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Le pois mangetout: une production qui arrive tôt en saison

Le pois mangetout répond à une demande de niche et permet de proposer un produit frais tôt en saison. Bien que de surfaces limitées et réduite en saison au tout début du printemps, cette production est la bienvenue, alors que les autres cultures printanières n’en sont encore qu’à leur début.

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Les variétés traditionnelles n’ont pas fait l’objet de recherches de sélection intenses comme pour les pois à écosser. Il existe des variétés naines, demi-naines et à rames, ces dernières sont maintenant conduites sur filets pour faciliter la cueillette.

La plante

Les grains des variétés mangetout sont grisâtres, ils peuvent être ridés ou lisses. Les grains lisses sont plus riches en amidon et moins riches en sucres.

Les premières fleurs apparaissent vers le 10e nœud, 2 mois après le semis des variétés précoces.

Juste avant l’initiation florale, le pois peut supporter des gelées de – 5ºC, voire plus froides encore pour certaines variétés. À partir de l’initiation florale (stades 9e ou 10e nœud) la sensibilité au froid change : à partir de – 1ºC, des pertes de primordia sont déplorées sur les nœuds florifères. À la floraison, les dommages dus au gel sont sérieux également. Notons qu’à ce stade, des températures maximum quotidiennes supérieures à 25-30ºC bloquent la croissance du pois en limitant ainsi le nombre d’étages florifères. La lumière influence également la poursuite de la floraison.

Lors de la floraison, de fortes pluies peuvent aussi provoquer la coulure (absence de fécondation).

Le pois est autogame, les variétés lignées sont très stables. Les gousses des variétés mangetout sont dépourvues de parchemin. En vieillissant, elles produisent un fil. La forme de la gousse est un caractère typique de chaque variété (forme droite ou arquée, aspect de la pointe).

Une faible demande en minéraux

Le pois est exigeant quant au pH du sol : idéalement entre 6 et 6,5.

Les besoins en éléments minéraux sont peu importants en comparaison avec ceux d’autres cultures maraîchères, mais ces éléments doivent être disponibles rapidement (en 4 mois pour les premiers semis, 3 mois pour les suivants).

Des quelque 140 unités d’azote, les gousses en exporteront les 2/3 et la moitié des 110 kg de K2O.

Les carences en bore et en manganèse sont parfois constatées en sols fraîchement et abondamment chaulés.

En sols maraîchers, les teneurs en azote à la sortie de l’hiver sont le plus souvent suffisantes pour couvrir les premiers besoins de la culture jusqu’à la prise de relais par l’azote capté par les nodosités.

Remarque  : le pois est associé à Rhizobium leguminosarum et le haricot à R.phaseloi .

De fin février à avril

À condition que le sol soit suffisamment ressuyé pour le permettre, nous pouvons le semer tôt. Il germe bien dès 5ºC, ce qui est possible dès la fin de l’hiver. Les semis peuvent s’échelonner dès fin février-début mars jusqu’en avril, bien que l’intérêt pour la vente directe soit surtout orienté vers les premières cultures. La parcelle est alors libérée en juin et peut accueillir de nombreuses autres cultures.

Les grains des variétés mangetout sont grisâtres, ils peuvent être ridés 
ou lisses. Les grains lisses sont plus riches en amidon 
et moins riches en sucres.
Les grains des variétés mangetout sont grisâtres, ils peuvent être ridés ou lisses. Les grains lisses sont plus riches en amidon et moins riches en sucres. - F.

Attention à l’asphyxie du sol !

La structure du sol doit être impeccable. Le profil doit être décompacté sur au moins 25 cm de profondeur. Le lit de semis affiné et légèrement grumeleux sur 5 cm laisse des mottes en surface pour prévenir la battance. C’est facile à écrire, mais plus difficile à mettre en œuvre, d’autant que nous semons tôt en saison.

La confection de billons surélevés l’année précédente permet de ne laisser que la deuxième façon à réaliser juste avant le semis et améliore le drainage. Cette méthode permet aussi d’éviter les tassements dans la zone semée.

En sols asphyxiants, la croissance et la ramification sont fortement handicapées et les maladies liées au sol sont favorisées.

Le pois est très sensible à l’asphyxie du sol, surtout au début de la culture. Des pluies abondantes et battantes peu après le semis peuvent perturber la levée et l’installation de la culture. En sol battu en surface, les échanges gazeux entre l’atmosphère du sol et l’air sont réduits ce qui empêche le bon fonctionnement des bactéries fixatrices d’azote.

Le semer et l’entretenir

Nous visons une population de 40 à 80 plantes/m². Nous semons à 3 cm de profondeur et prenons soin d’assurer la couverture des graines en début et fin de ligne pour limiter l’attractivité envers les oiseaux

Nous pouvons biner quand les pois ont 10 cm de hauteur et biner et butter légèrement au stade 4 feuilles.

La pose d’un voile de forçage après le semis permet de gagner un peu de chaleur et donc de précocité de la floraison. Le plus grand avantage est la diminution des dégâts d’oiseux. Le voile est enlevé quand les pois ont un peu plus d’une dizaine de centimètres de hauteur.

Les variétés demi-naines sont conduites sur filets verticaux de 1,2 de hauteur soutenus par des piquets reliés entre eux par un fil de fer d’accrochage.

Les tiges de pois qui dépassent le filet peuvent être étêtées pour améliorer la précocité de la récolte.

Dans nos conditions belges, nous ne prévoyons généralement pas d’irrigation si tôt en saison.

Récolter en grains fins

La cueillette des pois se fait en 3 ou 4 passages successifs au stade « grains fins ». les gousses sont très sensibles à l’échauffement et ne se conservent pas ou seulement quelques jours en frigo à 0ºC.

Désherbage

Le « mangetout » est cultivé le plus souvent sur des surfaces modestes dans les fermes maraîchères diversifiées. Le désherbage est alors limité aux binages et légers buttages.

Il existe de nombreuses homologations d’herbicides chimiques utilisables en cultures industrielles ou maraîchères. Voir fytoweb : http ://fytoweb.be/ en faisant attention à la rémanence, en maraîchage, les cultures se succèdent rapidement les unes après les autres.

Les maladies et ravageurs

Plusieurs champignons de sol peuvent être favorisés par une rotation trop courte (< 5 ans), le manque de drainage ou l’asphyxie du sol (battance) : Pythium spp., Rhizoctonia solani, Fusarium solani et F. oxysporum pisi, Thielavopsis spp.

Sur le feuillage et les gousses, plusieurs champignons peuvent amener des maladies du feuillage : l’anthracnose, le mildiou, la pourriture grise, la pourriture blanche et l’oïdium. En conditions de culture très précoces comme c’est généralement le cas en pois mangetout, c’est le mildiou (Peronospora pisi ) et la pourriture grise ( Botrytis cinerea ) que nous rencontrons, le premier favorisant le second. Le mildiou se transmet au départ du sol et des débris de culture. Une attention particulière est portée sur l’importance de l’hygiène des supports de culture ayant déjà servi à tuteurer des pois. D’autre part, la culture sur support vertical est favorablement bien aérée, ce qui est une bonne méthode de lutte préventive contre les maladies foliaires.

Les ravageurs les plus redoutés sont les pigeons . Les voiles de culture apportent une certaine protection aux stades jeunes. Les effaroucheurs (leurres) et les détonateurs apportent quelques effets également.

Notons que les insectes n’amènent généralement pas de dégâts importants en pois mangetout.

F.

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