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«Dans l’Amour est dans le pré, je suis moi-même et les agriculteurs aussi!»

La saison 10 de l’Amour est dans le Pré (ADLP) touche à peine à sa fin – la dernière émission sera diffusée ce mardi 26 décembre sur RTL-TVI – que la chaîne annonce déjà une saison 11. Chaque semaine, l’émission mobilise plus de 520.000 téléspectateurs. Les agriculteurs et leurs histoires d’amour captivent le public mais sa présentatrice phare, Sandrine Dans, n’y est certainement pas pour rien non plus. Elle aime son job et le monde agricole et elle nous l’explique.

Temps de lecture : 7 min

As-tu un rapport particulier au secteur agricole ?

Mes arrière-grands-parents étaient agriculteurs. Durant mon enfance, j’ai passé toutes mes vacances dans leur ferme, près de Neufchâteau. Mes compagnons de jeu étaient tous des enfants d’agriculteurs et on passait notre temps dans les étables et les campagnes.

Lorsqu’on m’a proposé de faire l’émission beaucoup me demandait : l’Adlp, ça va aller ? Et je répondais : évidemment, pourquoi pas ? La première année, l’équipe me mettait souvent au défi d’attraper une poule, de reconnaître les types de vaches… Mais, comme j’avais grandi là-dedans, j’étais dans mon élément. Ça me faisait plutôt l’effet d’une madeleine de Proust. J’étais heureuse de retrouver les étables, les animaux et tous mes souvenirs.

En agriculture, les gens sont parfois un peu rustres ? Ça ne t’a jamais étonné ?

J’aime les gens qui restent eux-mêmes. Ce côté un peu rude, rêche ou sec, je sais que c’est le métier qui demande ça et que, dès qu’on arrive à percer la carapace, on trouve la plus grande générosité au monde. Quand je rencontre des agriculteurs, je leur fais comprendre que je les apprécie pour ce qu’ils sont et que j’ai de l’admiration pour leur travail. On est d’égal à égal. Il y a toujours beaucoup de respect entre-nous. Ils aiment me taquiner, mais il n’y a jamais de jeu de séduction. Ils savent que je suis mariée et que j’ai deux enfants. Je suis là comme une bonne copine à qui ils expliquent leur métier et leur vie.

Quelles sont les valeurs agricoles qui t’ont le plus marqué ?

Il y a tout d’abord le fameux « Quand il y en a pour trois, il y en a pour quatre ! ». C’est une valeur avec laquelle j’ai grandi et je la retrouve avec plaisir. Peu importe l’heure, il y a toujours la place pour une personne en plus et tout le monde met la main à la pâte. La générosité du milieu agricole est épatante. Chez Julien, l’équipe a par exemple eu l’occasion de déguster de la soupe, des quiches… lors d’un repas improvisé dans le hangar. On en est tous sorti repus. C’était un moment de convivialité incroyable.

Il y a aussi le respect du rythme de la nature. On peut essayer de la dominer mais elle sera toujours plus forte que nous donc, vivons à son rythme. Notre tournage chez Pierre est par exemple tombé en pleine moisson mais on s’est adapté. Quand on travaille dans un bureau et qu’on ne vit pas cette période avec un agriculteur, on ne peut pas comprendre comment ça fonctionne et que quelques heures peuvent parfois faire la différence.

Enfin, il y a le respect de l’autre et de son intimité. Je n’ai jamais eu besoin de mettre des limites dans mes relations avec les candidats et tout c’est toujours fait très naturellement. Aucun agriculteur ne m’a jamais demandé mon adresse ou mon numéro mais, par contre, ils me proposent de m’arrêter quand je suis dans le coin. Si mes enfants viennent sur le tournage, on fait des photos mais je ne retrouve jamais rien sur les réseaux sociaux. Inversement, ils me confient parfois des choses personnelles mais je n’en parle jamais à la presse.

Tu ne restes donc pas directement en contact avec les candidats ?

La production me tient au courant et je prends souvent des nouvelles auprès d’elle. Je suis toujours heureuse d’apprendre qu’ils se sont mariés ou ont eu des enfants… Il m’arrive d’aller voir leurs bébés ou de prendre un verre à leur mariage. Mais, ça se limite à ça. Ils savent tous très bien qu’à côté de l’émission, j’ai une famille et un tas d’activités. Avec autant de saisons et de candidats, je ne peux pas m’impliquer davantage.

Le milieu est fortement sous pression, le ressens-tu lors des tournages ?

