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Cepicop – actualité – céréales: les céréales d’hiver et de printemps au 5 mai

La plupart des escourgeons sont à l’épiaison, tandis que les froments saluent la venue de la dernière feuille, stade nécessitant la dernière dose d’azote.

Temps de lecture : 7 min

Les parcelles d’escourgeon ont dépassé le stade dernière feuille étalée (39) et sont en épiaison pour la plupart.

La période s’étalant entre la dernière feuille étalée et le stade « sortie des barbes » (49) est l’intervalle pivot pour la protection fongicide de l’escourgeon. Il n’y a désormais plus d’observations dans le réseau du Cepicop pour cette saison et les conseils restent identiques à l’avis de la semaine dernière.

En froment, pression des maladies…

Un tiers des parcelles observées sont au stade 2e nœud (32). La majorité atteint le stade de la dernière feuille visible (37) et certaines plus avancées arrivent à la « dernière feuille étalée » (39) ou même au début du gonflement (41).

Les pluies reçues ces derniers jours sont favorables à la dispersion des champignons et de la septoriose notamment. La rouille jaune est signalée à plusieurs endroits sur des variétés sensibles. En fonction de la date de semis et de la région, les parcelles peuvent avoir atteint des stades très différents, qui se situent désormais entre le stade 32 à 41. Il convient de vérifier à quel stade phénologique votre parcelle se situe ainsi que la pression en maladies dans celle-ci afin d’y adapter la protection. Que faire ?

– pour les parcelles au stade 32 à 37 et qui n’ont pas été traitées, un traitement peut être justifié en cas de présence significative de rouille jaune (foyer actif) ou de septoriose (plus de 20 % des F-2 du moment), sur variétés sensibles à l’une ou l’autre de ces maladies. Pour ces parcelles et celles qui ont déjà été traitées avant le stade dernière feuille, un second traitement englobant l’ensemble des maladies sera réalisé 3 à 4 semaines après ce premier traitement. Dans les parcelles où la rouille jaune est absente ou ne nécessite pas d’intervenir, et où la pression des autres maladies est faible, le traitement peut être postposé au stade dernière feuille étalée (39) ;

– pour les parcelles ayant atteint le stade 39 , dernière feuille complètement étalée, et qui n’ont pas encore été traitées, le traitement complet contre les maladies du feuillage peut être réalisé. Le produit ou le mélange sera choisi en fonction des sensibilités propres à la variété.

A propos des utilisations des substances actives au stade 32  :

1.  un ou deux triazoles en mélange + une substance de contact (ex : chlorothalonil) ;

2.  un triazole et une strobilurine (si attaque sévère en rouille jaune) + une substance de contact (ex : chlorothalonil) ;

3.  pression faible en maladies, attendre le stade 39.

A propos des utilisations des substances actives au stade 39  :

1.  si pas de traitement réalisé en 32 : réaliser un traitement complet : SDHI + triazole + chlorothalonil (+ strobilurine si la variété est sensible à la rouille brune) ;

2.  si traitement en 32 : attendre 3-4 semaines et effectuer un traitement relais aux alentours de l’épiaison avec SDHI + triazole (favorisé le prothioconazole qui protège les maladies de l’épi) + (strobilurine si sensible à la rouille brune)

Pour rappel, les molécules SDHI ne doivent être utilisées qu’une fois par saison et l’alternance des substances actives est importante pour conserver leur efficacité. Un point sur les changements, retraits (chlorothalonil, avec utilisation max. jusqu’au 20 mai prochain) et alternatives des substances actives en froment est disponible dans le Livre Blanc.

L’heure est à la dernière fraction azotée pour les froments qui ont atteint le stade de la dernière feuille visible.
L’heure est à la dernière fraction azotée pour les froments qui ont atteint le stade de la dernière feuille visible. - M de N.

… et fumure azotée

Les semis réalisés mi-octobre sont au stade de la dernière feuille pointante (37), il y a lieu d’appliquer la dernière fraction de la fumure azotée.

La dose de référence à appliquer est de 65 kg/ha pour une fumure en trois fractions et de 95 kg/ha pour une fumure en deux fractions. Cette dose est à moduler selon les conditions culturales de la parcelle, les doses déjà appliquées et l’état de la culture (voir le Livre blanc).

L’application peut être réalisée sous une forme solide ou liquide.

