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Les prix du lait toujours nettement en dessous des coûts de production en 2016

Les prix du lait n’ont pas permis l’an dernier aux producteurs laitiers belges de couvrir leurs coûts de production, selon une étude réalisée à l’initiative de l’European Milk Board (EMB) et de l’association de producteurs belges MIG. Les résultats de cette étude, actualisés pour 2016, ont été présentés à l’occasion de la Foire agricole de Battice (province de Liège).

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L’étude évalue le coût de production moyen d’un kilogramme (ou litre) de lait en Belgique, en 2016, à 41,37 centimes d’euro, alors que le prix moyen du lait payé aux producteurs belges l’année dernière ne s’est élevé qu’à 26,7 centimes par kilogramme. En d’autres termes, le prix du lait en Belgique ne couvrait en 2016 que 65 % des coûts de production. Ce coût de production, tel que calculé par le bureau d’études agricoles allemand BAL sur base de données officielles et d’un échantillon représentatif d’exploitations laitières, inclut les charges liées aux semences, aux frais de vétérinaires, aux engrais, aux aliments pour le bétail, aux frais généraux, au fermage, etc. Il prend également en compte une rémunération « équitable » pour le producteur laitier. Dans l’autre sens, la valeur de la viande bovine et les aides octroyées aux agriculteurs sont déduites des coûts. Le coût de production ainsi calculé diffère en Wallonie (43,36 centimes/kg) et en Flandre (40,13 centimes/kg). Il n’en demeure pas moins, tant au nord qu’au sud du pays, plus élevé que le prix du lait perçu par les éleveurs. « En ne tenant pas compte de la main-d’œuvre, les coûts de production ont atteint en moyenne 30 centimes et on a touché 26,7 centimes. Cela signifie qu’on a perdu l’an dernier 3 centimes par litre de lait, sans même avoir une rémunération », se désole Erwin Schöpges, membre du conseil d’administration de l’EMB ainsi que du MIG.

L’étude met également en lumière une nette diminution des investissements consentis dans les exploitations laitières. « C’est une réaction à la crise. Les chiffres montrent que les producteurs laitiers n’ont aucune marge de manœuvre. Pour eux, la crise n’est pas terminée », constate Karin Jürgens, auteur de l’étude.

Au-delà de la seule année 2016, les données compilées par le BAL confirment ce que beaucoup d’éleveurs dénoncent depuis longtemps : « au cours des dernières années, la production laitière n’a permis à aucun moment aux producteurs laitiers belges de dégager un revenu qui leur permette un niveau de vie équitable ». Les coûts de production ont dépassé le prix du lait en 2010 (coût de 36,33 centimes pour un prix du lait de 30,46 centimes), 2011 (39,21/33,11 centimes), 2012 (40,41/30,19 centimes), 2013 (42,78/37,22 centimes), 2014 (42,42/36 centimes) et en 2015 (40,58/27,93 centimes).

Si les prix du lait se sont quelque peu redressés ces derniers mois, pour atteindre environ 35 centimes le litre actuellement, la situation n’en demeure pas moins difficile. Le niveau de prix actuel permet avant tout aux éleveurs de payer les factures de l’an passé restées impayées, souligne Erwin Schöpges. En outre, d’importantes quantités de poudre de lait ont été stockées dans le cadre du programme d’intervention publique de la Commission européenne. Cette dernière veille à ne pas perturber les prix mais ces stocks devront tôt ou tard être remis sur le marché.

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