Les récents mois de mars, avril et mai ont été particulièrement secs en Belgique, avec des précipitations totales bien inférieures aux valeurs normales. L’Institut royal météorologique juge préoccupante cette sécheresse, qui vient s’ajouter aux faibles cumuls observés depuis juillet dernier, rapporte Belga.
Et d’alerter que « si le manque d’eau se poursuit durant les semaines à venir, la situation pourrait devenir inquiétante ». Or, une zone de haute pression devrait entraîner pour les prochains jours un temps relativement stable et plutôt sec. Les précipitations, limitées, ne devraient donc pas permettre de combler les déficits accumulés, poursuit l’Institut.
À peine 65 % de la normale à Uccle
Un total de 108 mm de précipitations a été recueilli à la station météorologique d’Uccle pour l’ensemble des mois de mars, avril et mai derniers, soit bien en deçà de la normale attendue pour cette période (187,8 mm). Sur une période de 11 mois, de début juillet 2016 à fin mai 2017, le total s’élève à 506,7 mm, soit seulement 65 % de la normale attendue (781 mm).
Concrètement, tous les mois depuis juillet se sont révélés plus secs que la normale, à l’exception de novembre. Les déficits les plus marquants ont été observés en septembre, décembre et avril. En 1975-1976, plusieurs mois consécutifs très secs, accompagnés d’une vague de chaleur, avaient entraîné durant l’été ‘76 des difficultés pour les agriculteurs, de nombreux incendies de forêt ainsi que des restrictions forcées sur la distribution d’eau potable.
Jusqu’ici, rien de néfaste pour les céréales d’hiver
En cette mi-juin, ce bilan hydrique n’a rien de réellement préjudiciable pour les céréales d’hiver et les rendements s’annoncent très corrects. À l’exception évidemment des terres séchantes, où la maturation sera accélérée. En réponse au déficit hydrique, les céréales d’hiver ont bien développé leurs racines en profondeur. Elles ont en outre fleuri dans de très bonnes conditions. « On est toujours positivement étonné des rendements en céréales au cours des années de sécheresse », observaient les responsables de la société Jorion Philip-Seeds lors d’une récente visite au champ.
En sortie d’hiver, les réserves azotées étaient en général élevées, d’où des besoins moins importants que les années précédentes. Certes, les céréales ont été confrontées à un blocage de l’azote en avril (sec et froid), mais les pluies qui ont suivi ont permis aux plantes de très rapidement retrouver des couleurs. Et elles n’ont plus jamais eu faim ensuite.
La pression de maladies est également, dans l’ensemble, assez faible. La rouille brune commence à bien se manifester et risque de faire mal si la protection fongicide d’épiaison n’a pas été bien assurée. Pour ce traitement clé, il faut se méfier des réductions de doses.
Ce n’est donc pas si mal parti que ce qu’on pourrait penser pour les céréales d’hiver. D’autant plus que ces conditions sont également positives pour la rentabilité : économie possible en azote et dans les premiers traitements fongicides.
Et pour les autres cultures ?
Les céréales de printemps (orge, avoine…), le lin, les pois connaissent par contre une situation beaucoup moins enviable. Du côté des maïs, il n’y a pas encore de raison de s’inquiéter à ce stade de la saison. Notons cependant que cette culture a besoin de 60 % de sa consommation totale en eau pendant le mois qui entoure la floraison. Il lui faudra donc de l’eau rapidement, tout comme pour les pommes de terre. La betterave pourrait bien être la culture capable de tirer le mieux son épingle du jeu dans ce type de circonstances.
Quant aux productions fourragères, si l’herbe sur pied présente une teneur en matière sèche significativement plus élevée qu’en année normale, des apports réguliers en eau sont plus que nécessaires. Pour combler le déficit en production fourragère, on observe d’ailleurs une forte demande pour des mélanges fourragers à semer après pois, escourgeon, froment.