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Biocarburants et blé dur: des alternatives crédibles?

Dans le Sillon Belge du 24 septembre 2020, deux articles ont plus particulièrement retenu mon attention. Tout d’abord, les ambitions climatiques de la Commission Européenne qui voit dans les biocarburants faits à partir de déchets, de résidus et de cultures énergétiques, la solution à notre approvisionnement en énergie. Autrement dit, elle compte sur la biométhanisation.

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Or, il faut savoir qu’une installation de biométhanisation dans une ferme de 120 vaches produit annuellement 400 MWh d’électricité et 700 MWh de chaleur, soit au total 1.100 MWh par an. En Belgique, il y a 200.00 vaches laitières et 250.000 vaches pour la viande, soit 450.000 vaches. Si on utilise tout le lisier de ces vaches pour la biométhanisation, la production annuelle pour la Belgique serait de 4 millions de MWh par an, alors que notre consommation totale est de 627 millions.

Il est donc évident que nous n’aurons jamais suffisamment de déchets végétaux pour fabriquer l’équivalent de 57 millions de tonnes de pétrole que nous consommons chaque année en Belgique, surtout que la Commission insiste pour que ces biocarburants ne soient pas faits à partir de surfaces agricoles dédiées aux cultures vivrières. Si le biogaz est fait à partir de lisier et de fumier, il est destiné à être brûlé, et se retrouve donc sous forme de CO2 dans l’atmosphère. Au lieu d’épandre le lisier et le fumier et fabriquer ainsi de l’humus, qui est un excellent puits de carbone, on préfère fabriquer du CO2. Ce n’est pas très logique ni très responsable. Il faut réserver les effluents d’élevage à l’amélioration de la fertilité des sols qui, sans cela, vont s’appauvrir. La question est donc : y a-t-il suffisamment de déchets fermentescibles non-agricoles pour couvrir nos besoins en énergie ? La réponse est clairement non.

Heureusement, il y a plus sérieux. Le 20 juin 2019, à Esbjerg, au Danemark, les ministres de la mer du Nord ont signé une déclaration commune fixant un objectif ambitieux de 450 GW d’énergie éolienne en mer d’ici 2050, ce qui rencontrerait une bonne part de nos besoins.

Toutefois, afin de décarboner totalement l’entièreté de l’Europe, non seulement les pays qui ont accès à la mer mais également les pays européens continentaux, il faudrait installer 2.000 GW d’éoliennes. Je suppose que ce n’est pas possible en mer du Nord et qu’il faudra construire des éoliennes flottantes dans l’Atlantique.

Mais si toute l’électricité ainsi produite est utilisée directement dans des moteurs électriques à la place de moteurs à explosion, leur rendement étant bien meilleur, il ne faudra pas prévoir 2.000 GW, mais moins. Par contre, en surévaluant le nombre d’éoliennes afin d’avoir suffisamment d’électricité quand il y a peu de vent et en neutralisant une partie des éoliennes quand il y a beaucoup de vent, il ne faut pas stocker l’électricité, ce qui est compliqué et se fait toujours avec un mauvais rendement et donc de la perte. De même, surdimensionner le parc éolien évite les délestages.

Personnellement, cet accord d’Esbjerg me rassure quant à notre avenir énergétique. C’est insuffisant, mais c’est dans cette voie-là qu’il faut aller.

Le deuxième article du Sillon Belge qui m’a intéressé était consacré au blé dur. J’ai appris à l’école, et à Bruxelles encore bien, que la différence entre le blé dur et le blé tendre était sa teneur en gluten. Dans le blé tendre, il y a beaucoup de gluten qui est imperméable et qui garde captif le CO2 produit par la levure, faisant ainsi lever la pâte, tandis que le blé dur, qui n’a que peu de gluten, ne peut pas lever, raison pour laquelle on en fait du macaroni et de la semoule.

Du CO2  ! Les amis du climat vont certainement rendre les boulangers responsables du réchauffement climatique. Cela semble ridicule, mais s’en prendre à la viande pour cette raison est tout aussi ridicule.

E.B.

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