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Avis de recherche

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Pourtant largement d’actualité, entre les conséquences du conflit russo-ukrainien et la sécheresse qui a frappé cet été une grande partie de l’Europe, les sujets de la sécurité alimentaire et de l’agriculture n’ont pas du tout été mentionnés par la présidente de la commission Ursula von der Leyen dans son discours annuel sur l’état de l’Union, qui a été dominé par la question de la guerre et ses conséquences sur les prix de l’énergie.

Une omission, dans ce long discours prononcé le 14 septembre dernier devant le parlement européen, qui est d’autant plus mal passée que le commissaire à l’Agriculture brillait par son absence dans ce momentum politique très attendu.

Les réactions des observateurs n’ont donc pas tardé à fuser. On notera celle du socialiste français Éric Andrieu, très impliqué au sein de la commission de l’Agriculture du parlement qui a lancé, non sans humour, un « avis de recherche ».

« Pas la moindre référence à l’enjeu agricole et alimentaire dans la première partie de son discours alors que nous sommes à l’aube d’une crise majeure » a cinglé l’eurodéputé social-démocrate avant d’enfoncer le clou : « il a fallu attendre que certains chefs de groupes l’interrogent sur le volet agricole, et même à ce moment-là, elle annone la fiche que ses services lui ont préparé ». Elle s’est aussi contentée de rappeler les mesures déjà prises par l’UE depuis le début de la guerre en Ukraine (déblocage de la réserve de crise agricole, dérogations aux règles du verdissement…).

Inquiet, Éric Andrieu l’est. Et l’absence du commissaire Wojciechowski n’est pas faite pour le rassurer à un moment crucial pour l’agriculture avec la remise en question des règles de l’OMC, la flexibilité au niveau des plans stratégiques nationaux de la nouvelle PAC et, bien sûr, la mise en œuvre des stratégies du Pacte Vert « sur lequel nous sommes en train de reculer car la PAC ne respecte pas les axes qui ont été fixés en amont ».

L’eurodéputé tacle encore un commissaire à l’Agriculture qui n’a pas su imposer ses sujets à l’agenda et dont il note la faiblesse. « En 2018, j’avais annoncé qu’il fallait appréhender l’alimentation et l’agriculture comme un secteur éminemment géopolitique ». Et d’embrayer sur les règles de l’OMC dont il prône la révision, à la fois sur les enjeux énergétiques, de réciprocité des normes, des stocks alimentaires.

« Structurellement instable, le secteur agricole a besoin d’outils de régulation pour harmoniser l’offre et la demande » a rappelé M. Andrieu en déplorant que le commissaire Wojciechowski, dont il regrette le manque d’anticipation et de projection, suive les positions du Copa-Cogeca « où il va chercher sa feuille de route. Or, il ne faut pas mélanger l’approche syndicaliste, qui est tout à fait légitime et louable, et l’approche politique »…

Marie-France Vienne

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