant le travail robotisé de désherbage de l’inter-rang au travail manuel de nettoyage du rang (ici : le « cobot » Toutilo, de Touti Terre).
Au sein des quatre robots du Cra-w se trouve un « cobot » associant le travail robotisé de désherbage de l’inter-rang au travail manuel de nettoyage du rang (ici : le « cobot » Toutilo, de Touti Terre). - J.V.

« Nous souhaitons aussi dialoguer avec les fabricants et importateurs de robots. Ceux-ci ont été conçus en France où les fermes ne présentent pas les mêmes caractéristiques qu’en Wallonie. Par nos échanges, nous espérons que les outils puissent s’adapter à nos usages et conditions de travail. »

Au terme du projet, le Cra-w a l’ambition d’avoir dressé une carte d’identité des robots afin de conseiller les potentiels utilisateurs en fonction de leurs besoins et des conditions qu’ils rencontrent.

J. Vandegoor

Dino, Oz, Anatis et Toutilo: vos nouveaux ouvriers agricoles sous la loupe

Bien qu’autonomes, les robots disposent tous d’une commande permettant à l’agriculteur de reprendre leur contrôle à tout moment.
Bien qu’autonomes, les robots disposent tous d’une commande permettant à l’agriculteur de reprendre leur contrôle à tout moment. - J.V.

Notons tout d’abord que ces engins autonomes disposent tous d’un système de sécurité leur permettant de s’arrêter s’ils rencontrent un obstacle ou si un être vivant pénètre dans leur périmètre de travail. Une commande permet à l’utilisateur de reprendre le contrôle de la machine, à tout moment, et de la guider vers la parcelle où travailler. Les robots sont aussi capables de prévenir leur propriétaire par sms lorsque leur travail est terminé ou encore en cas d’anomalie ou de dysfonctionnement.

Dino, de Naïo Technologie (importateur : Agronova)

Dino est un robot enjambeur guidé par RTK-GPS et dédié au désherbage des cultures légumières, avec une précision de l’ordre de 2 cm. Le guidage requiert le chargement de cartes parcellaires dans le système. Celui-ci permet, par ailleurs, de paramétrer le sens d’avancement du robot et sa vitesse de travail.

L’autonomie de l’engin est de l’ordre de 7 heures. Pour davantage de précision, le guidage RTK-GPS peut être complété par un guidage caméra dont le développement se poursuit pour être adapté à un maximum de cultures. La largeur du Dino est réglable, de manière à l’adapter à la situation rencontrée (type de culture, inter-rang…).

Plusieurs outils de désherbage mécanique sont disponibles : socs de binage (diverses formes et largeurs), herses étrilles et bineuses étoiles.

Certains robots ne travaillent que dans un seul inter-rang à la fois (ici : le robot Oz, de Naïo  Technologie).

Oz, de Naïo Technologie (importateur : Agronova)

Oz est un robot de plus petite taille, qui ne travaille que dans un rang à la fois. Il est également guidé par RTK-GPS, pour une autonomie variant de 3 à 10 heures selon le type de batterie choisi et le travail effectué.

Son usage est multiple. Il est principalement dédié au désherbage, grâce aux différents outils qu’il peut embarquer (bineuse, herse, rasette…), mais il peut aussi transporter des charges ou tracter une remorque pour faciliter les récoltes. Un siège de travail peut lui être attelé, pour les opérations de repiquage par exemple.

Anatis, de Carré (importateur : Steeno)

Anatis associe le guidage par RTK-GPS, pour le robot en tant que tel, au guidage par deux caméras (une à l’avant, l’autre à l’arrière), pour le guidage de l’outil de désherbage. L’outil – une bineuse ou une herse étrille montée sur un attelage trois points – peut ainsi travailler au plus près de la culture sans l’endommager.

Ce robot embarque un terminal sur lequel se programment ses positions initiales et finales, ses demi-tours et tout autre paramètre nécessaire à son fonctionnement. L’ensemble du travail effectué par Anatis peut être surveillé depuis une tablette de même que l’état de sa batterie, ou la vision en live de la caméra.

L’autonomie d’Anatis est d’environ 7 heures, selon le travail effectué.

Toutilo, de Touti Terre (sans importateur)

Enfin, Toutilo est défini par son constructeur comme étant un « cobot » enjambeur (contraction de collaboration et robot). Cet engin autonome à la particularité de pouvoir accueillir deux personnes en position assise, pour le transport, ou en position couchée, pour le travail. Il est ainsi possible de combiner un travail robotisé de désherbage de l’inter-rang avec un travail manuel de nettoyage du rang ou encore de « survoler » les plants pour effectuer la récolte des légumes ou d’effectuer des repiquages. Pour le désherbage, le robot peut chausser des socs, griffes ou herses étrilles.

Contrairement aux engins précédents, Toutilo se guide via une caméra qui se repère par rapport à un cordeau de couleur fixé au sol. Il peut également accueillir un module RTK-GPS pour rendre son pilotage totalement autonome et lui permettre de repasser précisément sur des chemins tracés en amont, avec le Toutilo ou avec un tracteur.

Son autonomie est d’une vingtaine d’heures. Sa vitesse d’avancement est réglable en fonction du travail à effectuer.

J.V.

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