Bien sûr. On vit avec eux pendant plusieurs jours. On voit un vêlage qui se passe mal, on comprend la problématique de la sécheresse pour les cultures ou l’alimentation des animaux. Ils en parlent avec l’équipe mais on ne le met pas forcément en avant. Notre objectif, c’est d’abord de parler d’amour, pas de faire un documentaire sur l’agriculture. Mais, je crois qu’on le ressent quand même dans l’émission. Je pense sincèrement qu’elle a contribué à valoriser le métier d’agriculteur en mettant en avant la qualité et les difficultés du travail ainsi que tous les progrès du secteur. L’émission a aussi permis de dépoussiérer l’image archaïque de la femme d’agriculteur devant être non-stop à ses côtés. Aujourd’hui, les agriculteurs ne cherchent plus forcément une femme qui bosse avec eux. Ils sont équipés et savent se débrouiller seuls.

Les gens, agriculteurs compris, peuvent se montrer critiques envers l’émission et ses participants…

Quel que soit le sujet, on a de toute façon tendance à ne voir ou ne retenir que le négatif, l’être humain est ainsi fait.

Pour les participants, ce n’est pas facile car, en général, on n’aime pas se voir, ni s’entendre. C’est encore le cas pour moi, je me regarde rarement. Ensuite, chacun à son point de vue. Si tout le monde devait participer au montage, on aurait autant de versions différentes car on voudrait tous mettre en avant des éléments particuliers. Un agriculteur ne verra par exemple que le vieux pneu qui traîne en avant-plan de l’image, alors que le téléspectateur ne s’intéressera qu’au magnifique champ qu’il y a derrière.

Le qu’en-dire-t-on et la jalousie font aussi beaucoup de tort. Quelques remarques négatives peuvent tout remettre en question alors qu’on ne devrait pas en tenir compte. Si je devais lire tout ce qu’on écrit sur moi, je ne travaillerais plus. Les gens qui aiment prennent de toute façon rarement le temps de le dire. Et pourtant ! Il y a peu, j’ai rencontré un homme dans la boucherie de mon quartier qui m’a dit : « Votre émission est magnifique. Vous avez raison de mettre les agriculteurs en avant, ce sont eux qui nous nourrissent et on l’oublie trop souvent ». Ce sont des commentaires de ce genre qu’il faut retenir et pour ma part, je n’en ai que de tels. Médire et dire du mal, c’est tellement facile ! Je pars du principe qu’on ne doit jamais se mettre à la place de quelqu’un d’autre.

La saison 11 est annoncée, tu seras toujours de la partie ?

Évidemment, tant que l’émission continuera, je serai présente. Je m’y sens bien. L’équipe de tournage est quasi identique chaque année et nous sommes devenus une famille. On se fait confiance dans le travail, on blague, on fête nos anniversaires… Tout cela compte quand on a de longues journées de tournage.

On me dit parfois que je dois finir par m’ennuyer, que chaque année, c’est le même canevas. Mais, je ne suis pas d’accord. En ce qui concerne l’amour et l’être humain, rien n’est écrit. Chaque saison, les agriculteurs ont des manières différentes de travailler ou de voir l’amour. Je fais toujours de nouvelles découvertes aussi bien niveau relationnel qu’au sujet de l’agriculture.

Un conseil pour les futurs candidats ?

Je sais que la téléréalité peut faire peur. L’Adlp en est une, mais elle est à part de toutes ces autres émissions auxquelles je n’adhère pas vraiment. On a peur de se montrer, d’exposer ses sentiments mais aussi de prendre le risque de tomber amoureux. C’est beaucoup plus facile de rester dans sa zone de confort. Mais, si on ne monte jamais sur son vélo par peur de tomber ou de se tromper de chemin, on ne voit jamais de paysage. Au-delà du fait de rencontrer l’amour, l’Adlp c’est aussi l’occasion rencontrer de nouvelles personnes, de s’ouvrir à un autre milieu, de prendre confiance en soi, de voir qu’on plaît et de constater que son métier n’est pas si désaimé que ça.

Je leur conseille donc d’oser et de rester eux-mêmes. Qu’ils n’hésitent pas à poser leur candidature. Ils ne sont pas pied et poing lié jusqu’à la fin de la saison, on les respecte, on les écoute (une équipe de psychologues est même à leur disposition). On ne les laisse pas tomber après non plus. Si on est là depuis 10 saisons, c’est que ça se passe bien et que la magie opère.

Propos recueillis par DJ

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