Accueil Hors-texte

Des ravageurs majeurs déboussolés par les phéromones

L’usage de phéromones se révèle être très efficace contre certains ravageurs des vergers. Cela demande néanmoins de bien connaître leur cycle, afin d’agir au moment opportun.

Temps de lecture : 5 min

Trois ravageurs de grande importance, que l’on retrouve dans les vergers professionnels et les jardins fruitiers d’amateurs, peuvent être combattus à l’aide de pièges à phéromones.

Le carpocapse des pommes et des poires, ou « ver des fruits »

Le carpocapse (Cydia pomonella) le principal insecte ravageur à redouter sur les pommiers et dans une moindre mesure sur les poiriers. Ce petit papillon d’environ 2 cm d’envergure, de teinte gris et brun vole au crépuscule, à partir de la seconde moitié du mois de mai, et jusqu’en août. Il y a une seule génération par an, mais dans des conditions climatiques favorables, il peut y en avoir une deuxième.

Après accouplement, les femelles pondent des œufs sur le feuillage ; ils éclosent après 8 à 18 jours et donnent naissance à des petites chenilles qui cherchent un jeune fruit dans lequel elles vont pénétrer en se nourrissant de la chair pendant 3 à 4 semaines. Leur corps est rose clair, avec une tête brune. Puis, elles quittent le fruit et se réfugient sous des écorces ou d’autres abris. Elles entrent en diapause jusqu’au printemps suivant, où après nymphose dans un cocon soyeux, elles donneront naissance à des adultes.

Mais dans des conditions favorables, un certain nombre des premières chenilles ne va pas entrer en diapause. Elles vont se nymphoser rapidement et donner naissance à une deuxième génération d’adultes qui se mêlent aux individus tardifs de première génération. Avec le réchauffement climatique, on peut penser que cette deuxième génération se présentera chaque année, comme dans le sud de l’Europe où elle est la règle générale.

Dégâts de  carpocapse des pommes et des poires.
Dégâts de carpocapse des pommes et des poires.

La lutte chimique consiste en plusieurs traitements échelonnés pendant toute la période des pontes. Les arbres haute-tige non entretenus sont le réservoir de ce ravageur qui peut se déplacer à la recherche d’autres arbres plus fructifères.

La phéromone du carpocapse a été appelée « codlemone » : pour les chimistes EE-8,10-Dodecadine-1-0l. Le piège utilisé pour la capture des mâles est un piège Delta : plaque de plastique pliée en trois, dont la face intérieure de la base est engluée. La capsule de phéromone y est collée, ou mieux suspendue au crochet métallique. Il ne faut jamais la toucher avec les doigts !

Les pièges sont suspendus dans la partie médiane des arbres peu avant le début présumé des vols des adultes, début mai. La capsule de phéromone doit être remplacée après deux mois. La deuxième capsule vendue avec le piège est conservée au frigo ou au congélateur.

Dans les vergers professionnels où on utilise la technique de brouillage, les diffuseurs sont suspendus aux branches des arbres, à raison de 500 ou davantage par hectare. Certains diffuseurs y associent aussi des phéromones contre différentes tordeuses du feuillage et des fruits.

Le carpocapse des prunes

Le carpocapse des prunes ( Cydia (=  Grapholita ) funebrana ) compte systématiquement deux générations par an. Les papillons adultes ont 15 mm d’envergure ; ils sont de teinte gris-brun foncé. Ils sont actifs pendant les soirées calmes avec une température élevée. La première génération d’adulte est présente en mai ; les femelles pondent les œufs directement sur un fruit, environ 3 à 4 semaines après la chute des pétales ; les petites chenilles pénètrent dans le fruit qui cesse de se développer, et tombent au sol où le cycle se poursuit. Souvent, les dégâts sont confondus avec la chute de juin.

La deuxième génération d’adultes apparaît en juillet, pour 4 à 6 semaines. Les femelles pondent jusqu’à 50 œufs sur les fruits en voie de maturation, dans la pulpe desquels les chenilles rose vif à tête brune s’installent. Les fruits parasités continuent leur développement, un peu plus rapidement que les fruits intacts. Après trois semaines, les chenilles quittent les fruits et cherchent un abri jusqu’à l’année suivante. Les dégâts les plus graves sont notés sur les variétés de prunes qui mûrissent après la mi-août.

Dégâts de carpocapse des prunes.
Dégâts de carpocapse des prunes. - DCM

Ici aussi, on utilise des pièges Delta, qui sont mis en place au début de mai pour combattre la première, puis la deuxième génération.

La mouche de la cerise ou ver de la cerise

La mouche de la cerise ou ver de la cerise, un petit diptère répondant au nom de Rhagoletis cerasi , a pris une forte extension depuis quelques années, probablement à la faveur d’une série d’étés plus chauds. Il y a une seule génération par an. L’adulte est une mouche de 3,5 à 5 mm de long, dont le corps est noir avec des taches jaunes. Les ailes présentent des bandes foncées bleu noir.

Les adultes apparaissent fin mai jusqu'à début juillet. On peut les observer posés sur le feuillage. La ponte débute après 10-15 jours : 50 à 80 œufs qui sont introduits sous l’épiderme de fruits en cours de maturation. Les asticots blanc crème s’y développent pendant 4 à 6 semaines, puis ils quittent les fruits tombés au sol et s’y enterrent jusqu’à l’année suivante. Ceci explique le rôle favorable de poules que l’on laisse picorer sous les arbres !

Les attaques sont plus nombreuses sur les variétés à maturité mi-tardive ou tardive, mais un printemps chaud peut être cause d’attaques sur des variétés précoces. La lutte chimique est très difficile, puisque les attaques ont lieu peu avant la récolte des cerises. D’où l’intérêt qu’il y a à recourir à des phéromones.

Les pièges utilisés sont des plaques en plastique de teinte jaune, engluées, simples ou disposées par deux en croix. Cette teinte attire différents insectes et la capsule de phéromone renforce l’attractivité envers la mouche de la cerise. On en installe un ou plusieurs dans les arbres au début du mois de mai pour les variétés précoces, et un peu plus tard pour les autres. Ils sont laissés en place jusqu’à la fin de la récolte.

Il existe aussi pour la mouche de la cerise un piège-bocal de teinte jaune qui contient un insecticide du groupe des pyréthrinoïdes de synthèse.

Ir. André Sansdrap

Wépion

A lire aussi en Hors-texte

Voir plus d'articles