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Les voiles et filets pour protéger des ravageurs les cultures maraîchères

La protection des cultures maraîchères des ennemis est une préoccupation générale. Contre les insectes qui amènent des dégâts, nous savons que la biodiversité floristique est favorable au maintien d’une faune auxiliaire.

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Le recours à des produits agréés contre certains insectes est une autre possibilité. Elle a ses limites imposées par le respect de cahiers de charges et la disponibilité en produits homologués.

Une autre solution est la pose de filets. Les deux grandes catégories de bestioles écartées sont les oiseaux (dont les pigeons ramiers) et les insectes.

En maraîchage, les surfaces sont souvent modestes au regard des grandes cultures voisines. La conséquence est que les pigeons ramiers peuvent rapidement détruire une culture en concentrant de fortes populations sur une petite surface. Les filets sont un moyen de protection coûteux mais efficace.

Contre les insectes, la barrière est efficace mais avec trois importantes limites : les insectes ont vite repéré une faille dans la pose du filet et parviennent à s’y faufiler. D’autre part, certains insectes pondent à travers des mailles du filet sans se poser directement sur la culture. Enfin, les auxiliaires ne savent pas atteindre d’éventuelles cibles protégées par les filets (le cas des pullulations de pucerons est un exemple).

Efficacité

Pour que les voiles et filets puissent être une barrière efficace protégeant la culture, il faut en assurer une pose hermétique avant l’arrivée des ravageurs. Des sacs de lest ou de la terre sont des moyens de maintien des protections. Pour éviter les trous, mieux vaut ne pas marcher, ni rouler sur les protections et de ne pas les laisser être envahies par les adventices. Pour les mêmes raisons, les pierres et les broches peuvent aussi provoquer des déchirures, réservons-les aux filets robustes à grandes mailles.

Pour permettre les binages et désherbages, nous serons amenés à déposer et ensuite reposer les moyens de protection. Ces opérations exigent assez bien de main-d’œuvre et une météo calme.

La moindre faille permet aux insectes de s'infiltrer sous le filet.
La moindre faille permet aux insectes de s'infiltrer sous le filet.

Quel filet pour ma culture ?

Les filets peuvent être une protection efficace contre bon nombre de ravageurs ailés. Lorsqu’une culture requiert une protection contre deux ou plusieurs ravageurs différents, le choix se portera généralement sur le modèle le plus contraignant.

En laitues, les pucerons sont combattus par les auxiliaires dès que les températures leur sont favorables, à partir de mai ou de juin. Mais pour les premières invasions du début du printemps, nous pouvons protéger les jeunes plantations de filets légers à mailles étroites. Notons que la protection favorise le maintien d’humidité sur le feuillage et donc des maladies. La pose d’arceaux est une solution.

En choux, les filets de mailles de 0,8 mm posés avant l’invasion sont efficaces contre les altises et les mouches blanches (aleurodes). Notons que l’aération des plantes est diminuée, ce qui favorise les élévations de température au niveau du feuillage. Contre le puceron cendré, les mailles de 1,4 mm conviennent également. Contre les chenilles (noctuelle du chou, piéride du chou et teigne des crucifères), la pose de filets de maille de 2mm est efficace. Contre la mouche du chou, le choix se porte sur des filets de mailles inférieures à 2mm.

En carotte, les filets de 1,4 mm arrêtent la mouche de la carotte et le puceron de l’aubépine (Dysaphis crataegi).

En poireaux et oignons, les filets aux mailles inférieures à 2mm posés avant les vols sont efficaces. Les mouches mineuses du poireau et de l’oignon seront à protéger avec des filets aux mailles de maximum 0,8mm, en particulier lors des deux périodes à grands risques (avril et fin août jusque novembre). Cela ne suffit pas, il faut encore sacrifier une ou deux rangées en bordure de parcelle et qui ne seront pas couvertes de filets. Ceci permet de limiter le risque de constater que les mouches s’acharnent à pondre à travers des filets dans la parcelle. Bien entendu, ces rangées seront sacrifiées ultérieurement.

Sous les filets, les ravageurs emprisonnés poursuivent leur cycle sans la menace des  auxiliaires. D'où l'importance de partir d'une plantation saine et de placer les filets à temps.
Sous les filets, les ravageurs emprisonnés poursuivent leur cycle sans la menace des auxiliaires. D'où l'importance de partir d'une plantation saine et de placer les filets à temps.

