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Le panais, une alternative pour la vente en circuit court

À côté des classiques cultures de carottes destinées à la vente en circuit court, nous pouvons cultiver le panais. Ces deux espèces sont de la même famille. Plusieurs similitudes de techniques culturales permettent de coordonner certaines façons.

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Après quelques décennies d’oubli, le panais revient dans la gamme des légumes demandés. Son intérêt est double : une grande richesse de saveur et une bonne rusticité à l’hiver. Nous pouvons le cultiver en plein air pour en disposer de la fin de l’été jusqu’à la fin de l’hiver. Lorsque la surface sous serre n’est pas limitée, nous pouvons aussi en semer quelques buttes afin d’étaler la récolte sur une plus longue période.

Le sol

Le panais se développe mieux sur un sol sans fumure organique récente. Une parcelle fumée par un apport de fumier ou de compost 2 ou 3 ans plus tôt est parfaite. C’est un point commun avec la carotte. Notons que l’excès d’azote favorise l’excès de développement des feuilles au détriment des racines.

Pour l’obtention de racines longues et pour faciliter la récolte, il est préférable de cultiver le panais sur buttes. Le sol doit être décompacté sur au moins une vingtaine de cm pour obtenir un beau développement racinaire.

La fertilisation peut être calculée sur des bases comparables à la carotte. En sol bien fumé habituellement dans la rotation, nous pouvons presque faire l’impasse sur l’azote et en tout cas rester en dessous de 60 U/ha. Pour le phosphore, l’implantation assez tardive en saison permet à la plupart des sols d’en libérer suffisamment sans apport spécifique à la culture. Pour le potassium et le magnésium, des apports de l’ordre de 200 U et de 30 U sont indicatifs en sols déjà bien pourvus.

Les variétés

Les variétés sont des lignées comme Hollow Crown, Demi-long de Guernesey ou Hablange Weisse. Les hybrides F1 sont préférés pour avoir une meilleure régularité des racines, la présentation à la vente et le rendement. Pacific F1 et Palace F1 conviennent bien en plein air et sous protection (voile ou tunnel). Panorama F1, Pearl F1, Pegasus, Phantom F1 et Picador F1, entre autres, conviennent bien en plein air.

Le semis

C’est une étape critique de la culture du panais, pour deux raisons : la faculté germinative et la structure du sol.

Les semences ne gardent pas longtemps leur capacité germinative. Les semences de première année germent généralement bien. La seconde année, la germination est moins bonne, au-delà, elle devient aléatoire. Nous devons ajuster nos commandes pour disposer de semences de première année.

La germination est lente et a besoin de chaleur. La germination prend du temps. Pendant toute cette durée, la graine doit rester en contact franc avec le sol humide. Si le sol se déssèche fortement en surface, la germination risque d’être interrompue et affaiblie. Des arrosages lors de longues périodes sèches sont nécessaires. La qualité de préparation du lit de semis, le réglage du semoir et surtout le plombage de la graine sont importants.

La température optimale de développement est de 15 à 18ºC. Chez nous, il faut souvent attendre la dernière semaine de mai pour avoir de telles températures dans le sol en plein air. Les semis plus précoces peuvent être réalisés en prenant la précaution de semer sous voile ou de semer à une densité supérieure pour tenter de compenser une levée moins complète. Sous abris, le semis peut se faire deux mois plus tôt, en semant à 4 cm entre graines.

Le minimum est 5ºC pour la croissance.

En cas de semis de juin, le panais peut suivre une autre culture récoltée précocement, une laitue ou un épinard par exemple.

La racine pivotante se développe bien si le sol est meuble, c’est important.

Le sol est préparé très finement sur les deux premiers cm de profondeur, c’est nécessaire pour avoir une possibilité de contact franc entre la semence et la terre.

Le sillon de semis fait à 1 cm de profondeur. Le contact entre la graine et le sol doit être intime, c’est une des clés de la réussite. Nous tassons bien la graine contre le sol dans le sillon de semis dans la ligne de semis (plombage).

En fonction de la température du sol, la levée est possible en une dizaine de jours, mais elle peut s’étaler sur plus d’un mois.