Si on choisit de l’appliquer sous forme liquide, il convient d’être prudent afin d’éviter d’occasionner des brûlures importantes aux feuilles supérieures de la culture. Les précautions suivantes doivent être prises :

–· ne pas appliquer en plein soleil et lorsqu’il y a des vents du nord et de l’est ;

–· utiliser des jets adaptés (jets droplet ou filet par exemple) qui permettront à l’engrais liquide d’atteindre le sol ;

–· il est souhaitable que la culture reçoive des précipitations même légères dans les jours qui suivent l’application ;

·– ne pas appliquer en mélange de l’engrais liquide avec des produits phytosanitaires.

Si l’application d’engrais est réalisée en solide, elle peut être entreprise au stade dernière feuille étalée (39).

Cécidomyie orange du blé

Les petites pluies tombées dans l’ouest du pays du 9 au 12 mars ont été considérées comme « pluies inductrices » par l’outil d’aide à la décision Céciblé. Au cours de ses 13 années de validation, jamais le modèle de prévision des émergences n’avait indiqué des pluies inductrices aussi précoces. Cette année, le modèle développé par le Centre wallon de recherches agronomiques se trouve donc poussé hors de sa zone de confort, puisqu’il n’a jamais été éprouvé dans un scénario tel que celui de ce printemps.

Cette année va donc intéresser les scientifiques, mais comment doit-on gérer cette information en pratique ? La question sera, d’une part de vérifier si les petites pluies indiquées comme « inductrices » par Céciblé, seront effectivement inductrices et, d’autre part de déterminer si ces pluies inductrices (ou les suivantes) provoqueront des vagues d’émergences à des stades vulnérables du froment.

Les pluies tombées en mars (du 9 au 12, puis du 20 au 23) ont été irrégulières. Là où les premières pluies inductrices sont tombées le 17 avril, les émergences surviendront d’ici trois bonnes semaines.

Sur le terrain, le blé n’a pas encore été exposé à la cécidomyie, puisque les épis n’ont pas encore emerger. Là où des émergences sont prévues au cours de trois semaines à venir, il serait prudent de mesurer l’intensité des vols crépusculaires. Cette estimation se fait en passant lentement une baguette tenue à l’horizontale au niveau des épis. Si cette opération provoque l’envol de 30 individus ou plus, un traitement insecticide peut s’avérer utile.

Vu les faibles volumes de pluies tombées aux moments critiques, il est peu probable que la cécidomyie orange cause des dégâts cette année. Reste à vérifier que certaines régions n’aient pas été plus arrosées.

Froment + pois

La croissance de la culture continue pour les semis de froment + pois implantés.

Pour les semis du début novembre, le traitement fongicide à réaliser lors de la floraison du pois d’hiver peut être envisagé afin de lutter contre le botrytis et l’anthracnose du pois d’hiver. Cependant, il doit être utilisé dans des conditions climatiques optimales: attention aux précipitations et aux lessivages des produits phytopharmaceutiques! De plus, les agréations des produits évoluent continuellement. Dans le cadre de cette culture, le chlorothalonil est autorisé jusqu’au 20 mai prochain.

Orge de printemps

Les orges de printemps semées à Ath le 24 mars sont au stade redressement. Les orges semées plus tardivement à Liernu et à Lonzée sont eux au stade plein tallage.

Une fumure azotée de correction de 20 à 40 kg /ha peut être appliquée au stade redressement sur les orges brassicoles de printemps si et seulement si la culture paraît carencée. Le choix d’appliquer cette fraction dépend de l’état de la culture et de l’expérience de chaque agriculteur.

Pour adapter la fumure à sa parcelle en fonction de l’expérience passée, il est important de savoir que les teneurs en protéines varient de 0,5 % quand la fumure azotée varie de 25 kg /ha.

Pour une valorisation brassicole de sa récolte, l’objectif est d’atteindre une teneur en protéines à la récolte située entre 9,5 et 11,5 %. Une fertilisation excessive peut entraîner un déclassement de la récolte, le maître est mot est donc la prudence.

Avoine de printemps

Les avoines semées à Isnes près de Gembloux fin mars sont au stade plein tallage. Les stades peuvent cependant varier assez fortement en fonction de la date d’implantation et de la région.

La deuxième fraction azotée pourra être appliquée lorsque la culture aura atteint le stade redressement. Les besoins de la culture d’avoine sont de l’ordre de 80 à 100 kg/ha. Il était conseillé d’appliquer 1/3 de la fraction au stade tallage. Les 2/3 restants pourront donc être appliqués au stade redressement.

A. Legrève, A. Nysten,

coordination scientifique « maladies »,

B. Bodson et R. Blanchard,

« phytotechnie »,

X. Bertel,

coordinateur Cepicop

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