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Pâturage des troupeaux laitiers: une pratique plus complexe qu’il n’y paraît

Durant la saison estivale, la gestion du pâturage constitue un réel défi pour les éleveurs laitiers, tant dans sa pratique que dans l’estimation de sa productivité. Néanmoins, de nouveaux outils voient progressivement le jour, pour faciliter leur travail mais aussi pour les guider dans leur prise de décision. Lors de la journée d’étude « De neuf au pâturage », organisée en mars dernier à La Reid, David Knoden (Fourrages-Mieux) en a présenté quelques-uns.

Temps de lecture : 4 min

Tout éleveur souhaite maintenir constante sa production laitière, c’est un fait ! Cependant, atteindre cet objectif tout en laissant pâturer son cheptel peut, dans certains cas, s’avérer compliqué. En effet, la capacité d’ingestion du troupeau doit, à tout moment, être satisfaite par une offre suffisante en herbe. Cette dernière dépendant elle-même des conditions climatiques, de la technicité de l’agriculteur, du temps qu’il consacre à la gestion des pâtures…

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La gestion du pâturage est parfois compliquée tant les stocks de maïs sont importants en sortie d’hiver
», constate David Knoden.
« La gestion du pâturage est parfois compliquée tant les stocks de maïs sont importants en sortie d’hiver », constate David Knoden.

De précieux outils

Pour guider les éleveurs dans leur pratique du pâturage, des outils d’aides à la gestion existent. C’est notamment le cas de l’herbomètre, très peu utilisé dans les élevages wallons. Celui-ci permet d’apprécier la hauteur de l’herbe, en tenant compte de sa densité, afin d’estimer les stocks disponibles sur la parcelle, les jours d’avance au pâturage, les hauteurs d’entrée et de sortie… « Bien que ce soit un appareil imparfait, il permet d’objectiver ce que nous pensons voir », juge David Knoden. Il renseigne également quant à la nécessité de faucher, ou non, la parcelle. Notons cependant que les résultats donnés par l’herbomètre peuvent varier d’un utilisateur à l’autre, selon la manière dont il est utilisé.

« Suite à ce problème de variabilité, des herbomètres électroniques ont vu le jour. » Ils permettent non seulement de s’affranchir de l’influence, certes involontaire, de l’utilisateur mais aussi de consulter les résultats, parcelle par parcelle, sur un smartphone. Les mesures peuvent aussi être envoyées sur un ordinateur, au siège de l’exploitation.

Des outils informatiques d’aides à la décision existent également (Pâtur’Plan chez nos voisins français, par exemple), toujours en vue de faciliter le travail des producteurs. « Ils sont très pratiques mais dépendent fortement de la motivation de l’éleveur », nuance M Knoden. En effet, la hauteur de l’herbe doit être mesurée une fois par semaine sur chaque parcelle, toujours le même jour, avant d’être encodée dans le logiciel. Celui-ci permet alors une approche dynamique, anticipée et précise de l’utilisation des pâtures. En effet, il renseigne l’éleveur quant aux parcelles qui répondent aux besoins du troupeau et qui sont donc, idéalement, à privilégier.

Estimer la productivité : une réelle difficulté

Quel que soit leur niveau de maîtrise du pâturage, très peu de producteurs laitiers sont capables d’évaluer précisément la quantité de lait que produit leur cheptel grâce à l’herbe ingérée. « Celle-ci peut se calculer de différentes manières (voir encadré) mais les résultats obtenus diffèrent de l’une à l’autre », constate David Knoden, exemple à l’appui.

Et d’expliquer : « Deux méthodes de calcul ont été comparées en Allemagne, d’une part lorsque le troupeau pâture nuit et jour et, d’autre part, lorsqu’il pâture uniquement le jour ». Comme le montre le tableau 1, la productivité des prairies augmente fortement quand le pâturage est pratiqué également durant la nuit. Mais il révèle aussi des résultats inégaux selon la méthode de calcul choisie. « Dès que la part du pâturage dans la ration est inférieure à 70 %, la méthode dite classique comptable a plus de difficultés à refléter la réalité. »

pâturage (2)

À la complexité de gérer le pâturage, s’ajoute donc la difficulté, pour les éleveurs, d’estimer l’effet de cette pratique sur la quantité de lait produite. C’est dans ce contexte que s’inscrit un travail mené aux Pays-Bas, en vue d’améliorer les méthodes de calcul de productivité des prairies sous différentes utilisations de l’herbe. « L’objectif ici est de proposer aux éleveurs un modèle plus complet et plus précis, prenant en compte les besoins de croissance et de gestation, les pertes par conservations, l’inefficience… », conclut David Knoden.

J.V.

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