Les types de filets

Les filets anti-insectes sont constitués de fibres de polyéthylène haute densité tissées ou sont extrudés. La réduction de lumière est de l’ordre de 15 %. Ils sont bien aérés (peu de risques de brûlures) et lourds de l’ordre d’une centaine de grammes par m², avec de fortes variations d’un modèle à l’autre, et donc peu sensibles au vent. Ils sont conseillés pour deux types d’usages : la protection contre le vent et contre les insectes, les pigeons et les lapins. Ils peuvent être réutilisés près d’une dizaine d’années. Les mailles peuvent être choisies dans une large gamme, de 0,3 mm à 1,5 mm. Les plus petites mailles (0,3 à 0,6mm) sont requises pour protéger la culture des thrips et aleurodes. Les mailles moyennes (0,5 à 0,8mm) conviennent contre les pucerons, mouches mineuses et altises. Les plus grandes mailles (1 à 1,5mm) sont choisies contre les autres mouches et papillons. Ils coûtent un peu plus de 1,50 € par m².

Les filets anti-pigeons sont constitués de polyéthylène haute densité, extrudés ou tissés. La réduction de lumière est estimée à une dizaine de pourcents, l’aération est très bonne. Ils sont peu sensibles au vent. Ils sont conseillés pour protéger les cultures des dégâts des pigeons et les grands papillons. Pour éviter que la culture ne s’enchevêtre dans les filets, il faut maintenir ceux-ci à distance des plantes. Les filets peuvent être utilisés 2 à 5 ans. Les mailles sont de 3 à 10mm. Les filets coûtent 0,55 €/m².

Les pigeons ramiers peuvent provoquer  des dégâts considérables en  cultures maraîchères. Le choux  pommé rouge ne fait pas exception.
Les pigeons ramiers peuvent provoquer des dégâts considérables en cultures maraîchères. Le choux pommé rouge ne fait pas exception.

Les voiles de forçage donnent une certaine protection

Les voiles ont des usages bien différents de ceux des filets.

Les voiles de forçage sont fabriqués à partir de polypropylène auquel sont ajoutées des matières de charge pour améliorer la stabilité aux UV et réduire le coût. Légers, ils sont très sensibles au vent et doivent être posés avec soin en progressant dans le sens des vents dominants. Microporeux, ils sont peu aérés et retiennent l’humidité. C’est un avantage pour la croissance des plantes et un inconvénient en favorisant des maladies. Ils sont conseillés pour hâter la récolte. Ils sont vite salis et deviennent alors assez opaques à la lumière. Ils coûtent entre 0,25 et 0,35 € par m².

Les filets microclimatiques sont fabriqués à partir de fibres de polyéthylène haute densité tricotées. Ils provoquent une réduction de lumière de l’ordre de 15 %, augmentée par le salissement. Ils sont conseillés pour augmenter la récolte au printemps, et aussi en automne pour protéger des insectes et les petits animaux. Ils peuvent être réutilisés jusqu'à cinq années en étant très précautionneux. Ils sont résistants à la traction, surtout pour les lés aux bords renforcés. Ils coûtent entre 0,60 et 0,70€/m².

Les pièges permettent connaître l'évolution des populations de ravageurs dans la parcelle. Ces informations aident à la prise de décision.
Les pièges permettent connaître l'évolution des populations de ravageurs dans la parcelle. Ces informations aident à la prise de décision.

Améliorons la durée de vie des voiles et filets

Lorsque les voiles et filets ne sont pas opérationnels, il est souhaitable de les protéger du soleil, des conditions météo et des accidents mécaniques. Une bonne solution est de les rouler en boules manuellement ou à l’aide de machines enrouleuses. Nous pouvons aussi les rassembler dans un palox. Les boules seront ensuite placées à l’abri du soleil et des conditions hivernales. Idéalement, les boules ne seront pas posées au sol pour éviter d’attirer les souris, rats et autres rongeurs qui y feraient des dégâts. Pour s’y retrouver par la suite, il faut identifier clairement les dimensions des filets et la taille des mailles ainsi que l’année de la première utilisation. Cela évitera bien des manipulations inutiles par la suite, lors des remplois.

F.

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