La racine est massive, elle reste bien conique si le travail du sol a été soigné.
La racine est massive, elle reste bien conique si le travail du sol a été soigné.

Le semis sur butte

Nous préparons les mêmes buttes que pour les carottes. Il est important que la butte soit bien rassise, bien appuyée pour permettre une bonne remontée capillaire de l’eau et disposer d’un sol sans cavités.

Sur une butte, nous semons deux lignes distantes de 15 cm et à une distance de 8 cm entre deux graines. Le panais destiné à la récolte tardive est semé sur une seule ligne par butte, à la même densité sur la ligne.

Désherbage, entretien

L’entretien de la culture est surtout délicat lors des 6 à 8 premières semaines, tant que la levée et le repérage des lignes de semis sont difficiles. Ensuite, le feuillage ample du panais couvre bien le sol et permet de bien concurrencer les plantes adventices.

Le semis relativement tardif permet de réaliser un ou deux faux-semis. C’est l’idéal, d’autant que les buttes déjà confectionnées vont bien se rasseoir ; la réussite de la levée sera meilleure.

Plusieurs herbicides sont homologués en culture conventionnelle de panais en plein air.

En préémergence :

contre les graminées et les dicotylées : aclonifen ;

contre les dicotylées : metamitrone, pendimethaline.

En postémergence :

contre les graminées, propaquizafop, clethodime, fluazifop-P-butyl, quizalofop-P-tefuryl, quizalofop-P-ethyl, flumioxazine ;

contre les graminées et les dicotylées : prosulfocarbe ;

contre les dicotylées : pendimethaline.

La récolte

La récolte peut se faire progressivement en fonction des ventes. Les racines se dessèchent assez vite en perdant leurs qualités de présentation commerciale. Dès la récolte, les racines sont protégées du soleil et si possible entreposées au frigo à une température proche de 1ºC.

La récolte des racines peut s’étaler sur les mois d’hiver. La racine résiste très bien à des températures de -5ºC.

La racine se conserve facilement au champ pour autant que le sol soit drainant et que les ravageurs comme les campagnols et les limaces ne soient pas nombreux.

Lorsque les racines sont récoltées, elles se déshydratent assez vite. Elles seront commercialisées rapidement ou mises en frigos.

Le feuillage du panais est ample et couvre bien le sol en le maintenant propre.
Le feuillage du panais est ample et couvre bien le sol en le maintenant propre.

Maladies et ravageurs

La culture présente des sensibilités aux maladies et aux ravageurs assez proches de celles de la carotte.

La mouche de la carotte peut provoquer des altérations de la racine. Les carottes sauvages et autres plantes de haies sont des foyers potentiels. Les semis de mai sont les plus vulnérables.

La brûlure du feuillage (Alternaria daucy) peut provoquer des nécroses du feuillage, mais surtout en cas d’arrosages de la culture le soir.

L’oïdium se développe à partir de fin-août, lorsque la période d’humectation du feuillage devient plus longue du soir au matin.

Les pucerons sont à surveiller sur les plantes semées en serres. En plein air, ils sont moins un problème suite à l’intervention des auxiliaires.

Possibilités

Sans vouloir emblaver de grandes surfaces, le maraîcher orientant ses ventes vers le circuit court peut envisager le semis de panais pour la vente du milieu de l’été au début du printemps et même plus loin dans le temps s’il dispose d’espace frigorifique.

Le semis est un facteur technique limitant, n’utilisons que des semences d’un an sur des sols préparés impeccablement.

La culture exporte assez bien de potassium et cet élément est essentiel pour le comportement de la culture en période estivale sèche. La teneur du sol doit être bonne initialement.

Le désherbage est géré de manière assez similaire à la carotte, en bio ou en conventionnel ; dans ce dernier cas, vérifions l’homologation sur fytoweb.be.

Le respect d’une rotation de 6 ans avec d’autres cultures d’Apiacées permet d’éviter pas mal de problèmes.

Comme pour la carotte, la culture industrielle de panais est une possibilité en ferme disposant de surfaces importantes.

F.

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