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Viticulture: hausse généralisée des prix des matières sèches

À peine sortis de la crise sanitaire et des difficultés de vente pour cause de fermeture de l’Horeca notamment, les producteurs de vin sont confrontés à des hausses de prix dans de nombreux secteurs. Hausse du prix de l’énergie bien sûr, mais surtout des matières sèches : bouteilles, étiquettes, cartons, caisses bois, transport…

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Depuis le début de cette année, les verriers, par exemple, ont augmenté leurs prix de 20 à 50 %, en trois ou quatre paliers, et annoncent des délais de livraison plus longs que d’habitude. Que ce soit en Belgique ou dans les pays voisins, une certaine nervosité devient palpable. Et négocier les prix coupe l’accès aux marchandises…

« Plusieurs phénomènes se passent en même temps », explique Frédéric Willems, patron de Tradyglass à Soignies. « Il y a d’abord eu la crise du Covid qui a fait chuter les ventes des verreries de 30 à 50 % de ventes, les obligeant à mettre la moitié de leur personnel, qui est en tournante, en chômage Covid. Et comme c’est un métier difficile en trois pauses, avec le feu, et sept jours sur sept, il y en a beaucoup qui ne sont pas revenus. Mais c’est un problème multisectoriel, on enregistre un manque cruel de main-d’œuvre alors que tout reprend. »

« Second problème, la hausse du prix du gaz et de l’électricité qui alimentent leurs fours contre laquelle il n’est rien possible de faire. Si l’augmentation est refusée, le gaz est tout simplement coupé et sans énergie, pas de verre. En plus des hausses de prix, il y a aussi un problème de stock, le monde verrier est vraiment dans la tourmente. »

Mais il est loin d’être le seul à être dans ce cas, comme en témoigne Vanessa Wyckmans au Château de Bioul. « Tout a augmenté ces dernières semaines, explique-t-elle, de l’ordre de 20 à 30 % sur tout : les matières premières, les machines, la main-d’œuvre, les engrais, les bouchons… Il n’y a pas un seul fournisseur qui n’ait augmenté ses tarifs. Et à part le prix du mazout qui peut redescendre, je crains être obligée de continuer à travailler avec ces prix-là.

Les délais de livraison sont aussi interminables. Pour exemple, nos coiffes sont passées d’un délai habituel de 2 à 3 semaines à 15 semaines en décembre, et plus encore aujourd’hui. Nous devons dès lors commander maintenant les marchandises dont nous aurons besoin en fin d’année.

Après deux ans de Covid, ce n’est vraiment pas évident, mais le moral est bon ! Heureusement que j’avais fait de belles commandes l’an dernier qui arrivent maintenant. Par contre, nous n’avons évidemment pas augmenté nos prix de 30 %, mais quand même d’un ou deux euros par bouteille selon les cuvées. »

Autre écho avec Pierre-Marie Despatures, au Domaine du Chenoy, qui souligne l’augmentation des matières premières dans la construction et relève que « certains verriers ont été obligés d’arrêter de produire à cause du Covid mais aussi faute de rentabilité. Mais plus que l’augmentation des prix, c’est surtout un problème de disponibilité. »

« En Champagne, la plupart de vignerons utilisent la même bouteille. En Belgique, c’est chacun pour soi, chacun a son propre modèle et impossible donc de faire un achat groupé. Même si nous commandons 100.000 bouteilles pour nous, cela n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan de la production. Cela prendra des années pour changer cela, mais il faudra y venir… »

MV

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